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trius Chalcondylas ; & il s’appliqua sérieusement à exposer la doctrine d’Aristote telle qu’elle nous est présentée dans les ouvrages de ce philosophe. Il ouvrit la voie à des hommes plus célebres, Pomponace & à ses disciples. Voyez à l’article Aristotélisme, l’abrégé de la doctrine de Pomponance.

Celui-ci eut pour disciples Hercules Gonzaga, qui fut depuis cardinal ; Theophile Polengius, de l’ordre de saint Benoît, & auteur de l’ouvrage burlesque que nous avons sous le titre de Merlin Cocaye ; Paul Jove, Helidée, Gaspard Contarin, autre cardinal, Simon Porta, Jean Genesius de Sepulveda, Jules Cæsar Scaliger, Lazare Bonami, Jules-Cæsar Vanini, & Ruphus, l’adversaire le plus redoutable de son maître. Voyez l’article Aristotélisme.

Inscrivez après Ruphus, parmi les vrais Aristotéliciens, Marc-Antoine Majoragius, Daniel Barbarus, Jean Genesius de Sepulveda, Petrus Victorius ; & après les Strozze, Jacques Mazonius, Hubert Gifanius, Jules Pacius ; & à la suite de Cæsar Cremonin, François Vicomescat, Louis Septale, plus connu parmi les Anatomistes qu’entre les Philosophes ; Antoine Montecatinus, François Burana, Jean Paul Pernumia, Jean Cottusius, Jason de Nores, Fortunius Licet, Antoine Scaynus, Antoine Roccus, Felix Ascorombonus, François Robertel, Marc-Antoine Muret, Jean-Baptiste Monslor, François Vallois, Nunnesius Balsurcus, &c.

Il ne faut pas oublier parmi les protestans aristotéliciens, Simon Simonius, qui parut sur la scene après Joachin Camerarjus & Melanchton ; Jacob Schegius, Philippe Scherbius, &c.

Ernest Sonerus précéda Michel Piccart, & Conrad Horneius lui succcéda & à Corneille Martius.

Christianus Dreierus, Melchior Zeidlerus, & Jacques Thomasius, finissent cette seconde période de l’Aristotélisme.

Nous exposerons dans un article particulier la philosophie de Thomasius. Voyez Thomasius, philosophie de.

Il nous resteroit à terminer cet article par quelques considérations sur l’origine, les progrès & la reforme du Péripatéticisme, sur les causes de sa durée, sur le ralentissement qu’elle a apporté au progrès de la vraie science, sur l’opiniâtreté de ses sectateurs, sur les argumens qu’elle a fournis aux athées, sur la corruption des mœurs qui s’en est suivie, sur les moyens qu’on pouvoit employer contre la secte, & qu’on négligea ; sur l’attachement mal entendu que les Protestans affecterent pour cette maniere de philosopher, sur les tentatives inutiles qu’on fit pour l’améliorer, & sur quelques autres points non moins importans ; mais nous renvoyons toute cette matiere à quelque traité de l’histoire de la Philosophie en général & en particulier, où elle trouvera sa véritable place. Voyez l’article Philosophie en général, (histoire de la)

PERIPETIE, s. f. (Belles-Lettres.) dans le poême dramatique, c’est ce qu’on appelle ordinairement le dénouement ; c’est la derniere partie de la piece, où le nœud se débrouille, & l’action se termine. Voyez Tragédie.

Ce mot vient du grec περιπτητες, chose qui tombe dans un état différent, & qui est formé de περι, autour, & de πιπτω, cado, je tombe.

La peripétie est proprement le changement de condition, soit heureuse, soit malheureuse, qui arrive au principal personnage d’un drame, & qui résulte de quelque reconnoissance ou autre incident, qui donne un nouveau tour à l’action.

Ainsi la peripétie est la même chose que la catastrophe, à-moins qu’on ne dise que celle-ci dépend de l’autre, comme un effet dépend de sa cause ou de son occasion. Voyez Catastrophe.

