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cloche, il y entre un jour assez considérable pour que dans un tems où la mer est bien nette, & surtout lorsqu’il fait un beau soleil, on puisse lire & écrire très facilement ; lorsqu’on retiroit les barrils d’air, il envoyoit des ordres écrits avec une plume de fer sur une plaque de plomb pour demander qu’on le changeât de place. D’autres fois lorsque l’eau étoit trouble & sale, & qu’il y faisoit aussi obscur que s’il eût été nuit, il avoit la facilité de tenir dans la cloche une bougie allumée.

Le même auteur assure que par un autre moyen qu’il a inventé, il a procuré au plongeur la liberté de sortir de la cloche, & de s’en éloigner à une assez grande distance, en lui fournissant un courant d’air continuel par de petits tuyaux qui lui servent de guides pour le ramener vers la cloche. Voyez l’article Cloche.

Le célebre Corn. Drebell a trouvé un secret fort supérieur à celui dont on vient de parler, si ce qu’on en dit est vrai : il a imaginé non-seulement un vaisseau propre à être conduit à la rame sous l’eau, mais encore une liqueur que l’on peut porter dans le vaisseau, & qui supplée à l’air frais.

Ce vaisseau a été fait pour le roi Jaques I. il contenoit douze rameurs, sans les passagers. L’essai en fut fait dans la Tamise, & un de ceux qui étoient de cette navigation sous l’eau, vivoit encore, lorsque M. Boyle en a écrit la relation.

Quant à la liqueur, M. Boyle dit qu’elle a été inventée par un physicien qui avoit épousé la fille de Drebell, qu’il en faisoit usage de tems en tems, lorsque l’air du vaisseau étoit échauffé par l’haleine de ceux qui y étoient, lorsqu’il ne pouvoit plus servir à la respiration ; dans cet instant il débouchoit le vase plein de cette liqueur, & rendoit à l’air une assez grande quantité d’esprits vitaux pour qu’on pût encore le respirer un tems assez considérable. Drebell n’a jamais voulu revéler son secret qu’à une seule personne qui l’a dit à M. Boyle. Chambers.

Plonger (Hydraul.) est un terme de terrassier, qui signifie qu’il faut creuser un endroit élevé pour y pratiquer quelqu’ouvrage.

Plonger, (Hist. mod.) l’action de plonger quelqu’un dans l’eau en punition de quelque faute. Voyez Calle.

Selle à plonger, dans les anciennes coutumes d’Angleterre, voyez Cage a plonger.

Plonger, (Marine.) c’est mettre & enfoncer quelque chose dans l’eau.

Plonger, c’est s’enfoncer dans l’eau, de façon qu’on ne paroisse pas. Les bons nageurs prennent plaisir à plonger souvent.

Le canon plonge, c’est quand les décharges se font de haut en bas. Faire plonger.

Plonger de la chandelle, (Chandelier.) c’est lui donner plusieurs couches de suis en la trempant dans l’abysme, ou moule qui en est rempli.

Plonger, (Jardinage.) les Terrassiers s’en servent pour faire entendre qu’il faut creuser dans une terre.

PLONGET, voyez Castagneux.

PLONGEUR, s. m. (Marine & Physiq.) on appelle ainsi ceux qui descendent dans la mer pour y chercher quelque chose, & qui ont contracté l’habitude d’y rester assez long-tems sans être étouffés. Voyez Plonger & Cloche.

Plongeurs, Plongeons, s. m. (Marine.) on appelle plongeurs certains navigateurs qui descendent au fond de l’eau, & trouvent le moyen d’y demeurer quelque tems pour y chercher les choses que l’on voudroit retirer, ou pour faire quelque chose de singulier, soit en radoube de vaisseau, soit à dessein de faire périr un vaisseau ennemi, ou pour pêcher des perles, & ceux-ci s’appellent aussi urinateurs.

