Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, V.djvu/384

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assez, c’est ne rien faire. Je m’en tiendrai au même genre dans mes notes sur le Neveu de Rameau, que je dicte en ce moment ; cela me sera d’autant plus facile que le texte est de nature à supporter des remarques épicées. Par la même occasion, je pourrai dire beaucoup de choses sur la littérature française, que jusqu’ici nous avons traitée avec trop de roideur, soit que nous l’ayons envisagée comme notre modèle ou comme notre adversaire.
Goethe.
GOETHE À SCHILLER.
Weimar, le 20 avril 1805.

Les notes sur le Neveu de Rameau m’ont poussé dans le domaine de la musique ; comme ce domaine ne m’est pas trop familier, je me bornerai à y tracer quelques lignes principales, puis j’en sortirai le plus tôt possible.

Goethe.


GOETHE À SCHILLER.
Weimar, le 20 avril 1805.

Voici le reste des notes sur le Neveu de Rameau. Ayez la bonté de les lire et de les envoyer ensuite à l’éditeur, à Leipsick. Si toutes les œuvres de l’homme n’étaient pas, en définitive, des œuvres improvisées, je ne serais pas sans inquiétude au sujet de ces annotations rédigées si vite. Ma plus grande consolation est que je puis dire : Sine me ibis, liber ! car je n’aimerais pas à me trouver de ma personne dans tous les lieux où parviendra ce livre.

Goethe.
GOETHE À SCHILLER.

Ayez l’obligeance de supprimer l’article Le Mierre, dans les notes que je vous ai envoyées. Je viens de m’apercevoir que j’ai fait une confusion de personnes.

Goethe.
SCHILLER À GOETHE.
Weimar, le 24 avril 1805.

Vos notes se lisent avec beaucoup de plaisir, même indépendamment du texte, sur lequel elles jettent une vive lumière. Vos observations générales sur le goût français, sur les acteurs, sur le public, et accessoirement sur notre Allemagne, sont aussi heureuses, aussi excellentes que vos articles de détail sur la musique et les musiciens, sur Palissot et autres, sont instructifs et bien appropriés à l’ouvrage commenté. La lettre de Voltaire à Palissot et le passage de J.-J. Rousseau sur Rameau font également très-bonne figure.

J’ai trouvé peu de remarques à faire, et encore ne se rapportent-elles qu’à l’expression ; j’excepte un seul petit passage, à l’article Goût, qui n’est pas parfaitement clair pour moi. En un mot, ces notes sont si bien finies que je vous demande si je ne dois pas les mettre à la poste dès demain.

J’ai trouvé quinze articles du plus haut intérêt ; la moitié eût suffi pour justifier les notes ; je pense qu’elles formeront au moins trois feuilles d’impression ; cela s’appelle doter richement une traduction.

Schiller.