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ces différentes sortes de marchés, la maniere de les conclure, la forme & les clauses des contrats qui les énoncent, on peut voir le traité du négoce d’Amsterdam par le sieur Picard, & ce qu’en dit d’après cet auteur M. Savary. Dictionnaire de Commerce.

Marché, (Commerce.) se dit du prix des choses vendues ou achetées. En ce sens, on dit j’ai eu bon marché de ce vin, de ce blé, &c. c’est-à-dire, que le prix n’en a pas été considérable. C’est un marché donné, pour dire que le prix en est très-médiocre. C’est un marché fait, pour exprimer que le prix d’une marchandise est reglé, & qu’on n’en peut rien diminuer.

Il y a aussi plusieurs expressions proverbiales ou familieres dans le commerce où entre le mot de marché, comme boire le vin du marché, mettre le marché à la main, &c.

Il est de principe dans le commerce, qu’il faut se défier d’un marchand qui donne ses marchandises à trop bon marché, parce qu’ordinairement il n’en agit ainsi que pour se préparer à la fuite ou à la banqueroute, en se faisant promptement un fonds d’argent pour le détourner. Dictionnaire de Commerce.

Marchés de Rome, (Antiq. rom.) places publiques à Rome, pour rendre la justice au peuple, ou pour y exposer en vente les vivres & autres marchandises. Les marchés que les Romains appelloient fora, sont encore au nombre des plus superbes édifices qui fussent dans la ville de Rome pour rendre la justice au peuple. C’étoient de spacieuses & larges places quarrées ou quadrangulaires, environnées de galeries, soutenues par des arcades, à-peu-près comme la place royale à Paris, mais ces sortes d’édifices à Rome étoient beaucoup plus grands & plus superbes en architecture. Ammien Marcellin rapporte que le marché de Trajan, forum Trajani, passoit pour une merveille par le nombre d’arcades posées artistement les unes sur les autres, de sorte que Constantius, après l’avoir vû, désespéra de pouvoir faire rien de semblable. Strabon parlant du forum Romanum, dit qu’il étoit si beau, si bien accompagné de galeries, de temples & autres édifices magnifiques, ut hæc singula contemplans, facilè alia omnia oblivione delebit.

Outre ces marchés destinés aux assemblées du peuple, il y avoit à Rome quatorze autres marchés pour la vente des denrées, qu’on appelloit fora venalia ; tels étoient le forum olitorium, le marché aux herbes où se vendoient les légumes : ce marché étoit auprès du ment Capitolin. On y voyoit un temple dédié à Junon, matuta ; & un autre consacré à la piété. Il y avoit la halle au vin, vinarium ; le marché aux bœufs, forum boarum ; le marché au pain, forum pistorium ; le marché au poisson ou la poissonnerie, forum piscarium ; le marché aux chevaux, forum equarium ; le marché aux porcs, forum suarium.

Il y avoit encore un marché que nous ne devons pas oublier, le marché aux friandises, où étoient les rôtisseurs, les pâtissiers & les confiseurs, forum cupedinarium : Festus croit que ce mot vient de cupedia, qui signifie chez les Latins des mets exquis ; mais Varron prétend que ce marché prit son nom d’un chevalier romain nommé Cupes, qui avoit son palais dans cette place, lequel fut rasé pour ses larcins, & la place employée à l’usage dont nous venons de parler.

Quoi qu’il en soit, tous les marchés de Rome destinés à la vente des denrées & marchandises, étoient environnés de portiques & de maisons, garnies d’étaux & de grandes tables, sur lesquelles chacun exposoit les denrées & marchandises dont il faisoit commerce. On appelloit ces étaux, abaci & operaria mensa.

Onuphre Panvini, dans son ouvrage des régions

de Rome, vous donnera la description complette de tous les marchés de cette ancienne capitale du monde ; c’est assez pour nous d’en rassembler ici les noms : le forum ronanum ou le grand marché ; forum Cæsaris ; Augusti ; boarium ; transitorium ; olitorum ; pistorium ; Trajani ; Ænobarbi ; suarium ; archæmorium ; Diocletiani ; equarium ; rusticorum ; Cupedinis ; piscarium ; Salusti. Il y faut ajouter la halle au vin, vinarium Voyez nos Pl. d’Antiq. (D. J.)

MARCHÉ d’Appius, le, (Géog. anc.) forum Appii, c’étoit une bourgade du Latium, au pays des Volsques, à 45 milles de Rome, dans le marais Pontino, palus pemptina, entre Setia su nord, & claustra romana au sud. Appius, pendant son consulat, fit jetter une digue au-travers de ce marais, & Auguste fit ensuite creuser un canal depuis le bourg jusqu’au temple de Féronie ; ce canal étoit navigable & très-fréquenté. (D. J.)

Marches, les, (Art milit.) dans les armées, sont une des parties les plus importantes du général ; elles font la principale science du maréchal général des logis de l’armée.

Les marches des armées doivent se regler sur le pays dans lequel on veut marcher, sur le tems qu’il faut à l’ennemi pour s’approcher, & sur le dessein qu’on a formé. On doit toujours marcher comme on est, ou comme on veut camper, ou comme on veut combattre.

« Il faut avoir une parfaite connoissance du pays, & beaucoup d’expérience pour bien disposer une marche, lorsqu’on veut s’avancer dans le pays ennemi, & s’approcher de lui pour le combattre. Il y a des marches que l’on fait sur quatre, six ou huit colonnes, suivant la facilité du pays ou la force de l’armée ; il y en a d’autres qui se font sans rien changer à la disposition de l’armée, en marchant par la droite ou par la gauche, sur autant de colonnes qu’il y a de lignes.

Ordinairement ces marches se font lorsqu’on est en présence de l’ennemi, & qu’il faut l’empêcher de passer une riviere, ou gagner quelque poste de conséquence. On a des travailleurs à la tête de chaque colonne pour leur ouvrir les passages nécessaires, & les faire toutes entrer en même tems dans le camp qu’elles doivent occuper. Il est très-utile de prévenir de bonne heure ces marches par des chemins que l’on doit faire à-travers champ, qui facilitent la marche des colonnes & leur arrivée au camp.

» Lorsqu’on marche en colonne dans un pays couvert, & que l’ennemi vous surprend & vous renverse, il est important de savoir prendre son parti sur le champ, en disposant promptement en bataille les troupes qui ne sont point encore attaquées, afin de donner le tems aux autres de se rallier. S’il y avoit dans cet endroit quelque terrein avantageux, on l’occuperoit aussi-tôt pour y combattre. Souvent les troupes qui ne sont pas soutenues à tems, se détruisent plus par la terreur que par le coup de main. On évite de semblables surprises en poussant en-avant des partis & de forts détachemens qui tiennent en respect l’ennemi, & donnent avis de ses mouvemens. Il faut encore qu’il y ait entre les intervalles des colonnes, de petits détachemens de cavalerie avec des officiers entendus pour les faire toutes marcher à même hauteur ; &, si l’ennemi paroissoit, les colonnes auroient le tems de se former en bataille & remplir le terrein.

» Il seroit bon de donner par écrit cet ordre de marche aux commandans de chaque colonne, & leur marquer celles qui marchent sur la droite & sur la gauche, afin qu’ils puissent apprendre les