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qui survient aux affections de ce nom, & ce que l’on appelle vapeurs. Voyez Phtisie nerveuse & Vapeurs

Phtisie dorsale, (Médecine.) espece de phtisie qui a été ainsi appellée, parce qu’outre les symptômes généraux, elle est accompagnée d’une démangeaison douloureuse & singuliere le long de l’épine du dos ; les malades la représentent en la comparant à la sensation que feroient une grande quantité de fourmis qui courroient sur cette partie.

Hippocrate est le plus ancien auteur qui ait parlé de cette maladie, & celui qui l’a décrite avec le plus d’exactitude. Ceux qui en sont attaqués évacuent avec l’urine, ou en même tems qu’ils font des efforts pour aller à la selle, une grande quantité de semence liquide ; ils sont sujets à des pollutions nocturnes (voyez ce mot), ce qui les jette dans une foiblesse extrème, & dans une maigreur affreuse : leur respiration est difficile & courte ; ils sont essouflés au moindre mouvement, prêts à suffoquer quand ils ont couru ou monté dans des lieux élevés : une pesanteur de tête les tourmente sans cesse, & un tintement importun leur fatigue l’oreille ; ils éprouvent souvent des attaques de fievre violente, enfin la fievre lypirie se déclare, un feu intérieur les consume, tandis que les parties externes sont presque toujours glacées. Il n’est pas rare alors de voir survenir des symptômes effrayans, avant-coureurs d’une mort terrible, & pour l’ordinaire bien méritée. Lib. II. de morbis ; de aere, locis & aquis ; de genitur. de natur. pueri.

La phtisie dorsale est la suite familiere & la juste punition des débauches outrées, des excès dans les plaisirs vénériens ; tous les accidens qui l’accompagnent ont pour cause l’évacuation immodérée de la semence, dit Hippocrate, qui porte ses principaux coups sur le cerveau & sur la moëlle épiniere, qui n’en est qu’un prolongement. Trois autres causes peuvent aussi, suivant le même auteur, produire cette maladie, quoique moins fréquemment ; savoir un influx trop abondant de sang dans la moëlle épiniere, un transport d’humeurs de mauvais caractere sur cette partie, & enfin son exsiccation ; mais alors l’excrétion de semence n’est pas si abondante, & les accidens ne sont ni aussi rapides ni aussi violens. Le danger est plus grand & plus prochain dans la vraie phtisie dorsale qui a pris naissance de la dissipation excessive de la semence : ces malades sont sujets à des enflures de jambes, à des ulceres opiniâtres & périodiques dans la région des lombes, à des cataractes épaisses sur les yeux ; il n’est pas rare d’en voir qui perdent tout-à-fait la vûe. La phtisie dorsale est souvent précédée & accompagnée de satyriasis, du priapisme, de la pollution nocturne, & des accidens terribles qui se rencontrent dans ces maladies. Voyez ces articles & Manustupration, qui en est une des principales causes. Les malades parvenus à ce point, n’échappent presque jamais à la mort. Ce fut ainsi que se termina cette maladie dans Grypalopax, dont Hippocrate rapporte l’histoire epidem. lib. VI. sect. viij. text. 52. qui tombé dans cette consomption, étoit sujet à des excrétions involontaires de semence, non-seulement durant la nuit, à l’occasion de songes voluptueux, mais même pendant le jour étant très-bien éveillé.

