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une contestation en justice, ce qui s’applique non seulement aux plaidoiries proprement dites ou affaires d’audience, mais aussi aux instances & procès par écrit. Voyez Plaid, Plaidoyable, Plaidoyer. (A)

PLAIDEUR, s. m. (Gram.) celui qui fait ou à qui l’on a fait un procès. Il est rare que les deux plaideurs soient de bonne foi : il y a presque toujours une des parties qui compte sur l’ignorance ou sur l’injustice du tribunal. Je n’ai pas assez d’expérience pour sçavoir jusqu’où cette espérance est bien ou mal fondée.

PLAIDOIRIE, s. f. (Gram. Jurisprud.) action de plaider, suite d’une affaire en justice. Il est bon pour la consultation, mauvais pour la plaidoirie.

PLAIDOYABLE, adj. (Jurisp.) ne se dit qu’en parlant des jours auxquels il y a audience au tribunal que l’on appelle jours plaidoyables.

PLAIDOYER, s. m. (Jurisprud.) est un discours fait en présence des juges pour la défense d’une cause.

Dans les tribunaux où il y a des avocats, ce sont eux qui plaident la plûpart des causes, à l’exception de quelques causes légeres qui ne roulent que sur le fait & la procédure, que les procureurs sont admis à plaider.

Une partie peut plaider pour elle-même, pourvu que le juge la dispense.

Un plaidoyer contient ordinairement six parties, savoir, les conclusions, l’exorde, le récit du fait, celui de la procédure, l’établissement des moyens, & la réponse aux objections.

Les anciens plaidoyers étoient chargés de beaucoup d’érudition ; on y entassoit les citations des textes de droit & des docteurs, les unes sur les autres. On peut dire des orateurs de ce tems qu’erubescebant sine lege loqui ; ils mêloient même souvent dans les plaidoyers le sacré avec le profane, & des passages tirés de l’Ecriture & des saints peres avec d’autres tirés des poëtes, des orateurs & des historiens.

Non-seulement les plaidoyers étoient ainsi surchargés de citations ; mais la plûpart étoient mal appliquées ; les orateurs de ce tems étoient plus curieux de faire parade d’une vaine érudition que de s’attacher au point solide de la cause.

Depuis environ un siecle on s’est corrigé de ce défaut ; on a banni des plaidoyers toutes les citations déplacées ; mais on est tombé dans une autre extrémité presque aussi vicieuse, qui est de négliger par trop l’usage du droit romain.

Parmi les anciens on doit prendre pour modele les plaidoyers de le Maître, de Patru & de Gauthier, & parmi les modernes, ceux d’Evrard, de Gillet, de Terrasson & de Cochin.

Autrefois les plaidoyers des avocats étoient rapportés, du moins par extrait, dans le vû du jugement ; c’est pourquoi les procureurs étoient obligés d’aller au greffe après l’audience pour corriger les plaidoyers, c’est-à-dire, pour vérifier si les faits rapportés par le greffier étoient exacts ; mais depuis l’établissement du papier timbré en 1674, on a cessé presque partout de rapporter les plaidoyers.

Les conclusions ne se prenoient autrefois qu’à la fin du plaidoyer ; le juge disoit à l’avocat de conclure, & le dispositif du jugement étoit toujours précédé de cette clause du style, postquam conclusum fuit in causâ ; mais depuis long-tems il est d’usage que les avocats prennent leurs conclusions avant de commencer leur plaidoyer : ce qui a été sagement établi, afin que les juges sachent d’abord exactement quel est l’objet de la cause.

Il y a cependant quelque chose qui implique de conclure avant d’avoir commencé la plaidoirie, & pour parler plus correctement, il faudroit se contenter de dire, la requête tend à ce que &c. & l’on ne

doit régulierement conclure qu’à la fin du plaidoyer ; en effet jusques-là on peut augmenter ou diminuer à ses conclusions.

Aussi dans les causes du rôle qui sont celles que l’on plaide avec le plus d’apparat, & où les anciens usages sont le mieux observés, les avocats reprennent leurs conclusions à la fin de leur plaidoirie. Voyez Audience, Avocat, Cause, Conclusions, Rolles. (A)

PLAIGNANT, particip. (Jurisprud.) est celui qui a rendu plainte au juge de quelque injure qu’il a reçue, ou de quelque délit, ou quasi délit qui lui cause préjudice. Voyez Délit, Injure, Quasi délit. (A)

PLAIN, adj. c’est une épithete que l’on donne à différentes choses, qui désignent en général quelque chose de poli, d’égal, de niveau ou de superficiel, de simple ou de facile, ou enfin quelque chose de semblable. Voyez Plan.

Ces mots ainsi considérés sont opposés aux mots rude, solide, travaillé, enrichi, &c.

C’est une maxime, dans le blason, que plus l’écu est plain, plus il marque d’ancienneté. Les écus plains sont ceux qui sont les moins embarrassés de figures ou de pieces, & qui ne contiennent rien que de naturel. Voyez Ecu, Piece, &c.

PLAIE, s. f. (Chirurgie.) solution de continuité ou division des parties molles, récente & sanglante, faite aux parties molles par quelque cause externe.

Toutes les choses extérieures capables de faire quelque division, peuvent être cause de plaies. Les unes piquent, d’autres tranchent, d’autres confondent, d’autres enfin cautérisent. Par exemple, les plaies faites par une épée, une bayonnette & autres instrumens piquans, sont appellées piquûres. Voyez Piquure. Celles qui sont faites par un sabre, un couteau, qui sont des instrumens tranchans, sont appellées incisions. Les instrumens contondans tels qu’un bâton, une pierre & autres corps durs, orbes, &c. comme éclats de grenades, de bombes, balles de fusil, font des plaies contuses : les déchiremens que cause la morsure des animaux venimeux ou enragés, forment des plaies venimeuses : enfin le feu & toutes les especes d’eau-forte produisent des plaies connues sous le nom de brûlures.

Ces différences de plaies viennent de leur cause : elles different encore par rapport à leur grandeur, à leur figure & à leur direction, & par les parties qui sont intéressées.

Par rapport à la grandeur, à la figure & à la direction, les plaies s’étendent en longueur, en largeur & en profondeur ; elles sont en T, en +, en × ou à lambeaux ; leur direction est droite, oblique ou transversale par rapport à la ligne verticale du corps, ou par rapport à la rectitude des fibres des muscles ; il y en a enfin qui sont accompagnées de perte de substance.

La différence des plaies qui vient des parties où elles se trouvent, exige bien des considérations. Les plaies sont aux extrémités ou au tronc : celles-ci peuvent arriver à la tête, ou au col, ou à la poitrine ou au bas ventre ; elles peuvent pénétrer jusqu’aux parties internes, ou se borner aux parties extérieures : celles des extrémités, ou celles qui ne sont qu’aux parties externes du tronc, peuvent intéresser les tégumens, les muscles, les tendons, les vaisseaux, les glandes, les articulations, &c.

Toutes ces différences ne sont qu’accidentelles. Celles qui sont essentielles, consistent dans la simplicité des plaies, dans leur composition & dans leur complication.

La plaie simple n’est qu’une solution de continuité des parties molles faite par quelque cause externe, & qui ne demande que la réunion. Voyez Réunion.