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lacs. Voyez Ceintes, Pl. I. fig. 2. les perceintes cottées 4. & fig. 2. les préceintes cottées O. Voyez aussi Pl.IV. fig. 1. n°. 163, 104, 165 & 166, les premiere, seconde, troisieme & quatrieme perceintes. (Z)

PERCEMENT, s. m. (Archit.) nom général qu’on donne à toute ouverture faite après coup pour la baie d’une porte ou d’une croisée, ou pour quelque autre sujet. Les percemens ne doivent pas se faire dans un mur mitoyen sans y appeller les voisins qui y sont intéressés. Sur quoi on doit consulter les articles 203 & 204 de la coutume de Paris. Voyez aussi Mur mitoyen. (D. J.)

Percement, (Hist. nat. Minéral.) c’est ainsi qu’on nomme dans les mines métalliques une galerie qui part du centre d’une montagne ou d’une mine que l’on exploite, & qui de-là vase terminer en pente à la surface de la terre ou dans un vallon. Il sert à écouler les eaux, & l’on a recours à ce moyen, qui est souvent fort couteux lorsque les eaux sont si abondantes que les pompes ordinaires ne peuvent point suffire à les épuiser. L’on ne peut point toujours former un percement, cela n’est pratiquable que lorsque la mine qu’on exploite est au-dessus du niveau des plaines ou d’une riviere. Voyez l’article Mines.

PERCEPTION, s. f. (Métaphysiq.) la perception, ou l’impression occasionnée dans l’ame par l’action des sens, est la premiere opération de l’entendement : l’idée en est telle, qu’on ne peut l’acquérir par aucun discours ; la seule réflexion sur ce que nous éprouvons quand nous sommes affectés de quelque sensation, peut la fournir. Les objets agiroient inutilement sur les sens, & l’ame n’en prendroit jamais connoissance, si elle n’en avoit pas la perception. Ainsi le premier & le moindre degré de connoissance, c’est d’appercevoir.

Mais puisque la perception ne vient qu’à la suite des impressions qui se font sur les sens, il est certain que ce premier degré de connoissance doit avoir plus ou moins d’étendue, selon qu’on est organisé pour recevoir plus ou moins de sensations différentes. Prenez des créatures qui soient privées de la vûe, d’autres qui le soient de la vûe & de l’ouie, & ainsi successivement ; vous aurez bientôt des créatures qui étant privées de tous les sens, ne recevront aucune connoissance. Supposez au contraire, s’il est possible, de nouveaux sens dans des hommes plus parfaits que nous ne le sommes : que de perceptions nouvelles ! par conséquent combien de connoissances à leur portée, auxquelles nous ne saurions atteindre, & sur lesquelles même nous ne saurions former des conjectures !

Nos recherches sont quelquefois d’autant plus difficiles, que leur objet est plus simple ; les perceptions en sont un exemple. Quoi de plus facile en apparence que de décider si l’ame prend connoissance de toutes celles qu’elle éprouve ? Faut-il autre chose que réfléchir sur soi-même ? Pour résoudre cette question, que les philosophes ont embarrassée de difficultés, qui certainement n’y ont pas été mises par la nature, nous remarquerons que, de l’aveu de tout le monde, il y a dans l’ame des perceptions qui n’y sont pas à son insu. Or ce sentiment qui lui en donne connoissance, je l’appellerai conscience. Si, comme le veut M. Locke, l’ame n’a point de perception dont elle ne prenne connoissance, ensorte qu’il y ait contradiction qu’une perception ne soit pas connue, la perception & la conscience ne doivent être prises que pour une seule & même opération. Si au contraire le sentiment opposé étoit le véritable, elles seroient deux opérations distinctes ; & ce seroit à la conscience, & non à la perception, que commenceroit proprement notre connoissance.

Entre plusieurs perceptions dont nous avons en même tems conscience, il nous arrive souvent d’avoir

plus conscience des unes que des autres, ou d’être plus vivement avertis de leur existence. Plus même la conscience de quelques-unes augmente, plus celle des autres diminue. Que quelqu’un soit dans un spectacle où une multitude d’objets paroissent se disputer ses regards ; son ame sera assaillie de quantité de perceptions, dont il est constant qu’elle prend connoissance : mais peu-à-peu quelques-unes lui plairont & l’intéresseront davantage ; il s’y livrera donc plus volontiers. Dès-là il commencera à être moins affecté par les autres. La conscience en diminuera même insensiblement jusqu’au point que, quand il reviendra à lui, il ne se souviendra pas d’en avoir pris connoissance. L’illusion qui se fait au théatre en est la preuve. Il y a des momens où la conscience ne paroît pas se partager entre l’action qui se passe & le reste du spectacle. Il sembleroit d’abord que l’illusion devroit être d’autant plus vive, qu’il y auroit moins d’objets capables de distraire. Cependant chacun a pu remarquer qu’on n’est jamais plus porté à se croire le seul témoin d’une scene intéressante, que quand le spectacle est bien rempli. C’est peut-être que le nombre, la variété & la magnificence des objets remuent les sens, échauffent, élevent l’imagination, & par là nous rendent plus propres aux impressions que le poëte veut faire naître. Peut-être encore que les spectateurs se portent mutuellement, par l’exemple qu’ils se donnent, à fixer la vûe sur la scène. Quoi qu’il en soit, cette opération par laquelle notre conscience par rapport à certaines perceptions, augmente si vivement, qu’elles paroissent les seules dont nous ayons pris connoissance, je l’appelle attention. Ainsi être attentif à une chose, c’est avoir plus conscience des perceptions qu’elle fait naître, que de celles que d’autres produisent, en agissant comme elle sur nos sens ; & l’attention a été d’autant plus grande, qu’on se souvient moins de ces dernieres.

Je distingue donc de deux sortes de perceptions parmi celles dont nous avons conscience ; les unes dont nous nous souvenons au-moins le moment suivant, les autres que nous oublions aussi-tôt que nous les avons eues. Cette distinction est fondée sur l’expérience que je viens d’apporter. Quelqu’un qui s’est livré à l’illusion se souviendra fort bien de l’impression qu’a fait sur lui une scène vive & touchante ; mais il ne se souviendra pas toujours de celle qu’il recevoit en même tems du reste du spectacle.

On pourroit ici prendre deux sentimens différens de celui-ci. Le premier seroit de dire, que l’ame n’a point éprouvé, comme je le suppose, les perceptions que je lui fais oublier si promptement ; ce qu’on essayeroit d’expliquer par des raisons physiques. Il est certain, diroit-on, que l’ame n’a des perceptions qu’autant que l’action des objets sur les sens se communique au cerveau. Or on pourroit supposer les fibres de celui-ci dans une si grande contention par l’impression qu’elles reçoivent de la scène qui cause l’illusion, qu’elles résisteroient à toute autre. D’où l’on concluroit que l’ame n’a eu d’autres perceptions que celles dont elle conserve le souvenir.

Mais il n’est pas vraissemblable que quand nous donnons notre attention à un objet, toutes les fibres du cerveau soient également agitées ; ensorte qu’il n’en reste pas beaucoup d’autres capables de recevoir une impression différente. Il y a donc lieu de présumer qu’il se passe en nous des perceptions dont nous ne nous souvenons pas le moment d’après que nous les avons eues.

Le second sentiment seroit de dire qu’il ne se fait point d’impression dans les sens qui ne se communique au cerveau, & ne produise par conséquent une perception dans l’ame. Mais on ajoûteroit qu’elle est sans conscience, ou que l’ame n’en prend point connoissance. Mais il est impossible d’avoir l’idée d’une