Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/206

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Monsieur Poultier.

Qu’est-ce qu’il y a ?

Monsieur Hardouin.

Cette confidence au ministre…

Monsieur Poultier.

Vous chiffonne, je le conçois, mais elle est indispensable.

Monsieur Hardouin.

Vous croyez ? (Il sourit.)



Scène IV.


MONSIEUR HARDOUIN.

Et voilà comment il faut s’y prendre quand on veut obtenir. Je n’avais qu’à dire à Poultier : « Cette femme ne m’est rien. Je ne la connais que d’hier ; je l’ai rencontrée, en courant le monde, chez des personnes qui s’y intéressent. On sait que je vous connais, on a pensé que je pourrais quelque chose pour elle. J’ai promis de vous en parler, je vous en parle, voilà ma parole dégagée. Faites du reste ce qui vous conviendra, je ne veux ni vous compromettre, ni vous importuner ; » Poultier m’aurait répondu froidement : « Cela ne se peut… » Et nous aurions parlé d’autre chose… Mais madame Bertrand approuvera-t-elle le moyen dont je me suis servi ? Si par hasard elle était un peu scrupuleuse… Je l’oblige, il est vrai, mais à ma manière qui pourrait bien n’être pas la sienne… Au demeurant que ne s’en expliquait-elle ? Ne lui ai-je pas exposé mes principes, ne lui ai-je pas demandé, ne m’a-t-elle pas permis de me rendre son affaire personnelle ? Qu’ai-je fait de plus ?… Si Poultier pouvait m’envoyer ou plutôt m’apporter le brevet avant le retour de la veuve… La bonne folie qui me vient !… J’arrive ici pour y faire une pièce, car madame de Chepy comptait me chambrer tout le jour et peut-être toute la nuit ; elle avait bien pris son moment !… À propos, il faut envoyer chez Surmont pour savoir où il en est ; je ne voudrais pas que la fête manquât.