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Perroquet vert commun, psittacus viridis, alarum costa supernâ rubente, Aldrovandi ; ce perroquet est de la grosseur du pigeon domestique. La piece supérieure du bec a l’extrémité noire, le milieu bleuâtre & le reste rougeâtre ; la piece inférieure est blanche ; les yeux ont l’iris d’un jaune de safran ; le sommet de la tête est jaune ; tout le reste du corps a une couleur verte, plus foncée sur la face supérieure de l’oiseau, & plus claire sur la face inférieure ; le bord supérieur de l’aile est rouge ; les jambes & les piés sont cendrés ; la queue est très-courte, elle a en-dessous, sur les côtés, une longue tache rouge, & en-dessus une tache jaunâtre. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.

Petit perroquet vert, psittacus minor macrouros, totus viridis Aldrovandi ; ce perroquet a neuf pouces & demi de longueur, quoiqu’il ne soit pas plus gros qu’une grive. La piece supérieure du bec est rouge, & l’inférieure a une couleur rouge, mêlée de noirâtre ; l’iris des yeux est en partie rouge & en partie jaune ; le corps en entier est d’un beau verd, couleur de pré, plus foncé sur les grandes plumes des ailes, & plus claire sur le ventre ; la queue est très-étroite, & paroît comme pointue à l’extrémité ; les piés & les pattes sont rouges, ou de couleur de chair : ce caractere suffit pour le faire distinguer de toutes les autres especes de perroquets. On trouve cet oiseau dans la Nouvelle-Espagne. Willughby, ornith. Voyez Oiseau.

Perroquet vert et rouge, psittacus viridis menalorhyncos Aldrovandi ; ce perroquet est de médiocre grosseur ; il a du bleu à la base du bec, sur le sommet de la tête & sous la gorge ; toute la face supérieure de l’oiseau est d’un verd-foncé, & la face inférieure est en partie d’un jaune pur, & en partie d’un jaune-verdâtre ; les plumes de dessous la queue & le bord de l’aîle, sont d’un très-beau rouge. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.

Perroquet vert varié, psittacus poikilorhynchos Aldrovandi ; ce perroquet a la face supérieure du bec d’un verd-bleuâtre, & les côtés d’un jaune couleur d’ochre ; il y a près de l’extrémité une tache blanche transversale ; le milieu de la piece inférieure est jaunâtre, & le reste a une couleur plombée ; le sommet de la tête est d’un jaune couleur d’or ; tout le reste du corps a une couleur verte, plus obscure sur la face supérieure de l’oiseau, & plus claire sur la face inférieure ; les ailes & la queue sont vertes, & ont plusieurs autres couleurs mêlées avec ce verd, telles que le violet, le noir, le rouge-obscur, le beau rouge couleur d’écarlate & le jaune. Rai, synop. meth. avium. Voyez Oiseau.

J’ajouterai quelques remarques sur cet oiseau. Son bec est composé de deux parties qui sont couvertes de corne, comme le bec de tous les oiseaux. La supérieure jointe à l’os du nez, sont ensemble sa machoire supérieure, qui se termine en pointe crochue. L’inférieure est une continuité de la machoire inférieure ; elle est crochue, mais elle ne se termine pas en pointe. L’os du nez est joint à l’os coronal par synchondrose, & au bec par une substance recouverte d’une matiere qui n’est ni os ni corne, mais qui approche plus de la corne que de l’os ; la machoire inférieure du perroquet se meut comme dans les autres oiseaux, ayant la même articulation, avec une épiphise attachée à l’os de l’oreille.

L’articulation par synchondrose de la machoire supérieure avec le crâne, est une particularité que l’on trouve dans le crâne du perroquet : en voici une autre. On remarque deux os plats ; l’un à droite, l’autre à gauche, qui forment le palais, & si minces qu’ils en sont un peu transparens. Leur figure est très-irréguliere ; car ils ont chacun six côtés, dont il y en a trois plus longs que les autres. La machoire inférieure a

aussi ses particularités ; car elle est bien plus large que celle du coq d’Inde, du hibou & d’autres oiseaux. Son articulation est différente, aussi-bien que l’extrémité antérieure qui est crochue. Au moyen de deux gouttieres qui sont à l’extrémité de cette machoire, elle peut s’avancer en-devant & reculer en-arriere. A chacune des surfaces latérales on voit un trou large de près d’une ligne, & qui est percé dans la partie moyenne.