La peripétie est quelquefois fondée sur un ressou-

venir ou une reconnoissance, comme dans l’Œdipe

roi, où un député envoyé de Corinthe, pour offrir la couronne à Œdipe, lui apprend qu’il n’est point fils de Polybe & de Mérope ; par-là Œdipe commence à découvrir que Laïus qu’il avoit tué étoit son pere, & qu’il a épousé Jocaste sa propre mere ; ce qui le jette dans le dernier desespoir. Aristote appelle cette sorte de dénouement une double peripétie. Voyez Reconnoissance.

Les qualités que doit avoir la peripétie, sont d’être probables & nécessaires ; pour cela elle doit être une suite naturelle, ou au-moins l’effet des actions précédentes, & encore mieux naître du sujet même de la piece, & par conséquent ne point venir d’une cause étrangere, & pour ainsi parler, collatérale.

Quelquefois la peripétie se fait sans reconnoissance, comme dans l’Antigone de Sophocle, ou le changement dans la fortune de Créon, est produit par sa seule opiniâtreté. La peripétie peut aussi venir d’un simple changement de volonté. Cette derniere sorte de dénouement, quoiqu’elle demande moins d’art, comme l’observe Dryden, peut cependant être telle, qu’il en résulte de grandes beautés ; tel est le dénouement du Cinna de Corneille, où Auguste signale sa clémence, malgré toutes les raisons qu’il a de punir & de se vanger.

Aristote appelle ces deux peripéties, peripéties simples ; les changemens qu’elles produisent consistant seulement dans le passage du trouble & de l’action, à la tranquillité & au repos. Voyez Fable & Action.

Corneille avoue que l’agnition, c’est-à-dire, ce que nous nommons reconnoissance, est un grand ornement dans les tragédies ; une grande ressource pour la peripétie, & c’est aussi le sentiment d’Aristote ; mais il ajoute qu’elle a ses inconvéniens. Les Italiens l’affectent dans la plûpart de leurs poëmes, & perdent quelquefois par l’attachement qu’ils y ont, beaucoup d’occasions de sentimens pathétiques qui auroient des beautés plus considérables. P. Corn. 2. disc. sur la tragédie.

Nous pourrions dire la même chose de presque tous nos dramatiques modernes depuis Corneille & Racine. Il est étonnant sur-tout que dans les pieces de ce dernier, les peripéties ne soient jamais l’effet d’une reconnoissance ; en sont-elles moins belles & moins intéressantes ?

PERIPHERIE, s. f. (en Géométrie.) est la circonférence ou la ligne qui termine un cercle, une ellipse, une parabole, ou une autre figure curviligne. Voyez Circonférence, Cercle, &c.

Ce mot est formé de περὶ, autour, & de φέρω, je porte.

La périphérie de chaque cercle est supposée divisée en 360 degrés, qui se subdivisent encore chacun en 60 minutes, les minutes en 60 secondes chacune, &c. Voyez Degré, Minute, &c.

Les Géometres démontrent que l’aire ou surface du cercle est égale à celle d’un triangle, dont la base est égale à la périphérie, & la hauteur au rayon Voyez Triangle.

Il suit de-là que les cercles sont en raison composée de leurs périphéries & de leurs rayons. Or, en-tant que figures semblables, ils sont aussi en raison doublée de leurs rayons : donc les périphéries des cercles sont entre elles comme leurs rayons ; & par conséquent aussi comme leurs diametres. Chambers. (E)

PÉRIPHRASE, s. f. (Rhétorique.) c’est-à-dire circonlocution, détour de mots, figure dont Quintilien a si bien traité, liv. VIII. c. vj. Quod uni aut paucioribus dici potest, explicatur, periphrasim vocant, circuitum loquendi, qui non numquam necessitatem habet, quoties dictu deformia operit… Interim ornatum petit, solum qui est apud Poëtas frequentissimus, & apud