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PETTEIA, s. f. dans la Musique ancienne, est un terme grec, auquel je n’en vois point de correspondant dans notre langue.

La mélopée, c’est-à-dire l’art d’arranger les sons de maniere à faire mélodie, se divise en trois parties, que les Grecs appellent lepsis, mixis & chreses : les latins sumptio, mixtio & usus ; & les Italiens presa, mescolamento & uso : cette derniere est aussi appellée par les Grecs πεττεία.

La petteia est donc, selon Aristide, Quintilien, l’art de faire un juste discernement de toutes les manieres d’arranger & de combiner les sons entr’eux, en sorte qu’ils puissent produire leur effet, c’est-à-dire qu’ils puissent exciter les différentes passions que l’on se propose de mettre en mouvement. Ainsi, par exemple, elle enseigne de quels sons on doit faire ou ne pas faire usage, combien de fois on en peut répéter quelques-uns ; ceux par où l’on doit commencer, ceux par où l’on doit finir.

C’est la petteia qui constitue les modes de musique ; elle détermine au choix de telle ou telle passion, de tel ou tel mouvement de l’ame propre à la réveiller dans telle ou telle occasion ; c’est pourquoi la petteia est en musique ce que les mœurs sont en poésie. Voyez Mœurs.

On ne voit pas ce qui a déterminé les Grecs à lui donner ce nom, à moins qu’ils ne l’aient pris de πεττεία, leur jeu d’échecs, la petteia de musique étant une sorte de combinaison & d’arrangement de sons, de même que le jeu d’échecs est un arrangement de pieces appellées πεττοὶ, calculi, des échecs. (S)

PETTINA, (Hist. mod.) c’est le nom que l’on donne en Russie à un impôt extraordinaire, par lequel dans des nécessités pressantes, les sujets de cet état despotique sont forcés à payer le cinquieme de leurs biens.

PETTAW, (Géogr. mod.) ou Pettau, petite ville d’Allemagne au cercle d’Autriche, dans le duché de Stirie. Cette ville est ancienne, & subsistoit du tems des Romains, qui l’ont connue sous le nom de Petovio, diversement ortographiée. On en peut voir les antiquités dans l’ouvrage latin de Lazius, de la république romaine. Pettaw est à la frontiere de la basse-Stirie, à 4 milles au-dessous de Rackerspurg, sur la Drave, qui étoit anciennement la borne des Romains, à 43 lieues S. de Vienne, 14 N. E. de Cilley. Long. 34. 4. lat. 46. 40. (D. J.)

PETUARIA, (Géog. anc.) ville de la grande Bretagne. Ptolomée, liv. II. ch. iij. la donne au peuple Parisi. Quelques-uns veulent que c’est présentement Peterborn, & d’autres disent Beverley.

PETULA, (Géog. anc.) village d’Italie dans le territoire & au voisinage de Mantoue. C’est un village bien remarquable, puisqu’il occupe la place de l’ancien village d’Andés, où naquit Virgile, sous le consulat du grand Pompée, & de M. Licinius Crassus, le 15 Octobre de l’an 683 de la fondation de Rome. Il mourut à Brindes le 22 Septembre 734. Voyez, dans le supplément de cet ouvrage, Andez & Brundusium.

Dans tous les lieux qui nous retraceront la mémoire de Virgile, nous ne nous lasserons point d’en parler, parce que nous l’aimons pour la beauté de son caractere, comme nous l’admirons pour l’excellence de sa muse. Une pensée heureuse dans les écrits de ses rivaux, lui plaisoit autant que s’il l’avoit inventée lui-même. Telle étoit la générosité de son cœur, qu’il n’étoit pas piqué qu’un autre s’appropriât la gloire de son travail. Sa modestie lui valut le beau surnom qu’il portoit. Enfin il effaçoit tous les poëtes de son tems, & tous ne pouvoient s’empêcher de la chérir. On sait avec quel art il inséra dans l’Enéide l’éloge du fils d’Octavie, & nous n’oublierons pas cette particularité, en parlant du théâtre de Marcellus. (D. J.)

