Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XIX.djvu/494

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grande fortune qui l’ont déterminé. Il méprise l’or, il est âgé, et il a la fortune du sage ; mais il est entraîné par le talent et le désir de s’immortaliser par une grande et belle chose.

Il avait un état de maison tel qu’il convenait de l’avoir à un homme qui est dans l’aisance. À peine son voyage a-t-il été arrêté que tous ses effets ont été donnés, dissipés ou vendus.

M. le prince de Galitzin vous dira qu’il n’a réservé, du prix de la location de sa maison, qu’une pension annuelle très-modique qu’il faisait à une de ses parentes dont il est le bienfaiteur et le soutien.

On a disposé de la place qu’il occupait à la manufacture de Sèvres, et qui lui rendait deux mille quatre cents livres par an.

Il a renoncé à la place de professeur, aux grades académiques et aux honoraires qui y sont attachés.

Il avait seize cents livres de pension de la cour ; et il est d’autant plus incertain que ces seize cents livres lui restent, qu’on a refusé d’accepter, en payement d’un bloc de marbre qui lui avait été fourni, mille écus qu’on lui redevait sur cette pension.

Il a confié à un autre sculpteur, qui a bien voulu s’en charger, le soin d’achever à ses dépens la statue de saint Ambroise qu’il travaillait pour les Invalides.

Je n’entre dans tous ces détails que pour supplier Votre Excellence d’épargner à mon ami toutes sortes de regrets, de lui accorder votre protection entière, et de lui procurer un travail facile et un séjour heureux. Je mourrais de chagrin, si j’avais jamais à me reprocher les conseils que je lui ai donnés et les assurances que je lui ai faites. Vous avez à remplir avec mon ami toutes les promesses que je lui ai faites.

Le duc de Wurtemberg a permis que les deux statues qu’il avait entreprises pour lui, et qui étaient presque finies, appartinssent à Sa Majesté Impériale, à qui, soit dit sans offense, elles conviendraient beaucoup mieux. L’une représente la Souveraineté appuyée sur son faisceau, l’autre la Gloire qui entoure d’une guirlande un médaillon où l’image de Catherine sera très-bien placée.

Une troisième, qui montre une femme assise qui enveloppe d’un pan de sa robe des fleurs d’hiver, semble avoir été projetée pour la Russie. Les deux premières figures sont très-