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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 10.djvu/886

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çon qu’ils peuvent successivement avoir lieu, cesser, recommencer, &c. sans qu’il en reste après cela la moindre trace dans le corps.

Si l’on injecte de l’eau chaude dans l’artere d’un muscle en repos, même dans celui d’un cadavre, on y rétablira la contraction, & cela long-tems même après la mort : les expériences par lesquelles on fait contracter un muscle, en augmente le volume plutôt que de le diminuer.

Lorsqu’un membre est plié par quelque force extérieure, & sans l’influence de la volonté, le muscle fléchisseur de ce membre se contracte comme si c’étoit par un mouvement propre ; mais cependant pas tout-à-fait si vivement. Lorsque la volonté reste dans l’indifférence, tous les muscles volontaires, & tous leurs vaisseaux sont également pleins, & ils reçoivent une espece de mouvement du sang & des esprits qui sont portés uniformément & en même tems dans toute l’étendue du corps.

Quant à l’application qu’on peut faire de cette structure des muscles, pour expliquer le grand phénomene du mouvement musculaire, voyez Mouvement musculaire.

Les muscles des mouvemens involontaires, ou nécessaires, renferment en eux-mêmes la force qui les contracte, qui les étend, & n’ont point d’antagonistes : tels sont, à ce qu’on croit, le cœur & les poûmons. Voyez Cœur & Poumons.

Les muscles des mouvemens volontaires que nous nommons plus particulierement muscles, & qui sont ceux dont il est principalement question ici, ont chacun leurs muscles antagonistes qui agissent alternativement dans des directions contraires ; l’un se relâchant pendant que l’autre se contracte au gré de la volonté. Voyez Mouvement.

Les muscles ont différens noms, & ces noms sont relatifs à leur nombre, à leur figure, à la direction de leurs fibres, à leur situation, à leur insertion, aux parties qu’ils meuvent, à leur action, à leur usage, à leur comparaison, à leur composition, & à quelque propriété singuliere.

Nombre. Ils sont nommés premier, 2, 3, 4, 5, &c. C’est aussi dans ce sens qu’on dit, le bras a neuf muscles qui servent à ses différens mouvemens, &c.

Direction. Le corps étant conçu divisé en deux parties égales & symmétriques par un plan auquel un second placé sur la tête & parallele à l’horison, seroit perpendiculaire, & à un troisieme placé depuis le front jusqu’à l’extrémité des doigts du pié qui seroit conséquemment perpendiculaire aux deux premiers. Alors outre les noms d’antérieurs, de postérieurs, d’externes ou d’internes, de sublimes ou de profonds, de supérieurs ou d’inférieurs ; les muscles prennent encore différens noms par rapport à la direction de leurs fibres, relativement à ces trois plans. En effet, si ces fibres rencontrent le plan qui divise le corps, &c. à angle droit, le muscle est appellé transverse ou transversal, si elles le rencontrent obliquement, de maniere que le sommet de l’angle qu’elles forment avec ces plans, regarde le plan horisontal ; on l’appelle oblique, convergent, ou ascendant, & oblique divergent ou descendant, si l’angle est tourné dans un sens opposé : enfin, lorsqu’elles sont paralleles au plan des divisions, le muscle s’appelle droit.

Figure. Les muscles étant composés des fibres droites ou courbes ; si elles sont courbes, tout le monde connoissant assez ce que c’est qu’un cercle ou un rond, les Anatomistes ont attribué au cercle les différens rapports que les fibres courbes pouvoient avoir avec les courbes ; ils ont appellé les muscles qui en sont composés de même que ces fibres, orbiculaire, circulaire, semi-orbiculaire, semi-circulaire. Lorsque les fibres qui composent un mus-

cle sont droites, comme elles sont quelquefois, paralleles,

obliques, & perpendiculaires, les unes par rapport aux autres ; & dans ces deux derniers cas lorsqu’elles se rencontrent quelquefois, & que d’autres fois elles se coupent ; enfin, un muscle étant composé de fibres droites & courbes, paralleles & obliques ; & dans tous ces cas, lorsqu’on n’a fait attention qu’à une ou deux des dimensions les plus sensibles du muscle, on lui a donné le nom des surfaces dont il approchoit le plus. Ainsi lorsque les fibres sont placées sur une même ligne, & qu’elles se rencontrent toutes par leurs autres extrémités dans un petit espace qui est regardé comme un point, on le nomme le muscle triangulaire ; si les trois côtés du triangle que le muscle représente sont inégaux, on l’appelle scalene.

Lorsque les fibres paroissent paralleles les unes aux autres & perpendiculaires entre les deux extrémités, on donne au muscle le nom de quarré ; si elles sont paralleles entre elles, & obliques entre leurs extrémités, on appelle le muscle romboïde : si les fibres sont en partie paralleles, & en partie obliques entre elles à leurs extrémités, le muscle prend le nom de trapeze. Lorsqu’on a égard aux trois dimensions du muscle, & que les fibres sont attachées par l’une de leurs extrémités à une base large relativement à l’endroit où elles s’attachent par leur autre extrémité, on l’appelle pyramidale : si ces fibres s’attachent par l’une de leurs extrémités dans un petit espace, & qu’elles s’épanouissent en forme d’éventail, on l’appelle le muscle rayonné. Si les fibres se rencontrent alternativement, & que les angles qu’elles forment soient placées les unes sur les autres à-peu-près comme dans les aîles des plumes, le muscle prend le nom de perniforme. Lorsque les fibres sont disposées de façon que les muscles représentent une poire, on l’appelle périforme, vermiculaire, ou lombricaire s’ils ressemblent à un ver, & enfin dentelé, s’ils se terminent par une de leurs extrémités en forme de dents de scie.

Situation. Les muscles prennent différens noms par rapport à leur situation ; & c’est de-là que viennent les noms de frontaux, occipitaux, inter-épineux, inter-transversaire, inter-vertebraux, &c.

Insertion. Les muscles prennent quelquefois le nom de l’une des parties à laquelle ils s’attachent ; tels sont les muscles incisifs, canains, zigomatiques, ptérigoïdiens, &c. quelquefois des deux extrémités où ils s’attachent : tels sont les muscles stylo-hyoïdiens, milo-hyoidiens, genio-hyoïdiens, &c. quelquefois enfin, de trois parties, &c. lorsqu’il s’attache à trois endroits différens, &c. c’est-à-dire, lorsque l’une de leurs extrémités se terminent par deux parties différentes ; tels sont les muscles sterno-clino-mastoïdiens.

Usages. Les muscles portent quelquefois le nom des parties qu’ils meuvent : c’est dans ce sens qu’on dit les muscles des yeux, des oreilles, du nez, de la bouche, &c.

Action. Les muscles sont appellées de leur action relative aux parties qu’ils meuvent ; fléchisseurs, extenseurs, rotateurs, constricteurs, dilatateurs, &c. Masseter. Par rapport aux plans de division du corps, &c. Adducteur, lorsqu’ils approchent les parties vers ce plan ; abducteurs, lorsqu’ils s’en éloignent ; relevcurs, supinateurs, & érecteurs, lorsqu’ils les relevent vers le plan horisontal ; abaisseurs & pronateurs, lorsqu’ils les meuvent dans un sens contraire.

Comparaison. Plusieurs muscles comparés ensemble, peuvent relativement à une ou à plusieurs de leurs dimensions, être dits longs ou courts, grands, moyens, petits, larges, gros, ou grêles, demi-nerveux