Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/320

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nable. Mme Diderot est tout au service de la bonne amie ; elle n’a qu’à parler. Adieu, mon ami. Adieu, bonne amie. Conservez-moi toute votre affection, car la mienne ne cessera pas. Dites-moi que vous êtes souverainement heureux, elle par vous, vous par elle. Ah ! que je suis fâché de mes lettres perdues ! Tous vos amis se souviennent de vous ; car ils continuent de m’en parler et de m’en parler avec intérêt ; mais à condition toutefois que tu feras un mauvais cheval[1]. J’ai écrit un petit mot à monsieur le général, que je ne serais pas fâché que vous vissiez. Je prétends que les plis en godets, se remplissant d’eau, doivent faire éclater le marbre, fendre le bronze dans les grandes gelées, Voyez, mon ami, si le climat n’exige pas des précautions pour la conservation des statues[2], et plus encore pour celle des tableaux. Je n’entends pas comment ceux-ci peuvent résister vingt ans aux vicissitudes de l’atmosphère chaud, froid, humide, et tout cela à l’extrême. Je ne vous jette qu’un mot là-dessus, parce qu’il n’en faut pas davantage à un penseur. Adieu, encore une fois, mes amis, aimez-vous comme de petits enfants, et apprenez-moi incessamment le massacre de cinquante ou soixante mille Turcs, si vous voulez me faire sauter de joie. Je vous chéris de toute mon âme et vous embrasse de tout mon cœur.


Ce 20 mai 1709.


XXI


Vous jetez les hauts cris, mon ami, et vous avez tort. Je vous ai écrit dix fois depuis deux ou trois mois, mais je vois que ces lettres ont eu le même sort que celles que j’ai adressées à monsieur le général.

Je vous salue et vous embrasse de tout mon cœur.

  1. Quels amis ! (Note de Falconet.)
  2. On ne devinerait pas que Diderot parle à un statuaire actuellement en Russie. (Note de Falconet.)