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PÉTENUCHE, s. f. (Soierie.) ou galette de cocole. C’est une bourre de soie d’une qualité inférieure à celle qu’on appelle fleuret. Quand elle est filée, teinte, & bien apprêtée, on l’emploie à la fabrique de certaines étoffes, comme papelines, &c. On s’en sert aussi à faire des padoues, des galons de livrée, des lacets, & d’autres semblables ouvrages.

PÉTER, v. n. Voyez l’art. Pet.

Peter, s. m. (Gram. Hist. nat. Bot.) espece de nénufar qui croît dans l’eau, dont la racine est attachée à une substance blanche couverte d’une peau rouge, qui se partage en plusieurs gousses ; il a le goût de la noisette quand il est frais. Son suc attaque le cuivre, à ce qu’on dit ; cependant il est doux.

Peter, v. n. (Gram.) lâcher un vent par-derriere, avec bruit. On dit que les Borciens ne se gênoient pas là-dessus, cela me paroît plus des Cyniques.

On dit peter, de tout ce qui fait un bruit subit & éclatant.

PETERBOROUG, (Géog. mod.) ville épiscopale d’Angleterre, en Northamptonshire, avec titre de comté. Elle envoie deux députés au parlement, & est sur le Neu. C’est un des six évêchés établis par Henri VIII. Long. 17. 20. lat. 52. 36.

PETERKOW, PETRICOW, PETRICOVIE, ou PIELTRICOW, (Géog. mod.) petite ville de Pologne dans la partie orientale du Palatinat de Siradie, près de la Pileza, à 26 lieues au nord de Cracovie. Long. 37. 32. latit. 51. 16. (D. J.)

PETERMANGEN, (Comm.) petite monnoie d’Allemagne, qui se frappe dans l’electorat de Treves, & sur laquelle on vont l’image de l’apôtre S. Pierre ; elle vaut cinq kreutzers. Voyez Kreutzer.

PETEROLLE, s. f. (Artificier.) c’est le petit artifice des écoliers, fait avec un peu de poudre renfermée dans une feuille de papier repliée de plusieurs plis, pour tirer plusieurs coups de suite.

PETERSBOURG, (Géog. mod.) la plus nouvelle & la plus belle ville de l’empire de Russie, bâtie par le czar Pierre, en 1703, à l’orient du golfe de Finlande, & à la jonction de la Néva & du lac de Ladoga.

Pétersbourg, capitale de l’Ingrie, s’éleve sur le golfe de Constadt, au milieu de neuf bras de rivieres qui divisent ses quartiers ; un château occupe le centre de la ville dans une île formée par le grand cours de la Neva ; sept canaux tirés des rivieres, baignent les murs du palais, ceux de l’amirauté, du chantier, des galeres, & de quelques manufactures. On compte aujourd’hui dans cette ville trois cens mille ames, trente-cinq églises ; & parmi ces églises il y en a cinq pour les étrangers, soit catholiques-romains, soit reformés, soit luthériens : ce sont cinq temples eleves à la Tolérance, & autant d’exemples donné, aux autres nations.

Les deux principaux palais sont l’ancien palais d’été, situé sur la riviere de Néva, & le nouveau palais d’été près de la porte triomphale ; les bâtimens élevés pour l’amirauté, pour le corps des cadets, pour les colléges impériaux, pour l’académie des sciences, la bourse, le magasin des marchandises, celui des galeres, sont autant de monumens utiles. La maison de la police, celle de la pharmacie publique, où tous les vases sont de porcelaine ; le magasin pour la cour, la fonderie, l’arsenal, les ponts, les plans, les casernes, pour la garde à cheval, & pour les gardes à pié, contribuent à l’embellissement de la ville, autant qu’à sa sureté.

