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ticulieres, tant pour le discernement des nations, que pour la distinction des officiers généraux d’une armée navale. Par ordonnance de 1670 & 1689, il est reglé, que quand l’amiral en personne sera embarqué, il portera le pavillon quarré blanc au grand mât ; le vice amiral, le pavillon quarré blanc au mât d’avant ; le contre-amiral, ou premier lieutenant général, ou chef d’escadre qui en fera la fonction, le pavillon quarré blanc au mât d’artimon, chaque pavillon ayant un quart de battant plus que de guindant. Les chefs d’escadre portent une cornette blanche avec l’écusson particulier de leur département, au mât d’artimon, lorsqu’ils sont en corps d’armée ; mais ils le portent au grand mât quand ils sont séparés & qu’ils commandent en chef. Le battant de leur cornette doit avoir quatre fois le guindant. Elle doit être fendue par le milieu, des deux tiers de sa hauteur, & les extrémités se doivent terminer en pointe. Il est défendu aux vaisseaux particuliers françois de porter le pavillon blanc, qui est affecté aux navires du roi ; les pavillons sont ordinairement d’étamine. Aux navires vaincus ou menés en triomphe, on attache les pavillons aux haubans ou à la galerie de l’arriere, & on les laisse traîner & pancher vers l’eau, & tels vaisseaux sont toués par la poupe.

Les pavillons d’amiral, vice-amiral, & contre-amiral, & les cornettes ne doivent être portés que lorsqu’ils sont accompagnés ; savoir, l’amiral de vingt vaisseaux de guerre ; le vice-amiral & contre-amiral, de douze, dont le moindre doit porter trente-six pieces de canon, & les cornettes de cinq. Les vice-amiraux, lieutenans généraux, & chefs d’escadre qui commandent un moindre nombre de vaisseaux, doivent porter une simple flamme. Lorsque plusieurs chefs d’escadre se trouvent joints ensemble dans une même division ou escadre particuliere, il n’y a que le plus ancien qui doive arborer la cornette, les autres portent une simple flamme. Les capitaines commandant plus d’un vaisseau portent une flamme blanche au grand mât, qui a de guindant la moitié de la cornette, & qui ne peut être moindre que de dix aunes de battans. Il n’est arboré sur les navires de guerre françois aucun pavillon, flamme, ni enseigne de poupe, que de couleur blanche, soit pendant la navigation ou les combats ; il leur est seulement permis de la couleur rouge & autres pour les signaux. L’officier général commandant en chef porte, tant dans les ports & rades qu’à la mer, une enseigne blanche à l’avant de sa chaloupe, pour le distinguer des autres officiers qui la portent à la poupe. Voyez l’Ordonnance de 1689, liv. III. tit. 2. En général les vaisseaux chrétiens portent le pavillon quarré, & les vaisseaux turcs portent le pavillon fendu & coupé en flamme.

Tous les vaisseaux peuvent à l’occasion, mettre une enseigne ou pavillon de poupe, & un de beaupré ; mais il n’y a que l’amiral qui porte le pavillon au grand mât. Il porte encore un flamme au-dessous, si l’armée est divisée en plusieurs escadres, qui aient chacune leur amiral particulier. Voyez Amiral. Le vice-amiral porte le pavillon au mât d’avant, & le contre-amiral au mât d’artimon.

Le pavillon de l’arriere mis en berne, marque ordinairement que quelqu’un qui est hors du vaisseau, est rappellé à bord, ou qu’on a un pressant besoin de quelque chose.