Les dissipations, les voyages, l’exercice, l’équitation, & les plaisirs qui soient plus propres à dissiper qu’à faire naître les idées voluptueuses, sont les principaux secours desquels on puisse attendre du soulagement dans cette maladie : sans leur concours, en vain fatiguera-t-on le malade par les médicamens qui passent pour les plus appropriés ; on n’en obtiendra que peu ou point d’effet ; le parti le plus avantageux est de les seconder les uns par les autres. Ainsi aux secours indiqués on pourra joindre l’usage d’alimens legers, de facile digestion, & capables de fournir une

bonne nourriture, & des remedes qui sans occasionner du trouble dans la machine, réparent doucement ses pertes, & rétablissent insensiblement le ton des vaisseaux relâchés. C’est pourquoi on évitera avec soin les purgatifs de quelqu’espece qu’ils soient, & tous les remedes échauffans ; on mettra le malade au lait, même pour toute nourriture ; mais on insistera davantage sur celui d’ânesse. Hippocrate conseille d’en continuer l’usage pendant quarante jours ; pendant ce tems on pourra faire prendre quelques legeres prises d’une poudre tonique faite avec le quinquina, le nitre & le safran de Mars, ou le tartre chalybé : on augmentera insensiblement la dose de ce remede à mesure qu’on s’appercevra de ses bons effets, qu’il n’anime pas trop, & n’entraîne aucun accident. On pourra venir ensuite à l’usage des bouillons stomachiques, des extraits amers, des eaux minérales ferrugineuses, excellentes à plus d’un titre : par ce moyen on parviendra à arrêter les progrès de cette funeste maladie, & peut-être à la guerir entierement ; il ne faut pas oublier que les bains froids sont très-bien indiqués dans le cas présent (Voyez Manustupration) ; ils ont l’admirable propriété de calmer la mobilité des nerfs, de leur donner de la force & du ton, sans exciter la moindre chaleur ou la plus légere agitation ; avantages bien précieux, sur-tout dans le traitement de cette maladie.

Phtisie nerveuse ; c’est une consomption tabide de tout le corps, sans fievre, sans toux, ni difficulté de respirer qui soit considérable, avec perte d’appétit, indigestion & grande foiblesse, les chairs étant fondues & consumées. Cette maladie attaque quelquefois les Anglois, & sur-tout dans les derniers tems, de même que quelques françois. La cause en est évidente, c’est l’usage des liqueurs spiritueuses ; elle arrive aussi à ceux qui reviennent des Indes occidentales : toute l’habitude du corps paroît d’abord œdémateuse & se gonfle, étant remplie d’une lymphe vapide & nullement spiritueuse ; le visage est pâle, l’estomac répugne à toutes sortes d’alimens, à l’exception des liquides ; le malade rend peu d’urine, qui souvent est rouge, quelquefois pourtant pâle & abondante. Il n’y a ni fievre ni difficulté de respirer, si ce n’est dans le dernier état de la maladie. Le genre nerveux est affecté dans cette maladie, mais l’estomac est sur-tout le siége.

Les causes primitives sont pour l’ordinaire les violentes passions de l’ame, l’usage trop fréquent & trop abondant des liqueurs spiritueuses, le mauvais air, & généralement tout ce qui peut produire les crudités. C’est une vraie maladie chronique, & très-difficile à guérir, à-moins qu’on ne s’y applique dès son commencement ; elle se termine ordinairement par une hydropisie incurable.

Traitement. Il demande les remedes généraux, & ensuite les stomachiques intérieurs & les extérieurs, les martiaux, les anti-scorbutiques, les céphaliques, les amers. Il faut purger de la façon suivante : prenez des eaux de cerises noires, de pivoine, de poudre de hiera.

On emploie extérieurement l’emplâtre stomachique magistral, avec quelques gouttes d’huile de canelle & d’absinthe sur la région de l’estomac. On se sert en été des eaux minérales ferrugineuses. Entre les préparations du mars, l’extrait de Mensicht est à préférer.

PHTOSE, (Médec.) φθοσις, rélâchement de la paupiere, dans lequel cas son bord se retourne en dedans, conjointement avec ses cils qui offensent & blessent l’œil ; c’est une espece de trichiase. Voyez Trichiase. (D. J.)

PHURIM ou PURIM, (Crit. sacr.) c’est-à-dire les sorts, fête très-solemnelle des Juifs, instituée en mémoire de leur heureuse délivrance du projet des sorts