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5°. Mont Aventin ; Tite-Live dit que le mont Aventin est au-delà de la porte Trigémine, c’est à-dire au-delà de l’ancienne enceinte de Rome. Denis d’Halicarnasse au contraire, le renferme dans l’enceinte de la ville : mais il est aisé d’accorder les deux historiens. L’historien latin ne renferme point dans la ville l’espace qu’occupoit le l omærium au-delà des murs ; l’historien grec pousse plus loin les bornes de Rome, & ne les termine qu’au-delà des murs qui enfermoient le mont Aventin, quand il commença d’être habité. Il reste à savoit d’où le mont Aventin fut ainsi nommé. L’opinion la plus vraissemblable, en rapporte l’origine à un des rois d’Albe nommé Aventinus, qui fut enterré sur cette montagne. Ce fut là le lieu où se plaça Rémus pour prendre des auspices ; & comme le succès n’en fut pas heureux, Romulus le négligea, & ne voulut point de son regne le renfermer dans Rome, ni le faire habiter.

La vallée qui séparoit le mont Palatin du mont Aventin, étoit plantée de myrtes, d’où la montagne même portoit le nom de mons myrteus. C’est peut être pour cette raison qu’au pié de la montagne il y avoit un temple consacré à Vénus, parce que le myrte est sous sa protection.

6°. Mont Esquilin, mons Esquilinus ; quelques-uns tirent l’origine de ce nom ab excubiis, de la garde que Romulus y fit faire pour s’assurer contre les soupçons qu’il avoit de la mauvaise foi de Titus Tatius, avec lequel il étoit entré en société du gouvernement. De-là, disent-ils, cette montagne fut appellée d’abord mons excubinus ; & ensuite par corruption, esquilinus. Ovide appuie cette étymologie. lib. III. Fast. C ; mont a été aussi nommé, mons Cespius, Oppius & Septimius, de quelques petites hauteurs particulieres qui étoient sur cette colline.

7°. Mont Viminal, mons Viminalis ; Servius Tullius l’enferma dans l’enceinte de Rome, ainsi que le mont Esquilin. Varron dit qu’il fut ainsi nommé à Jove viminæo, parce que Jupiter avoit des autels sur cette montagne, qui étoit couverte d’un bois pliant & propre à faire des liens, tels que sont l’osier, le saule & le bouleau.

8°. Mont Janicute ; cette montagne fut ainsi nommée, parce qu’anciennement c’étoit le passage par où les Romains entroient dans le pays des Hétrusques. D’autres disent que Janus qui l’avoit habitée, & qui y étoit enterré, lui avoit donné son nom. Le Janicule étoit placé au-delà du Tibre, & demeura long-tems sans être compris dans l’enceinte de la ville. C’étoit la plus haute montagne de Rome, & d’où l’on pouvoit mieux découvrir toute la ville. Pendant que le peuple romain étoit assemblé par centuries, on y tenoit des troupes rangées en bataille, pour la sureté de la republique contre la surprise des ennemis. (D. J.)

Montagne, le bailliage de la, (Géog.) petit pays de France, dans le gouvernement militaire de la Bourgogne, au nord de cette province, le long de la riviere de Seine. Il est enclavé dans la Champagne ; ses deux seules villes sont Châtillon & Bar-sur-Seine. Il a pris son nom des montagnes dont il est rempli. (D. J.)

Montagne de la Table, (Géog.) montagne d’Afrique dans la partie meridionale, au cap de bonne-Espérance. On lui a donnée ce nom, parce que son sommet est fort plat, quoique la montagne de la Table soit à une lieue du cap, sa hauteur fait qu’elle semble être au pié ; son sommet est une esplanade d’environ une lieue de tour, presque toute de roc & unie, excepté qu’elle se creuse un peu dans le milieu ; les vûes en sont très-belles. D’un côté, on découvre la baie du cap & toute la rade ; d’un au-

tre côté, s’offrent aux yeux les mers du Sud ; du

troisieme côté se voit le faux cap, avec une grande île qui est au milieu ; & du quatrieme côté, c’est le continent de l’Afrique, où les Hollandois ont plusieurs habitations admirablement bien cultivées. Au-dessous de la montagne, est bâti le fort des Hollandois pour leur sûreté. (D. J.)