PETULANT, adj. (Gram.) il se dit d’un homme incommode par l’agitation continuelle où il est, le mouvement qu’il se donne, & le trouble où il tient les autres.

PÉTUNTSE ou PETUNSE, s. m. (Hist. nat. Min. & Arts.) c’est le nom que les Chinois donnent à une pierre, qui, pulvérisée & mêlée avec une terre qu’ils appellent kaolin, fait une véritable porcelaine. Voyez Porcelaine.

Le pétuntse est une pierre dure & opaque, d’un gris clair, tirant un peu sur le jaunâtre ou sur la couleur de chamoi : il y en a aussi qui est un peu verdâtre. Il se trouve par couches dans le sein de la terre, & est assez souvent chargé de dendrites ou de figures semblables à des arbrisseaux ou à des buissons. Cette pierre fait feu lorsqu’on la frappe avec le briquet, mais elle ne donne que peu d’étincelles, & elles sont assez foibles.

Le célebre M. de Reaumur a cru que le petuntse étoit une espece de caillou, & que c’étoit comme pierre vitrifiable, qu’il se trouvoit propre à entrer dans la composition de la porcelaine, qu’il regardoit comme une espece de vitrification ; mais la description qu’on vient de donner de cette pierre, suffit pour faire voir qu’elle differe du caillou. D’ailleurs la propriété qu’elle a de donner du corps à la composition de la porcelaine, & de se durcir au feu, caractérise une pierre argilleuse.

Les Chinois après avoir réduit le petuntse en une poudre fine, lui donnent la forme d’une brique, afin de s’en servir pour faire la porcelaine. Voyez cet article.

Comme depuis plusieurs années on a cherché les moyens de perfectionner les porcelaines qui se font en Europe, on a tâché de se procurer les matieres employées par les Chinois. Dans cette vue, feu M. le duc d’Orléans qui s’occupoit dans sa retraite, d’expériences utiles à la société, fit venir de la Chine du petuntse & du kaolin. Après en avoir reçu des échantillons suffisans, ce prince n’eut rien plus à cœur, que de faire examiner si ces substances ne se trouvoient point en France. Ses soins ont été assez infructueux, & de son vivant on n’a pas pu trouver de pierre qui ressemblât en tout point au pétuntse des Chinois ; mais depuis on a trouvé que cette matiere étoit très-abondante dans quelques provinces du royaume. Quant au kaolin, on en avoit déja trouvé depuis assez long-tems ; ainsi il ne nous manque plus rien pour faire de la porcelaine, qui ait toutes les qualités de celle de la Chine, & qui ne soit point une vitrification, comme sont toutes les porcelaines de Saxe, de Chelsea, de Chantilly, &c. En un mot, comme toutes celles qui ont été faites en Europe jusqu’à présent. Voyez l’article Porcelaine.

On croit devoir avertir qu’il se trouve fort communément une espece de pierre à chaux, dure, compacte, d’un grain fin & un peu luisante, qui au coup d’œil extérieur, ressemble beaucoup au pétuntse dont nous parlons ; mais on découvrira bientôt qu’elle en differe, vu qu’elle ne donne point d’étincelles lorsqu’on la frappe avec de l’acier, & qu’elle se dissout avec effervescence dans les acides, ce qui caractérise une pierre calcaire, tandis que ces acides n’agissent en aucune maniere sur le vrai pétuntse.

On trouve dans les mémoires da l’académie royale des Sciences de Suede, année 1763, une dissertation de M. Henri Théod. Scheffer, dans laquelle il prend pour le pétuntse des Chinois, une pierre feuilletée, luisante, demi-transparente, d’une couleur verdâtre & fort pesante, qui lui avoit été donnée comme venant de la Chine. Il conclud d’après les expériences qu’il a faites sur cette pierre, qu’elle est de la nature du gypse ; mais la description que nous avons donnée du pétuntse, suffit pour faire voir que ce sentiment n’est point fondé. (—)