Plongeur, s. m. (Comm. & Conchyliol.) on se sert beaucoup de plongeurs dans les Indes, & c’est le meilleur moyen d’avoir de beaux coquillages ; leurs belles couleurs ne se conservent qu’autant qu’ils ont été pêchés vivans en pleine mer ou à la rade. Ceux que les flots amenent sur le rivage sont roulés ou frustés, & les bivalves sont ordinairement dépareillées.

Les negres de l’Amérique, sur-tout à la Martinique & à S. Domingue, vont en canot, plonger sans aucune précaution à une demi-lieue du rivage, & à plusieurs brasses d’eau. Dans un calme, l’eau est si claire qu’ils voient distinctement à huit & à dix brasses d’eau les coquillages & les productions marines qui sont au fond. Ils les vont détacher à la main l’une après l’autre, n’ayant point de paniers comme les plongeurs de perles. Quand les plantes tiennent sur le rocher, deux plongeurs vont passer un bâton & une corde dessous pour les tirer. A S. Domingue, & dans l’île de Cayenne, les huîtres s’attachent sur les branches pendantes du manglier, arbrisseau qui vient au bord de la mer.

Il n’y a que les jeunes negres qui puissent retenir assez long-tems leur haleine pour être propres au métier de plongeur. Ils se remplissent la bouche d’huile de palmier, afin de rejetter cette huile dans l’eau ; ce qui leur procure un moment de respiration. C’est un métier qu’ils ne peuvent faire que quatre ou cinq ans de suite ; ils ne sont presque plus maîtres de retenir suffisamment leur haleine à vingt-quatre ans. Un bon plongeur mange peu, & toujours des viandes seches.

Les plongeurs qui vont à cinq ou six lieues du rivage pêcher des huitres & des coquillages, portent des paniers appellés canois, dans lesquels ils mettent les coquillages, & ce qu’ils rencontrent. Ils plongent huit à neuf fois de suite, ordinairement à 12 brasses d’eau. Ce qui les incommode le plus c’est la froideur de l’eau ; ils craignent encore un poisson appellé tiboron, grand comme un marsouin, lequel coupe tout ce qu’il rencontre. Pour prévenir ce danger, il, portent avec leur panier un bâton ferré pour l’enfoncer dans la gorge du poisson.

D’autres plongeurs descendent au fond de l’eau sous une cloche de verre, & sont obligés quelque tems après, de remonter pour respirer un air plus frais.

Quand on veut pêcher les huîtres qui portent des perles dans le golfe persique, à 10 ou 12 brasses d’eau, sur des bans éloignés de terre de cinq à six lieues, la barque où est un plongeur & deux rameurs, part de la côte avant le lever du soleil, avec un vent de terre qui dure environ jusqu’à dix heures. Le plongeur se met du coton dans les oreilles, & se garantit le nez pour empêcher que l’eau n’y entre ; ensuite on lui lie sous le bras une corde, dont les rameurs tiennent le bout ; il s’attache au gros doigt du pié une pierre d’environ vingt livres pesant, dont la corde est tenue par les mêmes hommes. Le plongeur prend un réseau fait comme un sac, qu’un cerceau tient toujours ouvert, lequel est attaché à une corde, dont le bout est encore retenu dans la barque. Alors il descend dans la mer, où la pesanteur de la pierre l’entraîne au fond de l’eau ; il détache aussi-tôt la pierre, que ceux qui sont dans la barque retirent. Le plongeur remplit son réseau d’huitres & des coquillages qu’il trouve. Si-tôt qu’il manque d’haleine, il en donne le signal en tirant la corde qui est liée sous ses bras : alors on le remonte le plus vîte que l’on peut. On retire ensuite le rets rempli de coquilles d’huîtres. Le manege peut durer environ un demi-quart-d’heure, tant à tirer le réseau, qu’à donner au plongeur le tems de se reposer & de reprendre haleine : il retourne ensuite avec les mêmes précautions. Cette pêche dure sept à huit heures, pendant lesquelles il plonge une douzaine de fois.

Quand les huîtres perlieres sont tirées de la mer, on attend qu’elles s’ouvrent d’elles-mêmes ; car si on