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AVERTISSEMENT


DU


VIIIe VOLUME DE L’ENCYCLOPÉDIE


1765




Les sept premiers volumes de l’Encyclopédie commencent par un Avertissement, qui était d’abord intitulé Avertissement des éditeurs, mais qui à partir de 1765 ne fut plus qu’un simple Avertissement. D’Alembert s’était retiré ; Diderot était resté seul et il lançait d’un même coup les dix derniers volumes du texte et cinq volumes de planches. L’œuvre était presque achevée, sauf les volumes de planches dont il devait continuer à diriger l’exécution. Il pouvait crier : Terre ! et c’est ce qu’il fait ici. Cet Avertissement est le seul qui lui appartienne en propre. Les autres, entre autres celui du troisième volume qui est fort important et auquel il a dû collaborer, ont été recueillis dans les Œuvres de d’Alembert.

Lorsque nous commençâmes à nous occuper de cette entreprise, nous ne nous attendions qu’aux difficultés qui naîtraient de l’étendue et de la variété de son objet ; mais ce fut une illusion passagère, et nous ne tardâmes pas à voir la multitude des obstacles physiques que nous avions pressentis s’accroître d’une infinité d’obstacles moraux auxquels nous n’étions nullement préparés. Le monde a beau vieillir, il ne change pas ; il se peut que l’individu se perfectionne, mais la masse de l’espèce ne devient ni meilleure ni pire ; la somme des passions malfaisantes reste la même, et les ennemis de toute chose bonne et utile sont sans nombre comme autrefois.

De toutes les persécutions qu’ont eues à souffrir dans tous les temps et chez tous les peuples ceux qui se sont livrés à la séduisante et dangereuse émulation d’inscrire leurs noms dans