Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, IV.djvu/81

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traits de leurs propres affaires, pour s’occuper sans cesse à s’assembler, à disputer et à se dissoudre pour s’assembler, disputer et se dissoudre encore ; chaque citoyen mettant à ses demandes une importance digne de l’animadversion publique ;

2o Que ce pouvoir négatif ne pouvait résider que dans les chefs qui ont mérité par leur sagesse reconnue le choix de tous leurs concitoyens ;

3o Que si ces chefs pouvaient en toute circonstance mettre au néant les représentations de leurs concitoyens, ils disposeraient despotiquement des lois, de la constitution et de la liberté nationales. Ce qui n’était pas sans inconvénient, malgré le peu de vraisemblance que des hommes sages, des magistrats annuels se portassent à des excès tyranniques, même dans le cas où ils seraient juges et parties ;

4o Qu’il y avait donc un tempérament à prendre, et que ce tempérament était si simple, qu’il était surprenant qu’avec un peu de bonne foi, il ne se fût présenté à aucun des deux partis ;

5o Que ce tempérament, c’est que, puisque toute représentation ne peut être portée au tribunal du peuple ni mise au néant par les chefs sans quelque inconvénient, il conviendrait qu’on en estimât l’importance sur le nombre des représentants, qu’on exigerait tel, qu’il y aurait la plus grande probabilité qu’une demande souscrite par tant de citoyens ne serait ni folle ni ridicule, et qu’un esprit factieux réussirait très-rarement à se concilier la quantité d’adhérents nécessaire pour que les chefs ne pussent pas mettre la représentation au néant. Dans un pays où il n’y a aucune puissance qui puisse statuer définitivement sur la folie ou la sagesse d’une représentation, le seul moyen qui reste, c’est de compter les voix, d’autant plus que je ne vois pas un grand inconvénient à s’assembler une fois tous les dix ans pour une sottise, et qu’il n’en est pas de même à s’endormir sur une chose importante ;

6o Que ce règlement de porter au conseil souverain du peuple les représentations souscrites par un certain nombre de citoyens n’empêcherait pas les chefs de la république de faire examiner au même conseil les représentations signées par un nombre de citoyens insuffisant et moindre que celui que la loi