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que la mine abondante découverte au Brésil, en 1728, & qui fait un des beaux revenus du roi de Portugal, fournit l’Europe de magnifiques diamans, qui ne different en rien de ceux des Indes orientales, & méritent, à tous égards, la même estime : c’est un fait qu’on ne révoque plus en doute ; & c’est une découverte de notre siecle. (Le Chevalier de Jaucourt.)

Machine pour forer dans toutes sortes de pierres dures & prétieuses, consiste en une cage de bois, composée de deux montans NP, OP, de six piés de haut, qui sont de fortes planches de bois posées verticalement & parallelement ; elles sont affermies en cette situation par d’autres planches 1, 2, 3, posées horisontalement ; ces planches sont arrêtées par des clavettes qui traversent leurs tenons, après que ceux-ci ont traversé les montans. Voyez. nos Planches & leur explic. Les Pl. II. & III. peuvent, au moyen de cette construction, se lever ou s’abaisser à volonté, & se fixer où l’on veut, dans les coulisses xxxx des faces latérales. Les trois planches 11, 22, 33, sont chacune percées d’un trou quarré d’environ six ou sept pouces de large ; au-travers desquels passe le foret EB. Ce foret est composé de plusieurs piéces. E est un crochet mouflé qui laisse tourner le foret sans tourner lui-même, au moyen de la boucle que son tenon traverse ; vers le milieu de la tige du foret est une bobine ou cuivrot, qui peut se mouvoir le long de la tige sur laquelle on se fixe par le moyen de clavette qui fixe tout à la fois la bobine & la tige, qui pour cet effet est percée de trous de distance en distance, cette bobine est appuyée contre une autre D, dont l’essieu est horisontal & fixé dans les parois latérales de la cage ; la corde qui donne le mouvement au foret, passe sur ces deux bobines. Voyez la fig. 2 qui est le profil de toute la machine. A la partie inférieure du foret est une boëte B, qui reçoit la queue de la fraise qui y est retenue par une clavette qui la traverse, & la boëte dans laquelle elle est entrée ; cette fraise appuie par sa partie inférieure sur l’ouvrage que l’on veut creuser qui dans la figure est un étui de poche.

Mais comme le poids de la monture du foret est trop considérable, & que le laissant appuyer sur l’ouvrage on coureroit risque de la briser, on allege ce poids par le moyen d’un contrepoids G suspendu à une corde qui passe par dessus une poulie F ; comme ce poids se peut augmenter ou diminuer à discrétion, on fait appuyer la fraise sur l’ouvrage, autant que l’on veut.

Pour faire mordre la fraise sur la piece que l’on veut creuser, on se sert d’une poudre convenable à la matiere que l’on veut creuser, soit de l’éméril ou de la poudre de diamant. Voyez Diamantaire & nos Pl.

Pierres foibles ou Épaisses, (terme de Lapidaires) lorsque la pierre de diamant s’étend en superficie, sans être épaisse, on se contente d’en dresser les deux principales faces, & l’on abat les côtés ou tranches en talus, ou comme disent les artistes, en biseau. Ces diamans ont assez souvent la figure d’un quarré parfait ou d’un quarré long. On en voit aussi de taillés en pans ; mais quelle que soit leur forme, on les apelle pierres taillées en table ou pierres foibles. Les diamans nommés pierres épaisses, sont taillés en dessus comme les pierres foibles ; mais la face opposée, au lieu d’être plate, est en culasse, ayant à peu près le double d’épaisseur de la partie supérieure, & formant un prisme régulier. (D. J.)

Pierre-ponce, sorte de pierre spongieuse, poreuse, & friale. Voyez Pierre. Les naturalistes ne s’accordent pas sur la nature & l’origine de la pierre-ponce : quelques-uns croyent que ces pierres ne sont

autre chose que des pieces de rocher à moitié brulées & calcinées, que les éruptions des volcans, particuliérement l’Ætna, & le Vesuve, jettent dans la mer, lesquelles étant impregnées du sel & lavées par l’eau de la mer, perdent un peu de cette couleur blanche que les feux souterrains leur avoient donnée, & deviennent d’une couleur plus foncée, & quelquefois grise, selon le tems qu’elles ont sejourné dans la mer. Le Docteur Wodward ne regarde la pierre-ponce que comme une espece de slag ou de frasil, & soutient que cette pierre ne se trouve qu’aux endroits où il y avoit anciennement des forges de métaux, ou proche des volcans & des montagnes qui vomissent du feu ; d’autres auteurs croyent que la pierre ponce vient dans le fond de la mer, d’où ils supposent que les feux souterrains la détachent, & que c’est de-là que vient sa légéreté, sa porosité & son gout de sel ; ils alleguent, pour confirmer cette opinion, que l’on trouve la pierre-ponce en mer dans des lieux très-éloignés des volcans ; & ils ajoutent que les rivages de l’Archipel en sont couverts toutes les fois que les flots ont été un peu agités, d’où ils conjecturent qu’elle s’éleve du fond de la mer. Le commerce de la pierre-ponce est très-considérable, & on s’en sert beaucoup dans les manufactures & dans les arts, pour polir & adoucir différens ouvrages. Voyez Polir.

Les morceaux de la pierre-ponce sont de différente forme ; les Parcheminiers & les Marbriers se servent de la plus grande & de la plus legere espece, les Corroyeurs, de la plus pesante & de la plus unie, & les Potiers d’étain de la plus petite.

Pline remarque que les anciens employoient beaucoup la pierre-ponce en Médecine ; mais on ne s’en sert plus à présent.

Pierre sanguine, outil d’Arquebusier, cette pierre sanguine est un peu grosse, ressemble & est montée comme celle des Orfévres avec laquelle ils brunissent ; les Arquebusiers s’en servent pour bronzer les canons de fusils, pistolets, &c.

Pierre, en terme de Batteurs d’or, c’est une pierre de marbre fort polie & emboëtée dans une espece de table à rebords assez hauts sur le derriere, mais qui diminuent jusqu’à un certain point sur les côtés ; il n’y en a point sur le devant, ils empêcheroient le Batteur de travailler. Voyez les fig. Pl. du Batteur d’or.

Pierre a l’huile, en terme de Bijoutier, est une pierre dure & douce qui sert à éguiser & à émoudre les échopes ou les burins, en la frottant d’huile ; on en tire de Lorraine dont la couleur est grise rougeâtre, & qui sont opaques, & du levant, qu’on estime les meilleures, qui sont d’un blanc tirant sur le blond, & un peu transparentes : on les monte sur un bois plus large & plus long qu’elles, pour les conserver plus longtems. Voyez Pl. du Graveur.

Pierre a polir, en terme de Bijoutier, est une pierre avec laquelle on adoucit les traits que la lime ou l’outil ont faits sur une piece. Il y en a de vertes, de rouges, de bleues, de douces, demi-douces & de rudes. Voyez Polir.

Toutes ces pierres approchent beaucoup de la nature de l’ardoise.

Pierre, en terme de Cardier, c’est un caillou de grès que l’on passe à force sur les pointes fichées sur le feuillet, soit pour émousser ces pointes, soit pour les conserver toutes également. Voyez Ficher.

Pierre ou Cuve, c’est une espece de demi-tonneau à un fond, fait de douves de bois, & cerclé de fer, dans lequel entre l’arbre tournant & ses couteaux, pour broyer & delayer la pâte avec laquelle les cartonniers fabriquent le carton. Voyez les fig. Pl. du cartonnier.