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mari va quelquefois pendant l’obscurité de la nuit, faire un bruit lugubre derriere l’idole, & il persuade à sa femme que c’est le dieu qui s’est fait entendre. Lorsque les femmes paroissent bien persuadées des vertus que leurs maris attribuent à leur mumbo-jumbo, on leur accorde plus de liberté, & l’on assure qu’elles savent mettre à profit les momens où elles demeurent sous l’inspection de l’idole. Cependant on prétend qu’il se trouve des femmes assez simples pour craindre réellement les regards de ce fantôme incommode ; alors elles cherchent à le gagner par des présens, afin qu’il ne s’oppose point à leurs plaisirs. Des voyageurs nous apprennent qu’en 1727, le roi de Jagra eut la foiblesse de réveler à une de ses femmes tout le secret de mumbo-jumbo : celle-ci communiqua sa découverte à plusieurs de ses compagnes ; elle se répandit en peu de tems, & parvint jusqu’aux seigneurs du pays : ceux-ci prenant le ton d’autorité que donne les interêts de la religion, citerent le foible monarque à comparoître devant le mumbo jumbo : ce dieu lui fit une reprimande sévere, & lui ordonna de faire venir toutes les femmes : on les massacra sur le champ ; par-là l’on étouffa un secret que les maris avoient tant d’intérêt à cacher, & qu’ils s’étoient engagés par serment de ne jamais réveler.

MUMIE, voyez Momie.

MUMME, (Comm.) c’est le nom que l’on donne à une espece de bierre très-forte & très-épaisse, qui se brasse à Brunswick : elle est très-renommée. On peut la transporter fort loin, parce qu’elle a la propriété de se conserver très-long-tems.

MUNASCHIS ou MUNASCHITES, s. m. pl. (Hist. mod.) secte de Mahométans qui suivent l’opinion de Pythagore sur la métempsycose ou transmigration des ames d’un corps dans un autre. En prétendant néanmoins qu’elles passeront dans le corps d’animaux avec lesquels on aura eu le plus d’analogie, de caractere ou d’inclinations, celle d’un guerrier, par exemple, dans le corps d’un lion, & ainsi des autres ; & qu’après avoir ainsi roulé de corps en corps pendant l’espace de 3365 ans, elles rentreront plus pures que jamais dans des corps humains. Cette secte a autant de partisans au Caire qu’elle en a peu à Constantinople. Son nom vient de munaschat, qui, en arabe, signifie métempsycose, qu’on exprime encore dans la même langue par le mot altenasoch, qui a aussi fait donner le nom d’Altenasochites à ceux qui sont infatués de cette opinion. Ricaut, de l’Empir. ottom.

MUNDA, (Géog.) en latin, Munda ; ancienne ville d’Espagne, au royaume de Grenade, à cinq lieues de Malaga, à la source du Guadalquivirejo. C’est près de cette ville que Jules-César vainquit les fils du grand Pompée ; & c’est à ce sujet que Lucain a dit dans sa pharsale, l. I. ℣. 40.

Ultima funesta concurrant pralia Munda.

Elle a retenu son nom sans aucun changement, mais elle n’a conservé ni son ancienne grandeur, ni sa dignité. Autrefois elle étoit la capitale de la Turde, aujourd’hui ce n’est plus qu’une petite ville, située sur le penchant d’une colline au pié de laquelle passe la riviere. Long. 13. 22. lat. 36. 32. (D. J.)

MUNDEN ou MYNDEN, (Géog.) petite ville d’Allemagne, au pays de Brunswig-Lunebourg, dans une fort jolie situation, au confluent de la Fulde, de la Werte, & du Wéser. Long. 28. 14. lat. 52. 12. (D. J.)

MUNDERKINGEN ou MUNDRINCHINGEN, (Géog.) petite ville d’Allemagne, dans la Suabe, sur le Danube, à 1 mille d’Ebing, & à 5 S. O. d’Ulm. Long. 27. 18. lat. 48. 15. (D. J.)

