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Scène V.


MONSIEUR HARDOUIN, MONSIEUR DE CRANCEY.
Monsieur de Crancey, en bottes fortes et le fouet à la main.

On a une peine du diable à pénétrer jusqu’à vous ; c’est pis que chez un ministre ou son premier commis ; savez-vous qu’il y a deux heures que j’écume de rage dans cette antichambre ? Avez-vous reçu ma lettre ?

Monsieur Hardouin.

Oui ; et vous avez reçu ma réponse ?

Monsieur de Crancey.

Non.

Monsieur Hardouin.

Comme vous voilà ! On vous prendrait pour un postillon.

Monsieur de Crancey.

C’est que je le suis devenu, et que j’en ai fait l’apprentissage pendant quatre jours.

Monsieur Hardouin.

Je suis un peu obtus, je ne vous entends pas.

Monsieur de Crancey.

Je le crois. Mon ami, je vous ai prévenu que madame de Vertillac qui m’estime et qui m’aime, et qui me refuse opiniâtrement sa fille dont je suis aimé, dans le dessein absurde de rompre cette passion…

Monsieur Hardouin, ironiquement.

Qui ne finira qu’avec votre vie et celle de sa fille.

Monsieur de Crancey.

Assurément… l’emmenait à Paris.

Monsieur Hardouin.

Après ?

Monsieur de Crancey.

Ah ! vous n’avez jamais aimé, puisque vous ne devinez pas le reste.