Mais une chose étonnante, c’est qu’elle ait été élevée dans l’espace de six mois, & dans le fort de la guerre. La difficulté du terrein qu’il fallut raffermir, l’éloignement des secours, les obstacles imprévus qui renaissoient à chaque pas en tout genre de travail, enfin les maladies épidémiques qui enlevoient un

nombre prodigieux de manœuvres, rien ne découragea le fondateur. Ce n’étoit à la vérité qu’un assemblable de cabanes avec deux maisons de briques, entourées de remparts ; la constance & le tems ont fait le reste.

Il n’est pas moins surprenant que ce soit dans un terrein désert & marécageux, qui communique à la terre ferme par un seul chemin, que le czar Pierre ait élevé Pétersbourg ; assurément il ne pouvoit choisir une plus mauvaise position.

Quoique cette ville paroisse d’abord une des belles villes de l’Europe, on est bien désabusé quand on la voit de prés. Outre le terrein bas & marécageux, une forêt immense l’environne de toutes parts ; & dans cette forêt, tout y est mort & inanimé. Les matériaux des édifices sont très-peu solides, & l’architecture en est bâtarde. Les palais des boyards ou grands seigneurs, sont de mauvais goût, mal construits & mal entretenus. Quelqu’un a dit que partout ailleurs, les ruines se font d’elles-mêmes, mais qu’on les fait à Pétersbourg. Les habitans voyent relever leurs maisons plus d’une fois en leur vie, parce que les fondemens ne sont point durables faute de pilotis.

Ajoutez que cette ville & le port de Cronstadt, sont en géneral des places peu convenables pour la flotte, qui eût été beaucoup mieux à Revel. L’eau douce de la Neva fait pourrir les vaisseaux en peu d’années. La glace qui ne leur permet de sortir que fort tard dans la saison, les oblige de rentrer bientôt, & les expose à beaucoup de dangers. Lors même que la glace est fondue, les vaisseaux ne peuvent sortir que par un vent d’est ; & dans ces mers, il ne regne presque que des vents d’ouest pendant tout l’été.

Enfin, les bâtimens ne peuvent être conduits des chantiers de Pétersbourg à Cronstadt qu’après bien des périls, & avec des frais très-couteux ; mais le Czar se plaisoit à vaincre les difficultés, & à forcer la nature. Il vouloit avoir des gros vaisseaux, quoique les mers pour lesquelles ils étoient destinés n’y fussent pas propres : il vouloit avoir ces vaisseaux près de la capitale qu’il élevoit. On pouvoit appliquer à sa flotte & à sa ville, ce qui a été dit de Versailles : votre flotte & votre ville ne seront jamais que des favoris sans mérite.

Le bois de construction qu’on emploie pour les vaisseaux de Pétersbourg, vient du royaume de Casan par les rivieres, les lacs & les canaux, qui forment la communication de la Baltique avec la mer Caspienne : ce bois demeure deux étés en chemin, & ne se bonifie pas dans le trajet.

Tout mal situé qu’est Pétersbourg, il a bien fallu que cette ville devînt le siege du commerce de la Russie, dès qu’une fois le souverain en a fait la capitale de son empire. Les marchandises de cet empire consistent en pelleteries, chanvres, cendres, poix, lin, bois, savon, fer & rhubarbe. On y voit arriver annuellement 80 à 90 vaisseaux anglois, & la balance du commerce des deux nations est en faveur de la Russie, d’environ cinquante mille livres sterling. Les vaisseaux hollandois ne passent pas pour l’ordinaire par les ports de Narva ou de Riga. La balance est à-peu-près égale entre les deux peuples. Le commerce avec la Suede est presque entierement à l’avantage des Russes, aussi-bien que celui qu’ils font avec les Polonois.

Mais Pétersbourg fait des emplettes très-considerables des marchandises françoises, qui servent à nourrir le luxe de cette cour, & l’on peut compter que les Russes, pauvres en argent, y dépensent plus que le profit qu’ils font sur l’Angleterre. Il faudroit en Russie des loix somptuaires, bien observées, qui missent des bornes à ce genre de frénesie, d’autant plus