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l’apprend dans la vie de Thésée. (D. J.)

PITTONE, pittonia, s. f. (Hist. nat. Bot.) genre de plante à fleur monopétale, en forme de cloche, renflée & profondément découpée. Le pistil sort du calice découpé ; il est attaché comme un clou à la partie inférieure de la fleur, & il devient dans la suite un fruit mol ou une baie sphérique ; cette baie est pleine de suc & renferme deux semences, qui sont le plus souvent oblongues. Plumier, nova. plant. amer. gen. Voyez Plante.

PITTORESQUE, composition. (Peint.) j’appelle avec l’abbé du Bos, composition pittoresque, l’arrangement des objets qui doivent entrer dans un tableau, par rapport à l’effet général de ce tableau. Une bonne composition pittoresque, est celle dont le coup-d’œil fait un grand effet, suivant l’intention du peintre & le but qu’il s’est proposé. Il faut pour cela que le tableau ne soit point embarrassé par les figures, quoiqu’il y en ait assez pour bien remplir la toile. Il faut que les objets s’y démêlent facilement. Il ne faut pas que les figures s’estropient l’une l’autre en se cachant réciproquement la moitié de la tête, ni d’autres parties du corps, lesquelles il convient au sujet, que le peintre fasse voir. Il faut enfin que les groupes soient bien composés ; que la lumiere leur soit distribuée judicieusement, & que les couleurs locales loin de s’entre-tuer, soient disposées de maniere qu’il résulte du tout une harmonie agréable à l’œil par elle-même. (D. J.)

PIT-UISCH, s. m. (Icthiologie.) nom hollandois d’un poisson des Indes orientales, qui approche beaucoup du turdus des Européens, excepté qu’il n’a point d’écailles ; son corps est de forme obronde, & tout marqueté de taches bleues & jaunes. Il peut faire sortir ses yeux de la tête, ou les retirer dans leur orbite ; la nageoire de derriere est épineuse : ce poisson est d’un excellent goût, quoiqu’il aime à se tenir dans les endroits sales & bourbeux. (D. J.)

PITUITAIRE, glande, (Anatomie.) c’est une glande dans le cerveau, que l’on a quelque peine à voir, sans la déplacer.

Elle est de la grandeur d’un fort gros pois, dans la selle de l’os sphénoïde, sous l’infundibulum ou l’entonnoir avec lequel elle communique ; elle en reçoit une lymphe ou un suc qui est fourni à l’infundibulum par le plexus choroïde & la glande pinéale, & c’est de cette lymphe que la glande elle-même prend son nom. Voyez Glande, &c.

Elle filtre aussi un suc, en séparant du sang une liqueur blanche fort subtile, & en apparence fort spiritueuse. Voyez Esprits.

M. Littre observe un sinus ou un réservoir de sang qui touche cette glande, & qui est ouvert à l’endroit du contact, de maniere que la glande réside ou pose en partie dans le sang : c’est ce réservoir que l’auteur regarde comme faisant l’office d’un bain-marie, à cause qu’il entretient dans la glande un degré de chaleur nécessaire pour s’acquitter de ses fonctions.

On trouve cette glande dans tous les quadrupedes, les poissons, les oiseaux, aussi-bien que dans les hommes. M. Littre donne un exemple d’une maladie lente ou languissante, & qui devint enfin mortelle, laquelle venoit d’une obstruction & d’une inflammation de la glande pituitaire.

Pituitaire, membrane, (Physiologie.) c’est cette membrane lisse qui tapisse sans interruption toute l’étendue interne du nez, toutes ses cavités, ses sinuosités, ses replis, les surfaces que forme le réseau, & par la même continuité non interrompue, toute la surface interne des sinus frontaux & maxillaires, des conduits lacrymaux, des conduits palatins, & des sphénoïdes ; elle se continue encore au-delà des arrieres narines, sur le pharynx, sur la cloison du palais, &c. On ne peut voir sans admiration com-

bien la surface de cette membrane muqueuse augmente

par la vaste expansion que la nature lui donne dans une cavité aussi étroite que celle des narines, sans cependant qu’une partie nuise jamais à l’autre.

Elle est nommée pituitaire, de ce que la plus grande partie de son étendue sert à séparer du sang artériel qui y est distribué, une lympne mucilagineuse, que les anciens ont appellée pituite, & qui dans l’état naturel, est pour l’ordinaire médiocrement coulante ; car dans un autre état, elle est ou gluante ou limpide, & sans consistance, ou autrement altérée ; mais elle n’est pas également fournie par toute l’étendue de la membrane schneiderienne ; car on lui donne ce nom de membrane schneidérienne, en reconnoissance des travaux de Schneïder sur cette partie.

Depuis lui les anatomistes modernes se sont appliqués à découvrir la structure de cette membrane. Sténon, Vieussens, Cowper, Drake, Collin, Morgagni, Santorini, Boerhaave, Ruysch, Winslow, y ont donné tous leurs foins ; & cependant malgré leurs travaux, leurs injections, leurs macérations, il ne paroit pas qu’ils l’ayent encore parfaitement développée.

Il est vraissemblable que cette membrane est d’une différente structure dans se, différentes portions. Vers le bord des narines externes elle est très-mince, & y paroit comme un tissu dégénéré de la peau & de l’épiderme ; sur le reste de son étendue, elle est en général comme spongieuse, & plus ou moins épaisse. Elle s’épaissit sur les parois de la cloison du nez, en allant au gosier, comme aussi le long du trajet inférieur des narines internes, & autour des cornets, elle est plus tenue dans les sinus. Winslow prétend que si l’on fait avec la pointe du scalpel, un petit trou dans l’épaisseur de cette membrane, & qu’on y souffle de l’air, on y découvrira un tissu cellulaire très-étendu.

Elle est parsemée d’un million de petits vaisseaux artériels, de quantité d’autres vaisseaux très-fins, qui distillent une lymphe claire, & de quantité de petits corps ronds, glanduleux, du côté du périoste & du périchondre, dont elle est accompagnée. Les conduits excrétoires de ces petits corps glanduleux, sont très-longs autour de la cloison du nez, & leurs orifices sont assez sensibles. Morgagni, Ruysch, Santorini les ont décrits. On en trouve une légion dans la partie antérieure du canal moyen, ainsi que dans celle de l’os spongieux supérieur : on voit les follicules qui sont dessous avec leurs glandes, tels que Ruysch les a exposés. Ceux qui sont à la partie postérieure ont été décrits par Santorini & par Cowper. Ruysch admet en général ces glandes des narines, quoiqu’il les nomme pelotons de vaisseaux.

C’est dans cette grande quantité de glandes & de vaisseaux artériels, dont la membrane pituitaire est parsemée, que se prépare & se sépare sans cesse une humeur douce, fluide, sans odeur, sans couleur, presque insipide, qui humecte, lubrifie, défend les nerfs olfactices, & cela dans toute l’étendue de la capacité des narines. Cette même mucosité ayant perdu par la chaleur du lieu, & par l’action de l’air, ses parties les plus liquides, s’y épaissit par son repos & sa stagnation ; la secrétion s’en fait en quelque situation du corps qu’on soit : on en trouve toujours qui coule en quelque partie des narines ; sans cela, comment se pourroit-il faire que des nerfs aussi tendres & aussi nuds que ceux de l’odorat, pussent se conserver en bon état pendant un aussi grand nombre d’années ?

Ruysch imagine que l’humeur de ces glandes se sépare par des vaisseaux parallelement situés dans la membrane de Schneïder, & qu’il appelle arterio-muqueux ; mais il ne fait aucune mention d’une se-