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onces de notre poids. Mais l’Ecriture parle du poids réel des cheveux, & non d’un poids purement accidentel. Les septante ont réduit ce poids de deux cens sicles à la moitié : ils ne parlent que de cent sicles ; ce qui s’accorde avec le sentiment de ceux qui prétendent qu’il s’agit de sicles d’or, ou des sicles du roi, qui n’avoient que la moitié du poids de ceux du sanctuaire. Mais il faudroit prouver auparavant cette différence entre le poids ordinaire & celui du sanctuaire, entre le sicle d’or & celui d’argent.

De toutes les hypotheses qu’on vient de citer, celle de M. Pelletier nous paroît la plus simple, la plus naturelle, & cependant elle ne leve pas la difficulté du poids énorme de la coupe des cheveux d’Absalon ; dans son système même, je croirois plutôt qu’il s’est glissé quelque grossiere erreur de chiffre dans la copie du livre de Samuel ; & il faut bien que cela soit ainsi, puisqu’au lieu de deux cens sicles, les septante disent cent ; ce qui seroit encore, en adoptant le système de M. Pelletier, un poids cinq fois trop grand pour approcher de la vraissemblance. (D. J.)

Poids de l’Europe, &c. (Commerce.) chaque pays a ses poids différens, non-seulement en Europe, mais dans les échelles du levant, en Asie & en Afrique, &c. Cependant je n’en ferai qu’un article fort abrégé.

Le quintal, la livre, le marc, l’once, le gros, le denier, le grain, sont les poids d’usage dans la plus grande partie de l’Europe, pour toutes sortes de marchandises. Chacun de ces poids a ses divisions ; par exemple il y a le demi-quintal, le quart de quintal, la demi-livre, le quarteron, le demi-quarteron, la demi-once, le demi-gros, & ainsi du reste. On se sert de tous ces poids dans la plus grande partie de l’Europe, mais sous différens noms, sous différentes divisions & différentes pesanteurs.

L’Espagne a en particulier son quintal macho, ses arobes, ses adarmes ; & pour-lors ses castillans & ses tomins. L’Angleterre a ses hundreds, ses jods, ses stones & son pound. L’Italie, particulierement Venise, se sert de miglieri, de mirri & de saggi. Le Portugal pese à l’arate, au chego & au faratelle ; il a encore, comme en Sicile ses rottolis. L’Allemagne, le Nord, & les villes Anséatiques ont leurs schisponds, leurs lysponds & leurs stéens ; presque toutes, à la vérité de différens poids.

A Constantinople, à Smyrne, & dans la plûpart des échelles du levant, on pese les marchandises au batteman, à l’ocos & au chequi, à la rote & au rottolis, dont il y a de trois sortes.

La Chine a pour poids, le pic, le picol, le bahar, le tael, le catis, le mas & les condorins ; le Tunquin a tous les poids, les mesures & les monnoies de la Chine. Le Japon n’a qu’un seul poids qui est le catis, différent pourtant de celui de la Chine & du Tunquin.

A Surate, à Agra, & dans tous les états du Mogol, on fait usage de la serre & du mein (autrement nommé par quelques-uns, man & par d’autres, mao.) La serre est, à proprement parler, la livre indienne.

Les poids de Siam qu’ils nomment deingt, n’ont point d’autre nom que leurs monnoies.

Bautan, l’île de Java, Golconde, Visapour & Goa ont des poids particuliers, pour peser les diamans & autres pierreries ; d’autres pour peser les piastres & les ducats, d’autres enfin pour peser les soies & marchandises. En Perse l’on se sert de batmans ou mans, & de sahcheray, qui sont aussi en grand usage dans toutes les villes du golfe persique.

Les nations européennes qui occupent l’Amérique, se servent dans leurs colonies, des poids des princes de l’Europe dont ces colonies dépendent ; car pour la rote du Pérou qui pese 25 livres, on voit assez que ce n’est autre chose que l’arobe espagnole avec un nom un peu déguisé à l’indienne. A l’égard des poids de l’Afrique, il n’y a que l’Egypte & les côtes de

Barbarie qui en aient ; & ce sont les mêmes que ceux des échelles du levant & des états du grand-seigneur.

