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quelle on vuide, ou du-moins on rarefie considérablement l’air contenu dans un vase.

La machine pneumatique fut inventée vers l’année 1654 par Otto de Guericke, consul de Magdebourg, qui la mit le premier en usage. L’archevêque de Mayence ayant vû cette machine & ses effets à Ratisbonne, où l’inventeur l’avoit portée, engagea Otto de Guericke à venir chez lui, & à faire apporter sa machine en son palais de Wurtzbourg ; c’est-là que le savant pere Schott, jésuite, qui professoit les Mathématiques dans cette université, & plusieurs autres savans, la virent pour la premiere fois.

Le bruit de ces premieres expériences se répandit aussi-tôt par les grandes correspondances que le pere Schott entretenoit avec tous les savans de l’Europe : mais sur-tout l’an 1657, quand il publia son livre, intitulé : mechanica-hydraulico-pneumatica, auquel, comme dans un appendix, il a ajouté un détail circonstancié des expériences de Magdebourg (c’est ainsi qu’on les appelloit). En 1664, il publia sa technica curiosa, dans laquelle on trouve les expériences nouvelles qu’on avoit faites depuis l’impression de son premier ouvrage. Enfin, Otto de Guericke se détermina à donner lui-même un recueil complet de ses expériences, dans un livre qu’il intitula : experimenta nova magdeburgica de vacuo spatio.

La machine pneumatique a été si généralement connue sous le nom de machine de Boyle, ou vuide de Boyle, que cela a fait croire à bien des gens qu’on en devoit l’invention à ce philosophe : il y a eu certainement grande part, tant pour l’avoir beaucoup perfectionnée, que pour l’avoir appliquée le premier à des expériences curieuses & utiles.

Quant à l’invention de l’instrument, il avoue ingénument qu’il n’en a pas la gloire, dans une lettre écrite deux ans après la publication du livre du pere Schott.

Il paroît par cette lettre que la premiere machine dont s’est servi M. Boyle, est de l’invention de M. Hook ; elle est certainement beaucoup plus parfaite que celle que le pere Schott a décrite dans sa mechanica hydraulico-pneumatica. Cependant elle avoit encore plusieurs défauts, & n’étoit pas à-beaucoup-près aussi commode qu’on auroit pû le desirer, particulierement en ce que l’on ne pouvoit se servir que d’un seul récipient qui, étant toujours fixé à la machine, devoit être par conséquent très-grand pour servir commodément à toute sorte d’expériences : or cette grande capacité du récipient faisoit qu’il falloit un tems considérable pour le vuider, & c’étoit un inconvénient qu’on ne pouvoit aisément éviter dans beaucoup d’expériences qui demandoient une prompte évacuation ; c’est ce qui engagea M. Boyle, après qu’il eut fait ses premieres expériences, & qu’il les eut publiées dans un ouvrage, intitulé : experimenta physico-mechanica de vis aëris elasticâ & ejus affectibus, &c. à chercher à corriger cette machine. On peut voir la description de cette seconde machine pneumatique dans la premiere continuation de ses expériences physico-méchaniques ; elle n’a comme la premiere qu’un seul corps de pompe, mais il est appliqué de façon qu’il plonge dans l’eau de tous côtes, ce qui empêche le retour de l’air ; les récipients qui sont de différentes figures & grandeurs, posent sur une platine de fer sur laquelle ils sont fixés par le moyen d’un ciment mou, ainsi on en peut changer autant de fois qu’il est nécessaire. Il paroît qu’il n’avoit pas encore pensé à cet expédient si simple, de les fixer à la platine par le moyen d’un cuir mouillé.

