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qui portoient cet habit, de se présenter aux spectacles. Sanxit ne quis pullatorum in mediâ caveâ sederet. Je suis du sentiment de Saint-Evremont : il y a, dit-il, une certaine douceur à pleurer la mort de celui qu’on a aimé ; votre amour vous tient lieu de votre amant dans la douleur, & de-là vient l’attachement à un deuil qui a des charmes.

Qui me console, excite ma colere,
Et le repos est un bien que je crains ;
Mon deuil me plait, & doit toujours me plaire,
Il me tient lieu de celle que je plains. (D. J.)

Pleureuses, (Hist. des Grecs modernes.) les Grecs modernes, suivant l’ancienne coutume, ont à la suite des enterremens des femmes à gage, dont la principale fonction est d’hurler, de pleurer, & de se frapper la poitrine, tandis que quelques autres chantent des élégies à la louange du mort ou de la morte ; ces sortes de chansons servant pour les deux sexes, & pour toutes sortes de morts, de quelque âge & qualité qu’ils soient.

Pendant cette espece de charivari, d’autres personnes apostrophoient de tems en tems le défunt ou la défunte, en lui disant : « te voilà bien-heureuse ; tu peux présentement te marier avec un tel ; & ce tel est un ancien ami que la chronique scandaleuse a mis sur le compte de la morte ». Au bout de ces propos, ou autres semblables, les pleureuses recommencent leurs cris & leurs larmes.

Enfin, dès qu’une personne est morte, les parens, les amis, les pleureuses, font leurs complaintes autour du corps que l’on porte à l’église, le plus souvent sans attendre qu’il soit froid ; cependant on l’inhume, après avoir récité quelques oraisons accompagnées de gémissemens feints ou véritables. (D. J.)

Pleureuses, Pleureurs, (Critique sacrée.) les Juifs avoient des pleureurs & des pleureuses à gages dans leurs funérailles, comme on le voit par quelques endroits de l’Ecriture. « Allez chercher des pleureuses & qu’elles viennent : envoyez querir des femmes qui savent faire des lamentations ; qu’elles se hâtent, & qu’elles commencent leurs lamentations sur le malheur de Sion, dit Jérémie, v. 16. On ne verra que deuil dans toutes les places ; & par-tout on n’entendra que ces mots, malheur, malheur ; on appellera le laboureur à ce deuil, & on fera venir pour pleurer, ceux qui savent faire les plaintes funebres ». Amos, v. 16. (D. J.)

Pleureuses, terme de Lingeres ; elles appellent pleureuses, de larges bandes de batiste qu’on met en partie sur le revers de la manche d’un juste-au-corps, dans les premiers tems d’un grand deuil. (D. J.)

PLEUVOIR, voyez l’article Pluie. Il se prend au simple & au figuré : il pleut du sang, des pierres, des cailloux, des grenouilles ; il pleut des graces d’en-haut.

PLEXAURE, s. f. (Mythol.) une des océanides, & de celles qui présidoient à l’éducation des enfans mâles, avec Apollon & les fleuves, selon Hésiode. (D. J.)

PLEXUS, s. m. en Anatomie, c’est un nom commun à plusieurs parties du corps figurées en réseau, par l’entrelacement de petits vaisseaux, ou de filets de nerfs. Voyez Vaisseau & Nerf.

On observe autour des parties génitales différens plexus veineux ; la huitieme paire forme avec le nerf intercostal différens plexus. Voyez Vague & Intercostal.

PLEYADES, s. f. pl. en Astronomie, est une assemblage de six étoiles dans le cou de la constellation du taureau. Voyez Etoile.

On les appelle ainsi du mot grec πλειν, navigare, naviguer, parce que les anciens regardoient ces étoiles comme fort redoutables aux marins, par les pluies

qu’elles excitoient selon eux, & les tempêtes qu’ils croyoient s’élever avec elles.

On n’apperçoit plus à présent que six étoiles dans la constellation des pleyades : il y a apparence qu’il y en a une qui a disparu ; car les anciens en comptoient sept : peut-être aussi étoit-ce une erreur de leur part. Il est certain que du tems d’Ovide, il n’y en avoit que six : témoin ce vers,

Quæ septem dici, sex tamen esse solent. (O)

Pleyades, (dans la Mythologie.) c’étoient les sept filles d’Atlas, dont les noms propres sont Maya, Electre, Taygese, Asterope, Alcione, Celeno, & Merope. Elles furent aimées, dit Diodore, des plus célebres d’entre les dieux & les héros, & elles en eurent des enfans qui devinrent fameux & chefs de plusieurs peuples. On ajoute qu’elles étoient très intelligentes, & qu’en cette considération, les hommes les diviniserent, & les placerent dans le ciel sous le nom de pleyades. C’est une constellation septentrionale de sept étoiles assez petites, mais fort brillantes, placées au cou du taureau & au tropique du cancer ; la plus grande de toutes est de la troisieme grandeur, & s’appelle Lucida pleyadum. Les Latins les appelloient Vergilice, du mot ver, printems ; parce que c’est vers l’équinoxe de cette saison, qu’elles commencencent à paroître. Le vulgaire les appelle la Poussiniere ; la fable des Atlantides changées en astres, vient de ce qu’Atlas fut le premier qui observa cette constellation, & qui donna aux sept étoiles dont elle est composée, le nom de sept filles. Voyez Taureau & Vergilies.

Pleyade, (Poëtique.) nom que les Grecs donnerent à sept poëtes célebres qui florissoient sous le regne de Ptolomée Philadelphe.

A l’imitation des Grecs, Ronsard forma une pléyade de poëtes francois sous le regne de Henri II. Ceux qui la composoient étoient le même Ronsard, Daurat, du Bellai, Remi Belleau, Baïf, Pontus de Thiard, & Jodelle, tous grands hommes pour ce tems-là ; mais si sottement infatués du grec, qu’on en trouve presque autant que de francois dans leurs ouvrages.

Dans le dernier siecle, on avoit aussi projetté de faire une pléyade de ceux de nos auteurs modernes qui ont excellé dans la poésie latine ; mais on n’est encore convenu ni des noms de ceux qui doivent la composer, ni des rangs qu’ils occuperont, ni du poëte à qui l’on donnera le nom de la plus brillante des étoiles qui composent les pléyades, lucidissima pleyadum. M. Baillet nomme pour les sujets qu’elle devoit comprendre les peres Rapin, Commire, de la Rue, messieurs de Santeuil, Ménage, du Perrier, & Petit.

PLEYON, s. m. terme de Jardinier, c’est de la paille de seigle longue & ferme dont on couvre les petites salades sur couche, & dont on fait les paillassons. On se sert aussi de pleyons ou de menus osiers pour lier la vigne, ou attacher les branches d’arbre. (D. J.)

Pleyon, terme de Nattier, les Nattiers de Paris appellent pleyon, de la paille bottée que vendent les Chandeliers, pour mettre dans les paillasses de lit, & dont se servent les Nattiers, pour faire les nattes & chaises de paille. Les gens du monde disent botte de paille. (D. J.)

PLI, s. m. (Gram.) il se dit de l’endroit où une chose se plie ; le pli du coude ; le pli de la jambe ; le pli d’une étoffe.

Pli, (Architect.) c’est l’effet contraire du coude dans la continuité d’un mur.

Pli de cable, (Marine.) c’est la longueur de la noue du cable, de la maniere qu’il est roué dans sa place, qu’on nomme la fosse aux cables.