Page:Diderot - Œuvres complètes, éd. Assézat, XVIII.djvu/496

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jours après, de me donner le baiser que j’aurais reçu ; je ne veux pas le perdre. Toujours commémoration de moi à madame votre mère et à madame votre sœur.

Voilà cette lettre, vraie ou supposée, du roi de Prusse au marquis d’Argens qui fait ici tant de bruit. Il est sûr qu’elle est de son style ; mais cette preuve suffira-t-elle contre un grand nombre d’autres qui semblent constater la supposition[1] ? Si vous faites de la politique, voilà un excellent sujet.

Je ne saurais m’en aller. Si je restais demain jusqu’au soir, j’aurais une lettre de vous. Combien ce voyage me peine ! Adieu. Ma première sera datée du Grand val, et peut-être sera-t-elle un peu moins vide que les précédentes, grâce à la compagnie que je vais trouver.


P. S. On reconnaîtra peut-être à l’écriture d’où vient cette lettre du roi de Prusse, et peut-être que le cœur en palpitera.

Il est certain que, sans m’en parler, il est enchanté de trouver de petites occasions de lui faire sa cour.

Il ne sait pas combien elle est fière, haute, difficile, capricieuse, peu sensible, peu passionnée, et tout le mal qu’il se prépare.

J’aimerais autant me prendre d’un sylphe ou d’un ange ou d’une idée honnête.


XLIV


Au Grandval, le 13 octobre 1760.


Pourquoi n’entends-je plus parler de vous ? Ah ! mon amie, la chère sœur est à côté de vous ; vous m’oubliez ; vous me négligez !

Je suis parti jeudi dans l’après-midi, pour me rendre au Grandval ; je l’avais bien deviné, qu’on ne m’y attendait plus

  1. Cette lettre, datée de Hermannsdorff, près de Breslau, le 27 août 1760, se trouve dans la Correspondance de Grimm du mois de septembre suivant.