Les expériences rapportées dans la seconde continuation, ont été faites avec une machine différente des deux premieres, elle est de l’invention de M. Papin, qui a beaucoup aidé M. Boyle dans toutes ses recherches ; cette troisieme machine est beaucoup

plus parfaite que la précédente, son avantage consiste principalement en ces deux points. Premierement, au lieu que la derniere machine n’avoit qu’un seul corps de pompe & qu’un seul piston, celle-ci en a deux aussi-bien que deux corps de pompes ; ces deux pistons qui se haussent & baissent alternativement, font une évacuation d’air continuelle & non-interrompue, effet qu’on ne pouvoit espérer avec un seul piston : car dans les autres on ne sauroit se dispenser d’interrompre l’évacuation de l’air, tandis qu’on remonte le piston vers le fond de la seringue ; mais outre cet avantage de faire l’opération dans la moitié du tems qu’il faudroit employer si l’on n’avoit qu’un seul piston, la peine est aussi considérablement diminuée. Le grand inconvénient qu’on reprochoit aux machines à un seul corps de pompe, étoit la grande résistance que fait l’air extérieur sur le piston quand on l’abaisse, résistance qui augmente à mesure que le récipient se vuide ; car l’équilibre de l’air intérieur avec l’extérieur diminue toujours de plus en plus, desorte que si le corps de pompe est d’un diametre un peu considérable, la force d’un homme suffit à-peine pour abaisser tant-soit-peu le piston : or cette résistance de l’air s’évanouit entierement en employant deux pistons, ils sont ajustés de façon que quand l’un monte l’autre descend ; par conséquent la pression de l’air extérieur empêche autant l’un de monter, qu’elle aide l’autre à descendre ; ainsi ces deux forces se détruisent mutuellement par des effets contraires.

Un autre avantage de cette nouvelle machine, ce sont les valvules : dans les deux autres, quand le piston étoit remonté tout au haut, on étoit obligé de tourner le robinet pour laisser passer l’air du récipient dans le corps de pompe, & de le fermer quand on vouloit l’en faire sortir, d’ôter la cheville pour le laisser passer, & de répéter cette manœuvre à chaque coup de pompe ; or les valvules de la derniere machine suppléent à ce bouchon & au robinet, & sont infiniment plus commodes. Voyez les leçons de Phys. expér. de M. Cottes, treizieme leçon, d’où ceci a été tiré, ainsi que l’explication suivante.

Explication des parties de la machine pneumatique. La figure 16. pneum. représente la machine pneumatique de M. Hauksbée, qui n’est autre chose que la derniere de M. Boyle dont on vient de parler. AA, deux corps de pompe d’un pié de haut, & de deux pouces de diametre. BB, manches des pistons, qui sont deux especes de crics capables de recevoir la lanterne de la manivelle. C, la manivelle ; la lanterne est enfermée dans la boîte. DDDD, le tuyau qui conduit l’air du récipient au corps de pompe. E, le récipient. EF, boîte de fer blanc garnie de cuirs huilés, au-travers desquels passe une verge de fer, pour mouvoir ou suspendre différens corps dans le récipient. GGG, la jauge mercurielle, qui est un tuyau de verre ouvert par ses deux extrémités, dont l’une passe au-travers de la platine & communique avec le récipient, & l’autre est plongée dans une cuvette qui contient du mercure. H, la cuvette ; sur la surface du mercure qu’elle contient, nage un morceau de liege percé d’un trou à son centre ; on y a inséré une regle de buis verticale, divisée en pouces, lignes & quarts de lignes, ensorte que le mercure haussant & baissant dans la jauge, le liege & la regle baisse ou hausse en même tems. IIII, les supports & la table.

Depuis les additions & les corrections que M. Hauksbée a faites à la machine pneumatique de Guericke & de Boyle, cette même machine a encore reçu divers changemens. On trouve à la fin des essais de Physique de M. Musschenbroenck, la description de deux machines pneumatiques, l’une double, l’autre simple, c’est-à-dire, dont l’une a deux corps de pompe & l’autre n’en a qu’un. Ces deux machines ont été inventées ou plutôt perfectionnées par le célebre