Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, V.djvu/274

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nelle. Sur ces entrefaites, Gessner lui fit demander, comme une faveur, quelques pages pour accompagner la traduction de ses Nouvelles Idylles. Il lui donna les deux morceaux qui furent insérés en tête des Contes moraux et Nouvelles Idylles de MM. D… et Gessner (Zuric, chez Orel, Gessner, Fuessli et Cie, 1773, petit in-8o), sous ce titre : Contes moraux de M. D… Ils ont été souvent réimprimés.

Voici ce que dit à ce sujet Gessner, dans la préface de l’édition in-4o ornée de frontispice, figures, en-têtes et culs-de-lampe gravés à l’eau-forte par lui-même (1773, iv, 184 pages. Zuric, chez l’auteur) :

« Les premiers ouvrages de M. Gessner ont été reçus si favorablement dans les païs étrangers et surtout en France, qu’il ne s’intéresse pas moins à la traduction[1] de celui-ci qu’à l’original même…

« M. Gessner a communiqué son projet aux amis qu’il a à Paris, et particulièrement à M. D…, dont l’approbation lui a toujours été si précieuse. Cet homme célèbre a eu la bonté de lui envoyer en manuscript les deux contes moraux qui précèdent la traduction des Nouvelles Idylles. M. Gessner se trouve heureux de pouvoir offrir à la France un présent qu’elle recevra sans doute avec plaisir et qui sera le monument d’une amitié que la seule culture des lettres a fait naître entre deux hommes que des contrées éloignées ont toujours tenus séparés. »

Dans la préface de l’édition des Idylles de Gessner, illustrées par Moreau (1795), Renouard dit qu’il a pu corriger sur les manuscrits annotés par Diderot, et qui étaient en sa possession, le texte des Deux Amis de Bourbonne et de l’Entretien d’un père et de ses enfants.

C’est de ces deux contes que l’abbé de Vauxcelles, dont nous avons déjà parlé (Notice du Supplément au voyage de Bougainville), disait qu’ils faisaient au milieu des Idylles de Gessner l’effet « de satyres parmi des nymphes ! »

Disons, par contre, que Gœthe, dans ses Mémoires, constate que les Deux Amis firent une vive impression dans le petit cercle des étudiants allemands, à Strasbourg, où il était alors. « Nous fûmes ravis, dit-il, de ses braves braconniers, de ses vaillants contrebandiers, canaille poétique, qui ne tarda pas à venir faire des siennes sur le théâtre allemand : » dans les Brigands de Schiller d’abord.

Nous recommanderons, comme complétant ce que nous avons pu dire à propos de l’annexe de la Religieuse, l’annexe des Amis de Bourbonne « : Et puis, il y a trois sortes de contes… »

  1. C’était Meister le traducteur.