Le pavillon à mi-mât marque qu’il y a quelque personne considérable morte dans le vaisseau. Lorsque Wilte Cornelisz de Wit, vice-amiral de Hollande, fut tué dans la bataille du passage du Sond, qui se donna entre les Suédois & les Hollandois, l’an 1658, & que les Hollandois gagnerent ayant forcé le passage, le vaisseau de ce vice-amiral périt dans le tems que les Suédois s’en rendoient maîtres, & il

ne leur en resta que le corps de Wilte de Wit. Le roi de Suede fit revêtir ce corps de satin blanc, fit couvrir son cercueil d’un magnifique drap mortuaire avec les armes du défunt, le fit mettre dans une gaillote peinte de noir, où il n’y avoit pour pavillon que des flammes noires, & le renvoya au lieutenant-amiral général de Wassenaar, ou d’Opdam. Le chevalier Barclei, vice-amiral de l’escadre blanche d’Angleterre, ayant été tué, & son vaisseau ayant été pris dans un combat entre les Anglois & les Hollandois, au mois de Juin 1666 ; son corps fut renvoyé à Londres dans une gaillote qui portoit un pavillon noir & une flamme noire.

Lorsqu’un équipage se mutine contre les officiers, & qu’il se rend maître du vaisseau, ainsi qu’il arrive quelquefois dans les voyage d’un long cours, les révoltés ont coutume de ne mettre que le pavillon de beaupré, & ils ôtent tous les autres : le pavillon blanc se met pour signal de paix, & le pavillon rouge pour signal de combat.

Les vaisseaux vaincus, qu’on conduit dans les ports des victorieux, ont leur pavillon à l’arriere où ils traînent en oüaiche, c’est-à-dire la pointe en l’eau, ensuite on les pend en des églises ou en d’autres lieux publics. Le pavillon amiral du comte de Bossu, général des Espagnols, pend encore dans l’église de Hoom. Tous les signaux qu’on a coutume de faire en Europe par le moyen des pavillons, les Chinois les font par le moyen de deux bâtons, perches, ou gaules qu’ils tiennent dans leurs mains, & par ces signaux ils se font fort bien entendre de tous ceux qui peuvent les voir.

Le commandant en chef d’une armée navale des Provinces-Unies, porte le pavillon au grand mât ; le second officier général le porte au mat d’avant ; & le troisieme le porte à l’artimon, chacun ayant une flamme au-dessous.

Les simples navires de guerre ne portent point de pavillons, mais seulement de doubles girouettes, à-moins qu’ils ne soient à la tête de quelque flotte de vaisseaux marchands pour l’escorter. Autrefois ils portoient des pavillons aux mâts, mais on a jugé à propos de cesser cet usage, pour éviter les différends dans un tems où les étrangers paroissent si chatouilleux sur un point de peu de conséquence pour le bien de l’état. Dans les armées navales, le pavillon du grand mât s’arbore par le commandant ou officier qui est du plus ancien college. Le premier officier du second college, c’est-à-dire de celui qui suit en ancienneté, porte le pavillon au mât d’avant, & l’officier du troisieme college le porte au mât d’artimon : & afin de bien connoître les vaisseaux, & sous tous quels chefs ils sont rangés, chacun porte sa flamme au même mât ou son chef a la sienne.

Il n’y a point de regle générale pour la grandeur des pavillons, chacun en use à son gré à cet égard.

Les navires de guerre du premier & du second rang des Provinces-Unies ont des pavillons de poupe de quinze cueilles & dix-huit aunes de battant. Les pavillons de beaupré sont de dix cueilles & de sept aunes de battant. Les flammes sont de ving-cinq ou trente aunes de battant, & les girouettes de quatre aunes & de quatre cueilles & demie ou de cinq. Les navires de guerre du troisieme rang ont des pavillons de douze cueilles & de quinze aunes de battant ; des pavillons de beaupré de six cueilles & de sept aunes de battant ; des flammes comme celles des vaisseaux des deux premiers rangs, des girouettes de trois cueilles & demie ou de quatre, & de trois aunes de battant.

Les navires du quatrieme & du cinquieme rang portent des pavillons, des flammes & des girouettes comme à ceux du troisieme rang.

Les navires du sixieme rang ont des pavillons de