Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, VIII.djvu/228

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Madame de Vertillac.

Et c’est sur une grande route ! dans un lit d’auberge !…

Mademoiselle de Vertillac.

Maman, me permettriez-vous de parler ?

Madame de Vertillac.

Non, mourez de honte et taisez-vous.

Monsieur de Crancey.

Madame…

Madame de Vertillac.

Vous, monsieur, parlez, arrangez bien votre roman, mentez, mentez encore, mais songez que j’ai de quoi vous confondre. Approchez, reconnaissez-vous cette écriture ?

Monsieur de Crancey.

C’est celle d’Hardouin.

Madame de Vertillac.

Et cette lettre ?

Monsieur de Crancey.

Je ne sais de qui elle est.

Madame de Vertillac.

Vous ne l’avez point écrite ?

Monsieur de Crancey.

Non.

Madame de Vertillac.

Mais on y parle en votre nom, mais elle est signée de vous.

Monsieur de Crancey.

J’en conviens, (À part.) Il y a de l’Hardouin dans ceci.

Madame de Vertillac.

Ma fille, regardez-moi, regardez-moi fixement… Malheureuse enfant, avoue, avoue tout, jette-toi à mes pieds, demande grâce. Hélas ! je n’ai que trop bien appris à connaître la subtilité de ces serpents-là ; l’excuse de ta faiblesse est au fond de mon cœur.

Mademoiselle de Vertillac.

Maman, que je sache du moins l’aveu que vous attendez : interrogez votre fille, elle est prête à vous répondre.

Madame de Vertillac.

Quoi ! vous n’avez pas cédé… Tenez, lisez, lisez tous deux…