MUNDIBURNIE & MUNDIBURDIES, ter-

mes de quelques coutumes, synonymes à mainbournie. Voyez ce dernier.

MUNDICK, s. m. (Hist. nat. Minéralogie.) nom donné par les Anglois à une substance minérale qui, suivant la description, n’est autre chose que ce qu’on appelle en françois une pytite. En effet, Chambers dit dans son dictionnaire, qu’il y en a de blanche, de jaune, de verte, & d’un brun foncé ; il ajoute qu’il paroît que c’est une combinaison de soufre avec quelque substance métallique, qu’on lui donne souvent le nom de maxy, & qu’on la distingue par son éclat, & quelquefois par la couleur qu’elle donne aux doigts ; que souvent le mundick accompagne les mines d’étain, que dans la province de Cornouailles il contient une grande quantité de cuivre ; que les exhalaisons qui en partent sont nuisibles aux ouvriers des mines ; que cependant l’eau qui sort dans les mines, après avoir passé sur cette substance, est un bon vulnéraire & guérit les blessures que les ouvriers se sont. Voyez le dictionnaire de Chambers, au mot Mundick.

Par tous ces caracteres, on voit que le mundick n’est autre chose que la pyrite, dont le soufre & le fer font la base, la pyrite arsénicale est d’une couleur blanche, la pyrite jaune est souvent très-riche en cuivre ; les exhalaisons de la pyrite arsenicale ne peuvent être que nuisibles ; souvent les pyrites martiales sont couvertes d’une croûte d’ochre ; & le vitriol, dont la pyrite est la mine, est très-astringent & par conséquent peut être propre à guérir les blessures. Voyez Pyrite. (—)

MUNDIFICATIF ou MUNDIFIANT, se dit en Médecine des remedes détersifs, digestifs, dessicatifs, cicatrisans & vulnéraires.

Ainsi cette sorte de remede sert à plusieurs fins. Les emplâtres ou onguens mundificatifs sont ceux qui détergent & dessechent, & nettoyent les ulceres de deux especes : savoir, les purulens & les sanieux. Voyez Ulcere.

Les principaux ingrédiens de ces emplâtres sont la gentiane, l’aristoloche, l’enula campana, & les herbes vulneraires. Voyez Détergent ou Détersif, & sur-tout l’article Vulnéraire.

Le mundificatif d’ache est un des meilleurs que nous ayons en Pharmacie. D’ailleurs tous les onguens & les baumes ont une vertu qui approche de celle des mundificatifs. Voyez Ache.

MUNDUS, (Littérat.) nom qui fut donné au fossé que Romulus fit creuser, quand il eut pris le parti de bâtir la ville de Rome. On tira sur ce fossé une ligne pour en marquer l’enceinte, & le fondateur traça lui-même un profond sillon sur la ligne qui avoit été tirée pour régler le circuit des murailles. Voilà quelle fut l’origine de cette ville qui devint la maîtresse du monde, ensorte que le fossé de Romulus, & l’univers, mundus, n’eurent en latin qu’une même dénomination. (D. J.)

MUNGO, s. m. (Hist. nat. Bot. exot.) Garcias dit que c’est une graine des Indes orientales, de la grosseur de celle de la coriandre seche, noire dans sa maturité, & si commune à Guzarate & à Décan, qu’on la donne à manger aux chevaux : il n’a point décrit la plante qui produit cette graine, mais c’est une espece de phaséole que Ray nomme phaseolus octocaulis, dont la tige est droite, haute de trois piés, portant des souilles & des fleurs semblables à celles de notre haricot. Ses gousses contiennent les graines dont parle Garcias, & les Orientaux font cuire ce légume avec du beurre. (D. J.)

MUNIA ou MINIE, (Géog.) ancienne ville d’Egypte, sur le bord occidental du Nil ; c’est vraissemblablement le Lycopolis de Strabon. On fait dans cette ville des bardaques ou pots à-l’eau, très-estimés au Caire pour leur façon & pour la qualité