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sur le terrein d’autrui, par convention ou par prescription.

Passage de souffrance, passage qu’on est obligé de souffrir en vertu d’un titre.

Passage, en Musique, est un trait de chant fort court, composé de plusieurs petites notes ou diminutions, qui se chantent on se jouent très-légerement. C’est ce que les Italiens appellent passo. Voyez Broderie. (S)

Passage, se dit en Peinture, de la lumiere & des couleurs : on dit ces passages de couleur, de lumieres, sont charmans ; de beaux passages.

Passages de lumiere, se dit d’une ombre ou demi-teinte extrèmement légere, placée entre des masses de lumieres, & qui loin de les séparer semblent les réunir, en servant comme de route à l’œil pour passer facilement de l’une à l’autre.

Passage de couleur, se dit de l’espace qui se trouve dans un tableau entre deux couleurs différentes, & qui par degrés insensibles participe autant de l’une que de l’autre. Il est à remarquer que passage, en ce cas, ne seroit que fonte de couleur, si ces couleurs qui le forment, n’étoient pas ce qu’on appelle de beaux tons. On ne se sert jamais du terme de passage, sans l’épithete de beau ; ainsi de beaux passages, en ce cas, signifient toujours fonte ou passage de beaux tons de couleur.

Passage de couleur, se dit encore de celles qui restent distinctes, ne se perdant point ensemble par degrés insensibles, & qui par leur accord, font passer l’œil de l’une à l’autre d’une façon satisfaisante.

Passage, terme de Manége ; le passage se fait lorsque le cheval en tournant ou marchant de côté, croise les jambes, un peu moins celles de derriere que celles de devant ; & pour faire le passage des voltes bien proportionné, il faut que les jambes de devant fassent un cercle à-peu-près de la longueur du cheval, & celles de derriere un autre plus petit des deux tiers.

La méthode du passage est si bonne, qu’elle habitue le cheval à obéir franchement à la main, à la bride, & aux talons ; en un mot, à exécuter promptement & sans répugnance tout ce qu’on exige de lui.

Passage, terme d’ouvriers en cuir, qui signifie la préparation que l’on donne aux peaux en les passant dans différentes drogues, afin de les adoucir & de les rendre maniables & propres à être employées à différentes sortes d’ouvrages. Voyez Passer.

Passage du patron, (Rubanier.) est la même chose que le passage des rames. Voyez Passage des rames.

Passage des rames, (Rubanier.) voici la maniere de les passer ; on a dit ailleurs que le porte-rames de devant conteroient neuf rouleaux dont voici Pusage : on prend neuf rames ; savoir, six de figure, & trois de glacis, qui seront mises alternativement sur chacun, de la façon qu’il va être expliqué. Supposez que la premiere rame d’un patron fasse un pris, un laissé, un pris deux fois, deux laissés, deux pris, un laissé, un pris trois fois, deux laissés, deux pris, un laissé, un pris, deux laissés & le dernier pris ; je passe la rame de la premiere haute-lisse, puis la seconde haute-lisse faisant un laissé, je passe la rame à côté de la bouclette de cette seconde haute-lisse, qui fait un pris dans la bouclette, ensuite la troisieme haute-lisse faisant un pris, je passe la rame dans la bouclette de cette haute-lisse. La quatrieme faisant un laissé, je passe à côté de la bouclette de cette quatrieme ; la cinquieme qui fait un pris, doit être prise dans la cinquieme haute-lisse ; la sixieme & septieme haute-lisse faisant deux laissés, il faut de même que la rame passe à côté des bouclettes de ces deux hautes-lisses ; la huitieme & neuvieme font deux pris, la rame doit passer dans les bouclettes de

ces deux hautes-lisses ; la dixieme fait un laissé ; la onzieme un pris trois fois alternativement ; il faut faire comme ci-dessus consécutivement, ce qui mene jusqu’à la quinzieme haute-lisse incluse ; la seizieme & dix-septieme haute-lisse faisant deux laissés, je passe la rame à côté des bouclettes de ces hautes-lisses ; la dix-huitieme & dix-neuvieme faisant deux pris, la rame est passée dans les bouclettes de ces deux hautes-lisses ; la vingtieme faisant un laissé, je passe à côté de la bouclette ; la vingt-unieme faisant un pris, je passe la rame dans la bouclette de celle-ci ; la vingt-deuxieme & vingt-troisieme faisant deux laissés, la rame se passe à côté des boulettes de la vingt-deuxieme & vingt troisieme haute-lisses ; enfin là vingt-quatrieme qui fait un pris, je passerai la rame dans la bouclette de cette vingt-quatrieme, ce qui achevera le passage de cette rame, que vous passerez ensuite sur le premier rouleau & à-travers la premiere grille du porte-rame de devant, vous attacherez une pierre à cette rame, qui y restera jusqu’à ce que toutes les rames du patron soient ainsi passées & arrangées sur les différens rouleaux, & à-travers les différentes grilles de ce porte-rames, en attachant toutes ces rames à la pierre, pour les tenir ensemble assujetties par le poids de cette pierre, & les empêcher par ce moyen de se dépasser : ce qui vient d’être dit pour cette rame, doit s’entendre de toutes les autres dont on ne parlera plus, pour éviter les répétitions. Après avoir passé cette premiere rame, on passe la seconde rame suivant l’ordre indiqué par le patron, & de la même maniere que la premiere, cette seconde rame se porte sur le second rouleau, mais dans la même grille que la premiere : de même la troisieme, & ainsi de suite jusqu’à la sixieme inclusivement ; on passe ensuite les trois rames de glacis de la même façon que les six autres : ces trois rames se postent sur les trois derniers rouleaux, & toujours dans la même grille. Elles doivent être attachées à une pierre séparée, où l’on attachera de même toutes les rames de glacis qui seront toujours sur les trois derniers rouleaux ; c’est-à-dire, les plus proches du battant, & cette opération s’appelle course de rames ; ensuite on pousse une grille pour donner passage à neuf autres rames qui vont suivre ; ces neuf rames que l’on va passer, doivent être prises du second retour, puis les neuf autres d’un troisieme retour, & toujours de même tant qu’il y aura de retours, observant de pousser une nouvelle grille après le passage de neuf rames ; on voit qu’après ces différens passages qu’il n’y a encore que neuf rames du patron de passées ; savoir, six de figure, & trois de glacis, puisque l’une n’est que la répétition de l’autre. Rendons-nous plus clair : supposons un patron à six retours, il est certain que la premiere rame du second retour n’est supposée que la continuation de la premiere rame du premier retour ; la premiere du troisieme retour de même, & ainsi des autres, jusqu’à la premiere du sixieme retour ; cette continuation supposée de la premiere rame se prouve de ce que ce sera toujours la même marche & la même haute-lisse qui la feront lever ; conséquemment ayant passé trente-six rames de figure, & dix-huit de glacis qui font cinquante-quatre ; il est aisé de voir que, puisqu’il y a six retours, & divisant trente-six rames par six retours, il vient six rames de figures ; de même divisant les dix-huit rames de glacis par les six retours, il vient trois rames de glacis, qui font en tout neuf rames de passées ; ces neuf rames étant ainsi passées, on en prend neuf autres du premier retour ; on fait de même qu’aux neuf premieres, on continue jusqu’au bout, observant que toujours après les six premieres rames passées, d’en prendre trois de glacis lorsque l’ouvrage en porte : lorsqu’il n’y a point de glacis ; les neufs rames sont par conséquent toutes