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mirent à travailler à le commenter. Ce sont ces commentaires qui, avec le texte même ou la misna, composent leurs deux talmulds, c’est-à-dire celui de Jérusalem & celui de Babylone. Ils appellent ces commentaires la gemare ou le supplément, parce qu’avec eux la misna se trouve avoir tous les éclaircissemens nécessaires, & le corps de la doctrine traditionnelle de leur loi & de leur religion est par-là complet ; la misna est le texte, la gemare est le commentaire, & les deux ensemble font le talmud. La misna étoit déja écrite l’an 150 de Jesus-Christ, & le commentaire le fut environ l’an 300. Voyez Gemare & Talmud. (D. J.)

MISNIE, ou MEISSEN, en latin Misnia, (Géog.) province d’Allemagne avec titre de margraviat.

Elle est bornée au nord par le duché de Saxe & par la principauté d’Anhalt ; à l’orient par la Lusace ; au midi par la Boheme & la Franconie ; à l’occident par la Thuringe.

Elle fut anciennement habitée par les Hermundures, & ensuite par les Misniens ; ces derniers étant opprimés par des Sorabes, eurent recours aux Francs, qui les aiderent à recouvrer leur liberté ; mais pour la conserver plus facilement, ils s’unirent avec les Saxons, & donnerent le nom de Misnie au pays qu’ils occupoient. Ce pays fut érigé en margraviat en faveur de la maison de Saxe, & cette maison, après ou avoir été dépouillée plusieurs fois, est enfin rentrée dans l’ancienne possession de ce patrimoine.

La Misnie, telle qu’elle est actuellement, a 18 lieues de long sur 17 de large. Elle est fertile en tout ce qui est nécessaire à la vie ; mais ses principales richesses viennent de ses mines.

On la divise en huit territoires ou cercles ; savoir, le cercle de Misnie, le cercle de Leipsick, le cercle des Montagnes d’airain, le territoire de Weissenfels, le territoire de Mersebourg, le territoire de Zeittz, de Voigtland & l’Osterland, l’électeur de Saxe en possede la plus grande partie, & les autres princes de Saxe possedent le reste. Meissens en est la capitale, & Dresde la principale ville.

Parmi les gens de lettres nés en Misnie. il n’en est point qui lui fasse plus d’honneur que Samuel Puffendorf, l’un des savans hommes du xvij siecle, dans le genre historique & politique. On connoît son histoire des états de l’Europe, celle de Suede depuis Gustave Adolphe jusqu’à l’abdication de la reine Christine, & celle de Charles Gustave écrite en latin ; mais c’est sur tout son droit de la nature & des gens qui fait sa gloire. Il établit dans cet ouvrage, & développe beaucoup mieux que Grotius, les principes fondamentaux du droit naturel, & il en déduit par une suite assez exacte de conséquences, les principaux devoirs de l’homme & du citoyen, en quelqu’état qu’il se trouve. Il étend & rectifie tout ce qu’il emprunte du grand homme qui l’a précédé dans cette carriere, & s’écarte avec raison du faux principe de Grotius, je veux dire, de la supposition d’un droit de gens arbitraire, fondé sur le consentement tacite des peuples, & ayant néanmoins par lui-même force de loi, autant que le droit naturel. Enfin, l’ouvrage de Puffendorf est, à tout prendre, beaucoup plus vrai & plus utile que celui de Grotius. M. Barbeyrac y a donné un nouveau prix par sa belle traduction françoise, accompagnée d’excellentes notes. Cette traduction est entre les mains de tout le monde. Puffendorf mourut à Berlin en 1694, âgé de 63 ans. (D. J.)

MISPIKKEL, s. m. (Hist. nat.) nom donné par quelques minéralogistes allemands à la pyrite blanche, ou pyrite arsenicale. Voyez Pyrite.

