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PATNA, terre de, (Hist. nat.) c’est ainsi qu’on nomme une terre bolaire d’une couleur jaunâtre, très-fine & très-douce au toucher, dont on fait dans les Indes orientales une poterie assez belle, extrémement légere & fort mince ; on en fait sur-tout des bouteilles assez grandes pour contenir plusieurs pintes d’eau, qui, dit-on, s’y rafraîchit très-promptement & contracte un goût très-agréable ; ce fait est pourtant contesté par quelques personnes qui n’ont rien apperçu de semblable. On assûre que les femmes indiennes aiment beaucoup à mâcher cette espece de terre, qui est un absorbant, ce qui sembleroit prouver qu’il entre une portion de terre calcaire dans la terre de Patna.

Patna, (Géog. mod.) ville des Indes, près du bord oriental du Gange, capitale de la province de son nom, dans les états du grand-mogol. Les Hollandois y ont une loge, & la compagnie des Indes un comptoir, qui dépend de celui de Chandernagor. Long. 103. 15. latit. 25. 55. (D. J.)

PATOIS, (Gramm.) langage corrompu tel qu’il se parle presque dans toutes les provinces : chacune a son patois ; ainsi nous avons le patois bourguignon, le patois normand, le patois champenois, le patois gascon, le patois provençal, &c. On ne parle la langue que dans la capitale. Je ne doute point qu’il n’en soit ainsi de toutes les langues vivantes, & qu’il n’en fût ainsi de toutes les langues mortes. Qu’est-ce que les différens dialectes de la langue greque, sinon les patois des différentes contrées de la Grece ?

PATON, s. m. terme de Cordonnier, petit morceau de cuir qu’on met en-dedans au bout de l’empeigne du soulier, afin de conserver la forme. (D. J.)

Paton, en terme de Potier, c’est une motte de terre ordinairement plus petite que les balons ; mais qui n’en differe cependant que parce qu’elle ne contient que ce qu’il faut de terre pour faire une partie de telle ou telle piece, comme un manche, une oreille, &c. Voyez Manche, Oreille & Ballons

PATOWMEK, (Géog. mod.) riviere de l’Amérique septentrionale, dans la Virginie. Elle a son embouchure large de quelques milles, & porte des bateaux à plus de 100 milles d’éloignement.

PATRÆ, (Géog. anc.) ville du Péloponnese, sur la côte occidentale de l’Achaïe, près de l’embouchure du fleuve Glaucus, selon Pausanias, liv. VII. ch. xviij. Pline dit qu’elle a été bâtie sur un très-long promontoire, à l’opposite de l’Etolie & du fleuve Evenus. Son premier nom fut Aroe ou Aroa. Lorsque Patréus l’eut aggrandie, elle prit le nom de son bienfaiteur, en conservant néanmoins son ancien nom ; car ils se trouvent joints ensemble sur les médailles avec le titre de colonie romaine.

Nous avons une médaille d’Auguste, sur laquelle on lit, Col. A. A. Patrens. ce qui signifie, Colonia Augusta Aroë Patrensis. Les écrivains de l’histoire bysantine nomment cette ville Patræ veteres, pour la distinguer d’une autre ville que Grégoras & Nicétas appellent Patræ novæ. Pausanias parle d’un théâtre & d’une quantité de temples qui étoient à Patræ, mais il n’en reste pas même des ruines. Sa citadelle étoit célebre par son temple de Minerve Panachaïde, c’est-à-dire protectrice de l’Achaïe, dont Patræ étoit la principale ville. Elle avoit proche du port un temple dédié à Neptune, & un autre à Cérès.

Ce dernier étoit remarquable par une fontaine où l’on alloit consulter l’événement des maladies, ce que l’on faisoit en suspendant un miroir avec une ficelle. Le derriere du miroir touchoit l’eau, & la glace nageoit dessus. On regardoit alors dedans, & l’on y voyoit différentes images, selon que le malade devoit guérir de son mal ou en mourir.