Montagne des béatitudes, (Géog.) montagne de la Judée, aux environs de la tribu de Nephtali ; elle est séparée des autres, & s’éleve comme au milieu d’une plaine. La tradition veut que ce soit sur cette montagne, que Jésus-Christ fit ce beau sermon, qui contient toute la perfection du christianisme. (D. J.)

Montagne de l’Oiseau, (Géog.) ou mont S. Bernardin, par les Italiens monte di Uecello, & par les Allemands Vogelsberg, montagne du pays des Grisons dans le Rhinwald. Voyez Vogelsberg. (D. J.)

MONTAGNIAC, (Géog.) ville considérable d’Asie, en Natolie, dans la province de Bec-Sangil, sur la mer de Marmora. M. Vaillant prétend sur des inscriptions authentiques, trouvées sur les lieux, que Montagniac est l’ancienne Apamée. Pour se refuser à cette conjecture, il faut dire que les inscriptions qui l’autorisent, ont été transportées à Montagniac de quelque endroit voisin. Quoi qu’il en soit, le golfe sur les bords duquel est bâtie Montagniac, s’appelloit autrefois Cianus sinus, de l’ancienne ville de Cium, dont on voit encore quelques ruines. Par le moyen de ce golfe, cette ville a commerce avec Constantinople, dont elle est à 24 lieues, & avec Bursa, dont elle est à 5 lieues. Long. 46. 30. lat. 40. 10. (D. J.)

MONT AIGUILLE, (Géog.) & par le peuple, montagne inaccessible, qui a passé long-tems pour une merveille du Dauphiné, phantôme que la crédulité de nos peres avoit produit. Cette merveille se réduit à un rocher vif & escarpé ; ce rocher est détaché de tous côtes, & planté sur une montagne ordinaire dans le petit pays de Trèves, à deux lieues de Die, & à neuf de Grenoble.

On l’a donné jusqu’au commencement de ce siecle, pour une pyramide ou cône renversé, & l’on assuroit très-sérieusement, qu’il étoit beaucoup plus large par le haut que par le bas ; cette opinion même fut presque autorisée par l’histoire de l’académie royale des Sciences, année 1700. p. iv. car on y lit, que la pyramide n’a par le bas que mille pas de circuit, & qu’elle en a deux mille par le haut. Il est vrai que l’historien ajoute, que cette pyramide se seroit peut-être redressée, si elle avoit été examinée par M. Dieulamant.

On sçut bien-tôt après, en 1703, que rien n’étoit plus faux que cette prétendue figure extraordinaire d’un cône renversé qu’on donnoit à ce rocher. Sa base est comme elle doit naturellement être, plus large que le haut. Comme ce rocher est à la vérité fort escarpé, & qu’il ne présente de tous côtés que le roc nud, dégarni de terre & d’arbres, il est assez difficile & fort inutile d’y grimper ; mais il s’en faut beaucoup qu’il soit inaccessible, les paysans y montent tous les jours, & il y a plus de deux cens ans qu’ils le pratiquent ; Aimard de Rivail, conseiller au parlement de Grenoble, auteur d’une histoire manuscrite du pays des Allobroges, qui écrivoit en 1530. le dit formellement. Hodie frequens est in eum montem ascensus, ce sont ces termes lûs & rapportés par M. Lancelot, de l’académie des Inscriptions. Que devient donc l’histoire de dom Julien, gouverneur de Montelimar, qui y monta le premier par ordre de Charles VIII. le 26 Juin 1492, avec dix autres personnes, qui fit dire la mesle dessus, qui manda au premier président de Grenoble, que c’é-