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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/390

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rit de poissons, & il plonge quelquefois sous les eaux, quoiqu’il ressemble par l’habitude du corps aux oiseaux terrestres, & qu’il ait les piés faits comme eux. Raii, Synop. meth. Voyez Oiseau.

Merle couleur de rose, merula rosea Aldrov. oiseau qui est un peu plus petit que le merle ; il a le dos, la poitrine & la face supérieure des aîles de couleur de rose ou de couleur de la chair. La tête est garnie d’une huppe ; les aîles, la queue & la racine du bec sont noires, le reste du bec est de couleur de chair ; les pattes sont d’une couleur jaune, semblable à-peu-près à celle du saffran. Cet oiseau se trouve dans les champs, & se tient sur le fumier. Raii, Synop. meth. avium. Voyez Oiseau.

Merle, Tourd, Rochau, merula, poisson de mer, assez ressemblant par la forme du corps à la perche de riviere ; il est d’un bleu noirâtre ; la couleur du mâle est moins foncée que celle de la femelle, & tire plus sur le violet. Ce poisson a la bouche garnie de dents pointues & courbes, il reste sur les rochers, & il se nourrit de mousse, de petits poissons, d’oursins, &c. Aristote dit que la couleur des merles devient plus foncée, c’est-à-dire plus noire au commencement du printems, & qu’elle s’éclaircit en été. Rondelet, Hist. des poiss. part. I. liv. VI. chap. v.

MERLETTE, s. f. dans le Blason, petit oiseau qu’on représente sans piés & même sans bec. On s’en sert pour distinguer les cadets des aînés. Il y en a qui l’attribuent en particulier au quatrieme frere. Voyez Différence.

MERLIN, s. m. terme de Corderie, est une sorte de corde ou aussiere composée de trois fils commis ensemble par le tortillement.

Le merlin se fabrique de la même maniere que le bitord, à l’exception qu’on l’ourdit avec trois fils, au lieu que le bitord n’en a que deux, & que le toupin, dont on se sert pour le merlin, doit avoir trois rainures. Voyez l’article Corderie.

MERLINER une voile, (Marine.) c’est coudre la voile à la ralingue par certains endroits avec du merlin.

MERLON, s. m. en Fortification, est la partie du parapet entre deux embrasures. Voyez Parapet & Embrasure. Ce mot vient du latin corrompu merula ou merla, qui signifie un crenau. Il a ordinairement 8 à 9 piés de long du côté extérieur du parapet, & 15 du côté de l’intérieur ou de la ville. Il a la même hauteur & la même épaisseur que le parapet. Chambers.

MERLOU, (Géog.) autrefois Mello, petite baronnie de France en Picardie, au diocese de Beauvais ; elle a donné le nom à l’illustre maison de Mello, & appartient présentement à celle de Luxembourg. Long. 20. latit. 49. 10. (D. J.)

MERLU, voyez Merle.

MERLUCHE, voyez Morue.

Merluche & Morue, (Diete.) voyez l’article particulier Poisson salé, sous l’article Poisson, (Diete.)

MERLUCLE, voyez Morue.

MERLUS, s. m. (Hist. nat. Ichthiol.) poisson qui se trouve dans la haute mer, il croit jusqu’à une coudée & plus ; il a les yeux grands, le dos d’un gris cendré, le ventre blanc, la queue plate, la tête allongée & applatie. L’ouverture de la bouche est grande, & la mâchoire inférieure un peu longue & plus large que la supérieure ; les deux mâchoires & le palais sont garnis de dents aiguës & courbées en arriere, il y a aussi au fond de la bouche & de l’œsophage des os durs & raboteux, l’anus est situé plus en avant que dans la plûpart des autres poissons. Le merlus a deux nageoires près des ouïes, deux un peu au-dessous & plus près de la bouche,

une longue qui s’étend depuis l’anus jusqu’à la queue, une sur le dos qui correspond à la précédente, & une plus petite placée près de la tête : il a sur les côtés du dos une ligne qui s’étend depuis les yeux jusqu’à la queue. Les merlus qui vivent dans l’eau pure en pleine mer ont la chair tendre & de bon goût, ceux au contraire qui restent dans les endroits fangeux, deviennent gluans & de mauvais goût. Le foie de ce poisson peut être comparé pour la délicatesse à celui du surmulet. Rondelet, Hist. des poiss. part. I. liv. IX. chap. viij. Voyez Poisson.

Merlus, laite d’un, (Science microscop.) M. Leeuwenhoek, après avoir observé la latte ou le semen d’un merlus vivant au microscope, en conclud qu’il contient plus d’animalcules qu’il n’y a d’hommes vivans sur la surface de la terre dans un même tems ; car il calcule que cent grains de sable faisant le diametre d’un pouce, il suit qu’un pouce cubique contiendroit un million de grains de sable ; & comme il a trouvé que la laite du merlus est d’environ quinze pouces cubiques, elle doit contenir quinze millions de quantités aussi grandes qu’un grain de sable ; mais si chacune de ces quantités contient dix mille de ces petits animaux, il doit y en avoir dans toute la laite cent cinquante mille millions.

Maintenant pour trouver avec quelque vraissemblance le nombre des hommes qui vivent sur toute la terre dans un même tems, il remarque que la circonférence d’un grand cercle est de 5400 milles de Hollande ; d’où il conclud que toute la surface de la terre contient 9,276,218 de ces milles quarrés ; & supposant qu’un tiers de cette surface ou 3,092,072 milles est une terre seche, & qu’il n’y a d’habité que les deux tiers de ce dernier nombre, ou 2,061,382 milles ; supposant encore que la Hollande & la Westfrise ont 22 milles de longueur & 7 de largeur, ce qui fait 154 milles quarrés, la partie habitable du monde sera 13,385 fois la grandeur de la Hollande & Westfrise.

Si l’on suppose à présent que le nombre des habitans de ces deux provinces est d’un million, & que les autres parties du monde soient aussi peuplées que celle-là, (ce qui est hors de vraissemblance), il y aura 13,385 millions d’ames sur toute la terre ; mais la laite de ce merlus contient 150,000 millions de ces petits animaux, elle en contient donc dix fois plus qu’il n’y a d’hommes sur la terre.

On peut calculer d’une autre maniere le nombre de ces petits animaux ; car l’auteur du Spectacle de la nature dit que trois curieux ont compté avec toute l’attention dont ils ont été capables, combien il entroit d’œufs d’une merlus femelle dans le poids d’une dragme, & ils se sont trouvés d’accord dans les nombres qu’ils avoient mis par écrit ; ils peserent ensuite toute la masse, & prenant huit fois la somme d’une drachme pour chaque once qui contient huit drachmes, toutes les sommes réunies produisirent le total de 9 millions 334 mille œufs.

Supposons maintenant (comme le fait M. Leeuwenhock par le semen masculinum des grenouilles) qu’il y a dix mille animaux petits dans la laite pour chaque œuf de la femelle, il s’ensuit que puisque la laite de la femelle s’est trouvée contenir neuf millions 334 mille œufs, la laite du mâle contiendra 93 mille 440 millions de petits animaux ; ce qui, quoique bien au-dessous du premier calcul, est toujours sept fois autant que toute l’espece humaine.

Pour trouver la grandeur comparative de ces petits animaux, M. Leeuwenhoek plaça auprès d’eux un cheveu de sa tête, lequel à travers de son microscope paroissoit avoir un pouce de largeur, & il trouva que ce diametre pouvoit aisément contenir soixante de ces animaux ; par conséquent leurs corps étant sphériques, il s’ensuit qu’un corps dont