Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/487

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fait ? Elle la prend, elle me la fait payer ce que j’en ai demandé, elle me la laisse et elle y ajoute cent pistoles de pension ; et il faut voir avec quelle attention, quelle délicatesse, quelle grâce tous ces bienfaits sont accordés. Me voilà donc heureux et complètement heureux ; et ce qui me convient beaucoup, j’ai l’obligation de mon bonheur à mon ami et à une souveraine qui a tout fait pour vous appeler auprès d’elle. C’est un peu de l’estime particulière qu’elle fait de vous qui aura réfléchi sur moi avec un penchant naturel à la bienfaisance. Si vous avez occasion d’écrire à cette cour, joignez, je vous prie, vos remerciements aux miens. Qu’on y voie que tous les honnêtes gens de ce pays-ci sont sensibles au choix qu’elle a fait de moi parmi ceux qui partagent ses grâces. Je vous salue et vous embrasse de tout mon cœur. Portez-vous mieux.


XXXII

À SUARD[1].
[1765.]

Je ne suis, mon cher ami, ni ingrat, ni paresseux, ni négligent ; mais je deviens fou. J’ai passé plus de temps à chercher ce maudit extrait de Montamy qu’il ne m’en aurait fallu pour le refaire à neuf. Pendant quinze jours que je n’en ai eu aucun besoin, je ne rencontrai pas autre chose sous mes yeux. Eh bien, il faut que le diable l’ait emporté. J’ai retourné et retourné dix fois, vingt fois et portefeuilles, et tiroirs, et cartons, inutilement. Nous n’avons plus qu’une ressource : c’est que peut-être il est parmi des papiers que je remis au domestique de M. de Montamy lorsqu’il m’apporta le livre. Je vous prie très-instamment d’y envoyer. Si l’extrait dont il s’agit se retrouve là, envoyez-le-moi. Je m’y mets sur-le-champ et vous serez satisfait. Bonjour, ayez

  1. Inédite. Sans date ni signature. Communiquée par M. Dubrunfaut.