Une autre singularité du perroquet regarde ses paupieres. Il a la paupiere supérieure mobile, comme le chat-huant ; elle s’abaisse en même tems que la paupiere inférieure s’éleve, mais beaucoup moins que la paupiere inférieure ne s’abaisse. Dans le perroquet mort, les deux paupieres se trouvent jointes ensemble sur la cornée ; elles ont fait chacune la moitié du chemin pour s’y rencontrer, ce que M. Petit n’a jamais observé que dans le perroquet ; car il a remarqué que dans tous les autres oiseaux, c’est la paupiere inférieure qui s’éleve dans le moment qu’ils meurent, & elle va joindre la paupiere supérieure qui ne s’abaisse en aucune maniere. Tout ceci n’est que pour les Anatomistes, qui peuvent en outre parcourir la dissection du perroquet donnée par Oliger, dans les acta Haffn. vol. II. n°. 124. ann. 1673. Voici des détails pour d’autres lecteurs.

Pline lib. X. c. xlij. dit : super omnia humanas voces reddunt psittaci, & quidem sermocinantes : India avem hanc mittit. Psittacum vocant toto corpore tantum in cervice distinctam. Les anciens ne connoissoient point d’autres perroquets que les indiens ; c’est l’oiseau des Indes de Ctésias, d’Aristote, d’Elien, de Pausanias & autres. On lit dans Diodore de Sicile, lib. II. p. 95. que l’on trouvoit encore des perroquets en Syrie, c’est-à-dire en Assyrie, où étoit la ville de Sittace ou Psittace, que l’on supposoit avoir tiré son nom de cet oiseau. Calisthene le rhodien, cité par Athenée, dit que du tems de Ptolomée Philadelphe, on vit à Alexandrie, comme une grande merveille, des perroquets, des paons, des phaisans, & quelques autres oiseau de cette rareté. Les perroquets étoient encore très-rares à Rome du tems de Varron ; car parlant de certaines poules, il ajoute qu’on en montroit dans les fêtes publiques, ainsi que des perroquets, des merles blancs, & autres animaux de ce genre peu connus. Aussi Ovide en pleurant la mort du perroquet de sa Corine, amor. II. éleg. vj. l’appelle extremo munus ab orbe datum, un présent donné du bout du monde. Bientôt ils devinrent moins rares ; ils étoient connus sous le regne de Tibere.

Les especes de perroquets & d’aras, différens en grandeur, en couleur & en figure, sont sans nombre. Les perroquets les plus ordinaires au Para, ceux qu’on connoît à Cayenne sous le nom de tahouas ou de perroquets de l’Amazone, sont verts, avec le haut de la tête, le dessous & les extrémités des ailes d’un beau jaune. Une autre espece appellée aussi tahouas à Cayenne, est de la même couleur, avec cette seule différence, que ce qui est jaune dans les autres, est rouge dans ceux-ci. Mais les plus rares de tous, sont ceux qui sont entierement jaunes, de couleur de citron à l’extérieur, avec le dessous des aîles, & deux ou trois plumes de leur bout, d’un très-beau verd ; ils deviennent extrèmement familiers. On ne connoît point en Amérique l’espece grise qui a le bout des aîles couleur de feu, & qui est si commune en Guinée.

Les Indiens des bords de l’Oyapoc, ont l’adresse de procurer artificiellement aux perroquets, des couleurs naturelles, différentes de celles qu’ils ont reçues de la nature, en leur tirant des plumes en différens endroits sur le col & sur le dos, & en frottant l’endroit plumé du sang de certaines grenouilles ; c’est là