L’oracle du Forum étoit quelque chose de plus singulier : c’étoit une statue de Mercure, & une autre

de Vesta ; il falloit les encenser, & allumer les lampes qui pendoient tout à l’entour : ensuite on dédioit à la droite de l’autel une médaille de cuivre du pays, & l’on interrogeoit la statue de Mercure sur ce que l’on vouloit savoir ; il falloit après cela s’en approcher de fort près, comme pour écouter ce qu’elle prononceroit, & s’en aller de-là hors du forum, les oreilles bouchées avec les mains. La premiere voix que l’on entendoit étoit la réponse de l’oracle.

La ville de Patræ avoit plusieurs autres temples, savoir de Vénus, de Minerve, de Diane Limnatide, & de Bacchus, surnommé Calydonien, à cause que sa statue avoit été apportée de Calydon, qui étoit une petite ville vis-à-vis d’Aroa. Le nom moderne de Patræ est Patras. (D. J.)

PATRAS, (Geog. mod.) ville de la Morée, dans le duché de Clarence, avec un archevêque grec. Les Turcs l’appellent Badra ou Balabatra. Elle a été bâtie en partie sur les ruines de l’ancienne Patræ. Aux beaux temples de Cybele & d’Atys, de Diane, de Minerve Panachaïde, d’Apollon, de Vénus & de Bacchus Calydonien, ont succédé de chétives mosquées, de pauvres églises greques, & des synagogues de juifs qui font tout le commerce de cette ville.

Les Vénitiens la prirent en 1687, & la nommerent Néopatria. Ils l’ont gardée jusqu’en 1716. L’air en est malsain, mais les jardins de Patras abondent en grenades, en citrons & en oranges excellentes. Elle est près de la mer, à 8 lieues S. O. de Lépante, 34 N. O. de Misitra. Long. 39. 32. latit. 38. 20.

Chilon, célebre athlete, né à Patras, gagna deux couronnes aux jeux olympiques, une dans les Delphiques, quatre dans les Isthmiens, & trois dans les Néméens. Il fut tué dans une bataille, comme le marque son épitaphe rapportée par Pausanias. Ce fut, selon cet auteur, du tems de Lysippe qui fit la statue de Chilon, c’est-à-dire dans la bataille de Chéronée contre Philippe roi de Macédoine, où les Achéens furent défaits avec les autres Grecs, la troisieme année de la cx. olympiade, & 338 ans avant Jesus-Christ. (D. J.)

PATRIA, (Géog. mod.) petite ville ou bourg de la Campanie, dans le royaume de Naples, au sud du lac qu’on nomme Lago di Patria, en latin Linterna palus, par où le Clanio (le Clanis des Latins) vulgairement appellé l’Agno, se décharge dans la mer Tyrrhénienne. Long. 31. 36. latit. 40. 51.

Au Nord de l’embouchure du Clanio étoit l’ancienne Linternum, & conséquemment le tombeau du grand Scipion, sur lequel on a bâti la tour qu’on nomma torre di Patria. J’ai donné l’origine curieuse de ce nom bisarre, en parlant de Linternum. Voyez Linternum. (D. J.)

PATRIARCHAL, adj. (Gramm. & Hist. ecclésiast.) se dit de tout ce qui a rapport à un patriarche, comme dignité, jurisdiction patriarchale, siege patriarchal, &c.

Patriarchal, (Topog. ecclés.) Titre de dignité dans l’Église, & que l’on a donné aux évêques des premiers siéges épiscopaux. Ce mot patriarchal vient du grec πατριάρχης, en latin patrum princeps, c’est-à-dire le prince des peres. Il ne commença à la vérité à être en usage que long-tems après le concile de Nicée, mais la chose même subsistoit auparavant, puisque ce concile approuve la discipline de l’ancien gouvernement ecclésiastique ; en ordonnant que l’évêque d’Aléxandrie étendroit sa jurisdiction sur l’Egypte, la Lybie & la Pentapole ; parce que, dit ce concile, l’évêque de Rome en usoit de la même maniere. On voit par-là, que dès les premiers commencemens de l’Église, il y avoit des patriarches distingués des métropolitains. Voyez Patriarches.

J’ajouterai seulement, que le gouvernement politique de l’Église, n’a jamais connu que cinq patriar-