Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 12.djvu/461

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remettra encore de la poudre la hauteur de deux pouces & demi, on la refoulera de même ; on aura dans une phiole grosse comme le pouce, du mercure qui sera couvert d’un simple parchemin, auquel on fera sept ou huit petits trous avec une épingle, & l’on sécouera trois ou quatre fois pour en faire sortir du mercure.

L’on fera un autre lit de poudre comme le premier, & l’on y mettra du sublime, comme on a fait d’abord ; ensuite un autre lit de poudre, & encore du mercure, comme ci-devant ; ce qui fait en tout quatre lits ; le cinquieme sera comme le premier.

Vous le couvrirez de deux doubles de papier coupés en rond du diametre du pétard, que vous mettrez dessus son ouverture : vous mettrez des étoupes par-dessus à la hauteur d’un pouce, & avec le morceau de bois, dont on a parlé, l’on enfoncera le tout à force.

On fera un mastic composé d’une livre de brique ou de tuile bien cuite, que l’on pulvérisera & tamisera, & d’une demi-livre de poix-résine ou colofane.

Vous ferez tout fondre ensemble, & remuerez avec un bâton, en sorte que le tout soit bien délayé, & vous verserez ce mélange tout chaud sur les étoupes.

Vous aurez une plaque de fer de l’épaisseur de 4 ou 5 lignes du calibre du pétard, à laquelle il y aura trois pointes qui déborderont du côté du madrier, afin qu’elles puissent entrer dedans ; vous appliquerez ce fer sur le mastic, dont le surplus débordera par le poids du fer.

Il faut que ce fer soit au niveau du pétard, & le poser ensuite sur votre madrier, qui sera entaillé de quatre à cinq lignes pour loger le pétard, observant de faire trois trous pour recevoir les trois pointes de la plaque de fer que vous avez appliquée sur le cul du pétard.

Vous remplirez ensuite l’encastrement de ce mastic mis bien chaud, & renverserez dans le moment votre pétard dessus ; & comme il doit y avoir quatre tenons ou tirans de fer passés dans les anses pour arrêter le pétard sur le madrier, il faudra faire entrer une vis dans chacun, & la serrer bien ferme pendant que le mastic sera chaud, afin de boucher tout le jour qui pourroit se trouver dans l’encastrement.

Il est bon de remarquer encore que la lumiere du pétard se met quelquefois au haut, & quelquefois à un pouce & demi au-dessous ; mais de quelque maniere qu’elle soit située, il faut toujours un porte-feu fait de fer du diametre de la lumiere, & de trois pouces de longueur, qu’on enfonce dedans avec un maillet de bois.

Avant que de le placer, il faut avec un dégorgeoir de fer, dégorger un peu la composition du dedans du pétard, & y faire entrer ensuite un peu de nouvelle composition, afin de donner mieux le feu, & avec un peu plus de lenteur.

Cette composition doit être d’un huitieme de poudre, d’un quatrieme de salpêtre, & d’un deuxieme de soufre ; c’est-à-dire que pour huit onces de poudre, il faut quatre onces de salpêtre & deux de soufre. On pulvérise ces trois matieres séparément ; & après les avoir mêlées, on en charge le porte-feu, qu’on couvre avec du parchemin ou du linge goudronné pour le garantir de l’injure de l’air.

Pétard, (terme d’Artificiers.) on peut mettre au nombre des garnitures ces petits pétards que font les enfans dans les rues avec du papier & un peu de poudre, qu’on appelle aussi péterolles.

On plie une feuille de gros papier sur sa longueur par plis de 9 à 10 lignes d’intervalle en trois plis successifs, qu’on ouvre ensuite pour former une espece de canal dans lequel on couche un lit de poudre de peu d’épaisseur, étendue bien également, on l’y

enveloppe en plusieurs doubles en continuant de plier le reste de la feuille, ce qui forme un paquet long & plat qu’on replie ensuite en travers de l’intervalle d’environ un pouce & demi, par plis alternatifs en zigzag, en façon de Z d’un côté & d’autre, frappant sur les bords de chacun avec un marteau dans la largeur de 2 à 3 lignes, pour écraser un peu la poudre qui s’y trouve, afin que le passage du feu y étant moins ouvert s’y communique successivement, & non pas tout-d’un-coup, comme il arriveroit sans cette précaution. Le paquet ainsi réduit à cette petite longueur, doit être serré par le milieu avec plusieurs tours de ficelle ; & pour y mettre le feu, on fait un trou à côté de la ligature qui pénetre jusqu’à la poudre grenée, dans lequel on introduit un peu de poudre écrasée dans l’eau pour lui servir d’amorce. Il n’est personne qui n’ait vu l’effet de cet artifice, qui est tombé, pour ainsi dire, en mépris, tant il est commun, mais qui a son mérite lorsqu’on en joint ensemble une certaine quantité pour faire une escopeterie successive assez amusante.

PÉTARDER, v. act. (Art. milit.) c’est attaquer une porte, un château, par le moyen du pétard.

PÉTARDIER, s. m. (Art milit.) officier d’artillerie commandé pour attacher le pétard & y mettre le feu.

PÉTARRADE, s. f. (Maréchal.) pet de cheval ou d’âne. C’est aussi une ruade que le cheval fait lorsqu’il est en liberté.

PÉTASITE, s. f. (Hist. nat. Bot.) petasites ; genre de plante à fleur en fleurons, composée de plusieurs fleurons profondément découpés, & soutenus par un calice presque cylindrique, & divisé en plusieurs parties. Chaque fleuron est placé sur un embryon qui devient dans la suite une semence garnie d’une aigrette. Ajoutez aux caracteres de ce genre que les fleurs naissent avant les feuilles. Tournefort, inst. rei herb. Voyez Plante.

Tournefort établit quatre especes de ce genre de plante, en anglois butter-burr, dont nous décrirons la grande ou commune, petasites major, vulgaris, I. R. H. 451, tussilago scapo imbricato thyrsifero, floscalis omnibus hermaphroditis, Linnæi. Hort. Cliffort 411.

La racine de cette espece de pétasite, ou grand pas d’âne, est grosse, longue, brune en-dehors, blanche en-dedans, d’un goût âcre, aromatique, un peu amer, & d’une odeur suave. Elle pousse des tiges à la hauteur d’environ un pié, de la grosseur du doigt, creuses, lanugineuses, revêtues de quelques petites feuilles étroites, pointues, terminées par un bouquet de fleurs à fleurons purpurins, & semblables à de petits godets, taillés en quatre ou cinq parties ; tous ces fleurons sont soutenus par un calice presque cylindrique, recoupé jusques vers la base en plusieurs quartiers. Les fleurs se flétrissent en peu de tems, & tombent avec leur tige ; elles sont suivies par des semences garnies chacune d’une aigrette.

Après que la tige est tombée, il s’eleve des feuilles grandes & amples, presque rondes, un peu dentelées en leur bord, d’un verd brun en-dessus, attachées par le milieu à une queue longue de plus d’un pié, grosse, ronde, charnue ; ces feuilles ont la figure d’un chapeau renversé, ou d’un grand champignon porté sur la queue.

Cette plante aime les lieux humides, les bords des rivieres & des ruisseaux : elle fleurit au commencement du printems, & même quelquefois des le mois de Février dans les pays chauds. On fait usage de la racine ; on l’estime apéritive, résolutive & vulnéraire ; elle entre dans l’orviétan, & l’emplâtre diabotanum de la pharmacopée de Paris. (D. J.)

PÉTAURE, s. f. (Littér.) en latin petaurum ; roue posée en l’air sur un aissieu, par le moyen de laquelle