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est le bâtis ou chassis dormant, C le battant de derriere du chassis à verre, & D le battant de devant, qui, avec celui qui lui est opposé, ferment à recouvrement l’un sur l’autre.

La fig. 54. est aussi un évantail fait d’une autre maniere que le précédent.

Les portes vitrées, fig. 55. sont aussi des portes qui servent d’entrée à des cabinets, garde-robes, &c. & qui servent en même tems à leur donner du jour. La différence de celle ci à la précédente, est que l’une prend son jour de l’intérieur des pieces pour le procurer dans celles de commodités, au-lieu que l’autre le prend directement des dehors. Elle est composée d’un chassis à verre A qui regne tout autour, dont l’inter valle est divisé de petits bois B, & la partie inférieure C, jusqu’à environ trois piés de hauteur, est divisée de panneaux C & de quadre D.

Des cloisons de menuiserie. Les cloisons de menuiserie servent comme toutes les autres à séparer plusieurs pieces les unes des autres, pour en faire des pieces purement de commodités. Si ces cloisons ont l’avantage de charger très-peu les planchers à cause de leur légéreté & de leur peu d’épaisseur, elles ont aussi pour cette raison l’inconvénient que d’une piece à l’autre l’on entend tout ce qui s’y passe ; c’est pourquoi on prend quelquefois le parti d’y faire un bâtis enduit de plâtre. Ces cloisons sont composées de plusieurs planches A bien ou peu dressées, & corroyées selon l’importance du lieu & la dépense que l’on veut faire, posées l’une contre l’autre, ou assemblées à rainure & languette, emboîtées dans une coulisse B en haut & en bas, & sur laquelle on pose de la tapisserie, lambris de menuiserie, &c.

Des jalousies. Les jalousies, fig. 57. servent de fermeture aux croisées, contribuent à la sûreté des dedans, à ne point ôter entierement le jour, & à empécher d’être apperçu des dehors. On les fait à un & à deux vanteaux, selon la largeur des croisées, & elles sont composées chacune d’un chassis A assemblé quarrément par des angles à tenon & à mortaile, d’une, deux ou trois traverses B assemblées aussi de même maniere, & de plusieurs planches C très-minces & très-étroites qu’on appelle lattes ou voliches, posées à trois ou quatre pouces de distance l’une de l’autre, & inclinées à-peu-près selon l’angle de quarante-cinq degrés.

Depuis peu l’on a imaginé, par le moyen d’une ferrure, d’incliner ces lattes ou voliches tant & si peu que l’on vouloit, & c’est ce qui a donné lieu à d’autres jalousies qui prennent toute l’épaisseur du tableau de la croisée, & qui s’enlevent toutes entieres jusqu’à son sommet. Ce n’est autre chose qu’une certaine quantité de pareilles lattes ou voliches dont la longueur est la largeur de la croisée, suspendues de distance en distance sur des especes d’échelles de forts rubans attachés par en-haut, sur des planches qui touchent au sommet du tableau de la croisée & qui y sont à demeure, sur lesquelles sont placées des poulies qui renvoyent les cordes avec lesquelles on les enleve, & de cette maniere on peut donner à ces voliches tant & si peu d’inclinaison qu’on le juge à-propos. Ces sortes de jalousies ne tiennent pas directement à la menuiserie, parce qu’elles sont composées de fer & de bois ; aussi toutes les especes d’ouvriers intelligens en font, & les font mieux les uns que les autres.

Des fermetures de boutique. La fig. 58. est une fermeture de boutique, composée de plusieurs planches A assemblées à clé ou à rainure & languette, avec une emboîture B par en-haut & par en-bas, & qui se brisent en plusieurs endroits selon la commodité des Commerçans. On les divise quelquefois comme les lambris de quadre & de panneaux, selon l’importance des maisons où elles sont placées.

Du parquet. La fig. 59. est un assemblage de menuiserie, appellé parquet, qui sert à paver ou, pour parler plus exactement, couvrir le sol des appartemens. Ce parquet est composé de plusieurs quarrés A, environnés chacun de quatre bâtis B, assemblés par leurs extrémités C, & à tenon & à mortaise. Chacun de ces quarrés A est divisé de plusieurs autres bâtis D croisés également, assemblés à tenon & à mortoise par leurs extrémités, & dirigés vers les angles du quarré. La distance de ces petits bâtis D se trouve remplie d’un autre petit quarré E, assemblé dans son périmetre avec les petits bâtis D à rainure & languette.

Cette forme de parquet la plus commune se fait ordinairement en bois de chêne, & est assez en usage en France pour rendre les appartemens plus secs & par conséquent plus salubres. On peut encore en taire de plusieurs autres manieres, & leur donner diverses formes telles que des cercles poligones, ou autres figures circonscrites ou inscrites autour, ou dans d’autres quarrés, cercles ou poligones, divisés aussi de bâtis de différentes formes. Ces sortes de parquets se font en bois de chêne seulement ou recouvert de marqueterie, c’est-à-dire, de bois précieux débité par feuilles très-minces, ouvrage relatif à l’ébenisterie.

Pour rendre les appartemens plus secs & plus sains, & éviter en même tems la dépense du parquet, on se sert de planches assemblées bout à-bout par leurs extrémités, c’est-à-dire, posées l’une contre l’autre, & à rainure & languette sur leurs longueurs, ce qu’on appelle planchéter. Cette maniere qui ne contribue pas moins que le parquet à la salubrité des appartemens, n’est pas si propre à la vérité, mais ne monte pas à beaucoup près à une si grosse dépense.

Tous ces parquets ou planchers se posent & s’attachent, avec des clous ou des broches[1], sur des lambourdes[2] d’environ quinze à dix-huit pouces de distance l’une de l’autre, dont l’intervalle se remplit de poussier de charbon de cendre ou de mâchefer[3], sur-tout dans les lieux humides, pour empêcher que cette même humidité ne fasse déjetter ces parquets ou planchers.

Observation sur les outils de Menuiserie. Il faut remarquer, avant que de parler des outils propres à la menuiserie, que dans tous les arts & professions les ouvriers se servent le plus souvent, & même autant qu’il est possible pour leurs outils, des matériaux qu’ils ont chez eux & qui semblent leur coûter peu : tels, par exemple, que ceux qui emploient le fer, les sont de fer ; ceux qui emploient le bois, comme les Menuisiers & autres, les font de bois, ce qui en effet leur coûte beaucoup moins & leur est aussi utile.

Des outils propres à la menuiserie. La fig. 60. est une équerre de bois, assemblée en A, à tenon & à mortaise faite pour prendre des angles droits.

La fig. 61. est aussi une équerre de bois employée aux mêmes usages, & appellée improprement par les Menuisiers triangle quarré, mais qui plus commode que la précédente, differe en ce que la branche A est plus épaisse que la branche B, & que par-là l’épaulement C posant le long d’une planche, donne le moyen de tracer l’autre côté B d’équerre.

La fig. 62. est un instrument aussi de bois, appellé fausse équerre ou sauterelle, fait pour prendre différentes ouvertures d’angles.

  1. Des broches sont des especes de cloux ronds, longs & sans tête.
  2. Des lambourdes sont des pieces de bois de charpente de 4 pouces sur 6 pouces de grosseur.
  3. Le mâchefer est ce qui sort des forges où l’on use du charbon de terre.