MISQUITL, s. m. (Hist. nat. Bot.) arbre du Mexique, qui croît sur-tout sur les montagnes ; ses feuil-

les sont longues & étroites ; il produit des siliques

comme le tamarinde, remplies d’une graine dont les Indiens font une espece de pain. Les jeunes rejettons de cet arbre fournissent une liqueur très-bonne pour les yeux, l’eau-même dans laquelle on les fait tremper acquiert la même vertu. Ximenès croit que cet arbre est le cassia des anciens.

MISSEL, s. m. (Litur.) livre de messes, qui contient les messes différentes pour les différens jours & fêtes de l’année. Voyez Messe.

Le missel romain a d’abord été dressé par le pape Gelase, & ensuite réduit en un meilleur ordre par St. Gregoire le grand, qui l’appella sacramentaire, ou livré des sacremens.

Chaque diocèse & chaque ordre de religieux a un missel particulier pour les fêtes de la province ou de l’ordre ; mais conforme pour l’ordinaire au missel romain pour les messes des dimanches & fêtes principales.

MISSI DOMINICI, (Hist.) c’est ainsi que l’on nommoit sous les princes de la race carlovingienne, des officiers attachés à la cour des empereurs, que ces princes envoyoient dans les provinces de leurs états, pour entendre les plaintes des peuples contre leurs magistrats ordinaires, leur rendre justice & redresser leurs griefs, & pour veiller aux finances ; ils étoient aussi chargés de prendre connoissance de la discipline ecclésiastique & de faire observer les reglemens de police. Il paroît que ces missi dominici faisoient les fonctions que le roi de France donne aujourd’hui aux intendans de ses provinces. (—)

MISSILIA, s. m. pl. (Hist. anc.) présens en argent qu’on jettoit au peuple. On enveloppoit l’argent dans des morceaux de draps, pour qu’ils ne blessassent pas. On faisoit de ces présens aux couronnemens. Il y eut des tours bâties à cet usage. Quelquefois au lieu d’argent, on distribuoit des oiseaux, des noix, des dattes, des figues. On jetta aussi des dés. Ceux qui pouvoient s’en saisir alloient ensuite se faire délivrer le blé, les animaux, l’argent, les habits désignés par leur dé. L’empereur Léon abolit ces sortes de largesses qui entraînoient toujours beaucoup de désordre. Ceux qui les faisoient se ruinoient ; ceux qui s’attroupoient pour y avoir part, y perdoient quelquefois la vie. Les largesses véritables, c’est le soulagement des impôts. Donner à un peuple qu’on écrase de subsides, c’est le revêtir d’une main, & lui arracher de l’autre la peau.

MISSILIMAKINAC, (Géographie.) espece d’isthme de l’Amérique septentrionale, dans la nouvelle France ; il a environ 120 lieues de long, sur 20 de large. Les François y ont un établissement qui est regardé comme un poste important, à une demi-lieue de l’embouchure du lac des Illinois, & situé à environ 292 degrés de long. sous les 45. 35. de lat.

MISSIO, (Art. milit. des Rom.) c’est-à-dire, congé. Il y en avoit quatre sortes principales. 1°. Celui qui se donnoit à ceux qui avoient fini le tems ordinaire du service, qui étoit de dix ans, missio honesta. 2°. Celui qui se donnoit pour raison d’infirmité, missio causaria. 3°. Celui qui se donnoit pour quelque faute considérable, pour laquelle on étoit chassé ignominieusement, & déclaré indigne de servir, missio ignominiosa. 4°. Enfin le congé qui s’obtenoit par grace & par faveur, missio gratiosa. Voyez Congé. (D. J.)

MISSION, s. f. en Théologie, & en parlant des trois personnes de la sainte Trinité, signifie la procession, ou la destination d’une personne par une autre pour quelqu’effet temporel.

Cette mission suppose nécessairement deux rapports, l’un à la personne qui en envoie une autre, & le second à la chose que doit opérer la personne