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conservation d’un autre pean adressé par le poëte Ariphron Sicyonien à Hygiée, ou la déesse de la santé. Recherches sur les peans, par M. Burette, mém. de l’acad. des Bell. Lettr. tom. X. pag. 301 & 302.

Pean ou Peon, est aussi le nom d’une sorte de pié dans les vers des anciens ; on l’appella ainsi, dit on, parce qu’il dominoit dans les hymnes ou cantiques nommés peans. Mais Quintilien le nomme peon, & en attribue l’invention à un médecin appellé peon. Ce pié consistoit en quatre syllabes, dont trois devoient être breves & une longue ; mais celle-ci pouvoit être disposée de quatre manieres. 1°. Avant toutes les breves, comme dans dīlĭgĕrĕ ; 2°. après une breve, comme dans sŭpērbĭā ; 3°. après deux breves, comme ălĭēnŭs ; 4°. après toutes les breves, comme dans tĕmĕrĭtās. Voyez Pied.

Péan, (Géog. mod.) ville de la Corée, capitale de la province de Péando, sur la mer de la Chine. Les Japonnois s’en emparerent sur les Chinois en 1592. (D. J.)

PEANGE, voyez Ange.

PEAT, s. m. (Hist. nat.) les Anglois donnent ce nom à une espece de tourbe ou de limon, formé par la pourriture des végétaux. Humus palustris.

PEAU, s. f. en Anatomie, c’est un plexus réticulaire ou un corps de vaisseaux, situé immédiatement sous la cuticule ou l’épiderme.

Les vésicules de la peau contiennent une liqueur muqueuse : Malpighi & d’autres pensent que la couleur de la peau vient de la teinture de cette liqueur ; ils se fondent sur ce que la peau des negres est blanche, & leur sang rouge, &c. & que la seule chose qui leur soit particuliere en cette partie est la couleur de cette liqueur. Voyez Negre.

La peau est composée de fibres qui lui sont propres, ou suivant Stenon, elle est formée des productions des tendons des parties subjacentes, qui se terminent en une infinité de mamelons pyramidaux, entrelacés d’un nombre innombrable de fibres nerveuses & d’autres vésicules, qui forment ce que l’on appelle un parenchyme, voyez Parenchyme ; c’est par le moyen de ces mamelons que la peau devient l’organe du toucher. Voyez Mamelons, Papilla.

La peau généralement est liée aux parties subjacentes par la membrane adipeuse, & par les vaisseaux qui lui sont propres, les veines, les arteres, les nerfs, &c. son usage est de couvrir & d’envelopper tout le corps, d’être un émonctoire général pour la matiere de la transpiration, & d’être l’organe du toucher. Voyez Transpiration, Toucher.

Les maladies de la peau sont la gale, la lepre, la petite vérole, la rougeole, le pourpre & les inflammations érésipélateuses. Voyez Gale, Vérole, Lépre, &c.

Peau, Pores de la (Scienc. microscop.) chaque partie de la peau humaine est pleine de conduits excrétoires ou de pores, qui évacuent continuellement les humeurs superflues du fluide qui circule. Pour voir ces pores, il faut couper un morceau de la peau extérieure, aussi mince qu’il sera possible, avec un rasoir bien tranchant ; immédiatement après, vous couperez du même endroit un second morceau que vous appliquerez au microscope ; & dans une partie qui ne sera pas plus grande qu’un grain de sable, vous appercevrez un nombre innombrable de pores aussi clairement que vous pourriez distinguer autant de petits trous formés par une aiguille fine sur le papier, si vous le présentiez au soleil. Les écailles de l’épiderme empêchent qu’on ne voie distinctement les pores, à-moins qu’on ne les sépare avec un couteau, ou qu’on ne les coupe de la maniere précédente ; mais si l’on prépare de cette maniere un morceau de la peau qui est entre les doigts ou sur la pau-

me de la main, & si on l’examine au microscope, on verra avec beaucoup de plaisir la lumiere à-travers les pores.

M. Leeuwenhoëck tâche de donner quelque légere idée du nombre incroyable de pores qui sont sur le corps humain. Il suppose qu’il y a cent vingt pores dans une ligne, qui n’est que la dixieme partie d’un pouce ; cependant pour n’être pas à l’étroit, il ne calcule que sur le pié de cent ; un pouce de longueur en contiendra donc mille, & un pié douze mille ; selon ce calcul, un pié quarré en contiendra cent quarante-quatre millions, & supposant que la surface d’un homme de taille moyenne est de 14 piés quarrés, il y aura sur sa peau deux mille & 16 millions de pores.

Pour avoir une notion encore plus claire de ce nombre prodigieux de pores, par l’idée que nous avons du tems ; supposons avec le P. Mersenne, que chaque heure est composée de soixante minutes, chaque minute de soixante secondes ou de soixante battemens d’une artère ; il y a donc dans une heure 3600 battemens, dans vingt-quatre heures 86400, & dans un an 31536000 ; mais il y a environ soixante-quatre fois autant de pores dans la surface de la peau d’un homme, & par conséquent, il faudroit qu’il vêcût soixante-quatre ans pour n’avoir qu’un seul battement pour chaque pore de sa peau.

Le D. Nathaniel Grew observe, que les pores par lesquels nous transpirons, sont plus remarquables en particulier aux mains & aux piés ; car si l’on se lave bien les mains avec du savon, & si l’on examine seulement avec un verre ordinaire la paume de la main ou les extrémités, & les premieres jointures du pouce & des doigts, on y trouvera une infinité de sillons paralleles entr’eux, d’une égale grandeur, & à distances égales. Une fort bonne vûe pourra sans aucun verre appercevoir sur ces sillons les pores en ligne droite ; mais si on les observe avec un bon verre, chaque pore paroîtra comme une petite fontaine, avec la sueur qui en transpire claire comme de l’eau de roche ; & si on la frotte, on verra sortir immédiatement après une autre goutte.

En faisant réfléxion à cette multitude d’orifices au-dessus de la peau, nous avons lieu de croire que les petits insectes, comme les puces, pous, cousins, &c. ne font pas de nouvelles ouvertures avec leurs instrumens déliés, mais qu’ils ne font que les insinuer dans les vaisseaux de la peau pour en sucer le sang & les autres humeurs qui leur servent de nourriture. (D. J.)

Peau des negres, (Anatomie.) les Anatomistes ont cherché dans quelle partie de la peau résidoit la couleur noire des negres. Les uns prétendent que ce n’est ni dans le corps de la peau, ni dans l’épiderme, mais dans la membrane réticulaire qui se trouve entre l’épiderme & la peau ; que cette membrane lavée & tenue dans l’eau tiede pendant fort longtems ne change pas de couleur, & reste toujours noire ; au lieu que la peau & la sur-peau paroissent être à-peu-près aussi blanches que celle des autres hommes.

Le docteur Towns & quelques autres ont prétendu que le sang des negres étoit bien plus noir que celui des blancs, & par conséquent que la couleur des negres vient de celle de leur sang ; ce qui n’est pas confirmé par l’expérience.

M. Barrere dans une dissertation sur la couleur des negres, imprimée à Paris 1741, pense avec M. Winslow, que l’épiderme des negres est noir, & que s’il a paru blanc à ceux qui l’ont examiné, c’est parce qu’il est extrèmement mince & transparent, mais qu’il est réellement aussi noir que de la corne noire, qu’on auroit réduite à une aussi petite épaisseur. Ils assurent aussi que la peau des negres est d’un