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du fourmi-lion. 9°. D’autres mouches ont les aîles appliquées contre les côtés ; mais ces aîles, après s’être élevées, se recourbent sur le dos en forme de toît écrasé. 10°. Enfin d’autres mouches tiennent leurs ailes obliques, de façon qu’elles se touchent au-dessous du ventre : cette position est contraire à celle des aîles qui forment un toît au corps ; telle est la mouche qui vient du ver du bigarreau.

Certains genres de mouches ont 1°. des antennes articulées. 2°. des antennes articulées qui deviennent de plus en plus grosses, à mesure qu’elles s’éloignent de la tête ; ce sont des antennes en forme de massue. 3°. Les cousins & certaines tipules ont des antennes qui ressemblent à des plumes. 4°. Il y a des antennes qui à leur origine & près de leur bout sont plus déliées que dans tout le reste de leur étendue ; on les appelle antennes prismatiques. 5°. Quelques mouches ont des antennes branchues ou fourchues. 6°. D’autres ont des grosses antennes extrèmement courtes ; elles n’ont que deux ou trois articulations, deux ou trois pieces posées l’une sur l’autre, forment un pié, un support à un grain d’un volume plus considérable, par lequel l’antenne est terminée : on l’appelle antenne à palette.

Les trompes peuvent fournir les caracteres de bien des genres. Les unes ont un fourreau composé d’une seule piece ; les autres en ont un fait par la réunion de plusieurs pieces différentes : les unes ont des fourreaux comme écailleux, les autres en ont de charnus ; ceux de quelques-unes sont terminées par un empatement charnu par des especes de grosses levres ; d’autres trompes sont faites comme une espece de fuseau dont le bout seroit creux, &c.

Il y a des insectes, par exemple des demoiselles, qui ont la tête presque ronde ; d’autres ont la tête plus large que longue.

Quelques insectes ont deux corcelets ; telle est la mouche du fourmi-lion : le corcelet est plus ou moins élevé.

Toutes les mouches ont six jambes, mais elles sont plus ou moins longues ; les cousins & les tipules les ont très longues. Ces six jambes tiennent ordinairement au corcelet ; mais dans quelques especes l’une des paires de jambes est attachée à un des anneaux du corps.

Les mouches ont à la partie postérieure du corps un aiguillon, une tarriere, une scie, des longs filets semblables à des antennes. Les tarrieres appartiennent aux femelles, & leur servent à percer & à entailler les corps dans lesquels elles déposent leurs œufs. La plûpart des mouches sont ovipares ; mais il y en a qui sont vivipares, & qui mettent au jour des vers vivans. Certaines especes de mouches ne sont distinguées que par la grandeur. Il y en a qui sont solitaires, d’autres vivent en société comme les guêpes, les abeilles, &c. Voyez les mém. pour servir à l’Hist. nat. des insect, par M. de Reaumur, tom. IV. dont cet extrait a été tire. Voyez Insecte.

Mouche cornue, taurus volans, (Hist. nat.) scarabé de l’Amérique & des îles Antilles, dont le corps est presque aussi gros qu’un petit œuf de poule un peu applati, ayant comme tous les autres scarabés, des aîles fort déliées recouvertes par d’autres aîles en forme de coquilles, d’une substance seche, assez ferme, très-lisse, luisante, d’une couleur de feuille morte tirant sur le verd & parsemée de petites taches noires ; le reste du corps est d’un beau noir d’ébene très-poli, & principalement garni à la partie posterieure d’un duvet jaune disposé en forme de frange. L’animal a six grandes pattes, dont quatre prennent naissance au-dessus de la poitrine, & les deux autres sont attachées au milieu de la partie inférieure de l’estomac ; elles se replient chacune en trois parties principales par de fortes articulations,

dont quelques-unes sont armées de pointes très-aiguës ; les extrémités de ces pattes sont terminées par trois petites griffes courbées en crochet, très-piquantes, & s’accrochant facilement à tout ce qu’elles rencontrent. La tête de cet insecte paroît comme étranglée & détachée du corps ; elle a deux gros yeux ronds, demi sphériques, de couleur d’ambre, très clairs & fixes : la partie qui est entre ces yeux s’avance beaucoup, & s’étend d’environ deux pouces & demi, formant une grande corne noire, très-polie, recourbée en-dessus, garnie de quelques excrescences de même matiere, & terminée par deux fourchons disposés l’un au-devant de l’autre. Le dessus de la tête est emboîté dans une espece de casque large d’un pouce, s’allongeant par-devant comme un grand bec un peu courbé, long à peu-près de trois pouces & demi, garni de deux éminences pointues, disposées des deux côtés vers les deux tiers de sa longueur ; le dessus de ce bec est d’un beau noir, aussi lustré que du jais poli ; mais le dessus est creusé par une petite rainure toute remplie d’un poil ras très-fin, de couleur jaune, & plus doux que de la soie, & un peu usé dans la partie de ce bec qui s’approche de la corne inférieure dont on a parlé. Tout l’animal peut avoir six pouces de longueur d’une extrémité à l’autre : il vole pesamment, & pourroit faire beaucoup de mal s’il rencontroit quelqu’un dans son passage. M. le Romain.

Mouches luisantes, autrement nommées bêtes à feu, c’est un petit insecte des pays chauds de l’Amérique, moins gros, mais plus long que les mouches ordinaires, ayant les aîles un peu fermes, d’un gris-brun, couvrant tout le corps de l’animal. Lorsqu’il les écarte pour voler, & qu’il découvre sa partie postérieure, on en voit sortir une clarté très-vive & très-brillante, qui répand sa lumiere sur les objets circonvoisins. Ces mouches ne paroissent que le soir après le coucher du soleil. Les arbres & les buissons en sont tout couverts, principalement lorsqu’il a beaucoup plu dans la journée ; il semble voir autant d’étincelles de feu s’élancer entre les branches & les feuilles.

L’île de la Guadeloupe en produit d’une autre sorte beaucoup plus grosse que les précédentes, dont la partie postérieure répand une plus grande lumiere, qui se trouve fort augmentée par celle qui sort des yeux de l’animal. M. le Romain.

MOUCHE-À-MIEL & MIEL, (Econ. rust.) Tout n’est pas dit sur le compte des abeilles. Beaucoup des traits de leur industrie & de leurs sentimens ont échappé à la patience & à la sagacité des observateurs. Mais connût-on tout ce dont elles sont capables dans un climat, on n’auroit pas droit de conclure qu’il en est de même dans tous les autres. La différente température de l’air faisant varier leur conduite pour leur conservation, & pour augmenter le nombre des essaims & la quantité du miel ; c’est pour aider à étendre leurs bienfaits que pourront servir les observations suivantes propres au climat du diocese de Narbonne & du Roussillion, où la beauté & la bonté du miel l’emporte sur tous ceux de l’Europe. Il est surprenant qu’avec cet avantage dont jouit la montagne de la Clape auprès de Narbonne ; on s’y attache comme par projet à détruire ces animaux par des ravages qu’on y fait depuis plusieurs années, & dont il sera parlé dans l’article Troupeaux des bêtes à laine, à qui ils sont encore plus cruels.

Les essaims viennent toujours dans le printems, & jamais pendant l’été ni l’automne. La durée des tems depuis la sortie du premier essaim au dernier en chaque année, & la quantité des essaims est proportionnée à la quantité des ruches-meres, & à l’abondance des provisions qu’elles ont faites. Toutes