L’île de Madagascar a pourtant les siens, mais qui ne passent point le gros, & qui ne servent qu’à peser l’or & l’argent ; les autres choses, marchandises & denrées ne se pesent point dans cette île.

On trouvera dans Savary, Ricard & autres, le rapport des poids d’Amsterdam, ou de son quintal avec ceux des villes du plus grand commerce de l’Europe ; mais quelque soin que l’on prenne pour trouver cette égalité des poids entre une ville & une autre, il arrive rarement qu’on y réussisse dans la pratique, & qu’on ne trouve du mécompte sur les marchandises qu’on tire d’un lieu, ou qu’on y envoie. (D. J.)

Poids d’Angleterre, (Commerce.) dans tout le royaume de la grande Bretagne il y a deux poids ; l’un qu’on nomme poids-de-troye, & l’autre avoir-du-poids. Au poids-de-troye vingt-quatre grains font le denier sterling d’Angleterre, vingt deniers l’once, & douze onces la livre ; on se sert de ce poids pour peser les perles, les pierreries, l’or, l’argent, le blé, & toutes sortes de grains ; c’est aussi le poids des apoticaires, mais qui se divise autrement ; vingt grains font un scrupule, trois scrupules une dragme, & huit dragmes une once.

L’avoir-du-poids est de seize onces ; mais il s’en faut près d’un douzieme, c’est-à-dire quarante-deux grains, que l’once d’avoir-du-poids soit aussi pesante que l’once du poids-de-troye. C’est à l’avoir-du-poids que se pesent toutes les grosses marchandises, comme filasse, cuir, cire, beurre, frommage, fer, &c. Cent douze livres d’avoir-du-poids font le quintal, qu’en Angleterre on appelle hindred.

Poids, dans le Commerce, est un corps d’une pesanteur connue, & qui sert, par le moyen d’une balance, à connoître ce que pesent les autres corps. Voyez Balance, Peser.

Les poids sont communément de plomb, de fer, ou de cuivre, quoique dans différens endroits des Indes orientales on se serve de cailloux, & dans quelques lieux de petites féves.

La sureté du commerce dépendant en grande partie de l’exactitude des poids, il n’y a presque aucune nation qui n’ait pris des précautions pour prévenir toutes les falsifications qu’on y pourroit introduire. Le plus sûr moyen est de préposer des officiers particuliers pour marquer ces poids, & pour les regler d’après des modeles ou étalons fixes.

Cet expédient est très-ancien, & plusieurs auteurs pensent que ce qu’on appelloit sicles du sanctuaire chez les Juis n’étoit autre chose qu’une sorte de poids qu’on conservoit dans le sanctuaire pour servir de regle aux poids communs. Voyez Sicle & Poids du sanctuaire.

C’est ainsi qu’en Angleterre les étalons des poids sont conservés à l’échiquier par un officier particulier appellé le clerc ou le contrôleur du marché. En France l’étalon des poids est gardé sous plusieurs clés dans le cabinet de la cour des monnoies. Voyez Etalon.

La plupart des nations chez qui le commerce fleurit ont leurs poids particuliers, & souvent même différens poids, suivant les différentes provinces, & suivant les différentes especes de denrées.

La diversité des poids fait un des articles des plus embarrassans dans le commerce, mais c’est un inconvénient irremédiable. Non-seulement la réduction des poids de toutes les nations à un seul est une chose impossible, mais la réduction même des différens poids établis dans une seule nation n’est pas praticable ; témoin les efforts inutiles qu’on a faits en France pour réduire les poids sous Charlemagne, Philippe-le-Long, Louis XI. François I. Henri II. Charles IX. Hemi III. Louis XIV.

Les poids peuvent être distingués en anciens, modernes, étrangers & domestiques.