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Artedi, dans son ichthyologie, distingue les poissons par la situation de leur queue, qui est verticale dans la plûpart, & horisontale dans les autres ; l’auteur a donné à ceux-ci le nom de plagiuri, ce sont les cetacées.

Parmi ceux dont la queue est verticale, les rayons des nageoires sont osseux ou cartilagineux. Les poissons qui ont ces rayons osseux sont nommés chondropterygii.

Les poissons dont les rayons des nageoires sont osseux ont aussi des os dans les ouies ou n’y en ont point : ceux qui n’ont point d’os dans les ouies sont désignés par le nom branchiostegi.

Les nageoires des poissons qui ont des os dans les ouies sont piquantes ou non-piquantes : les poissons à nageoires piquantes portent le nom d’acanthopterygii.

Enfin ceux dont les nageoires ne sont pas piquantes ont le nom de malacopterygii. Voyez Petri Artedi ichthyologia.

M. Linnæus qui avoit adopté la méthode d’Artedi pour les poissons, en a donné une nouvelle dans la dixieme édition du systema naturæ. Il exclud les cetacées du nombre des poissons, & les range avec les quadrupedes. Suivant la nouvelle méthode de M. Linnæus, les poissons ont l’ouverture des ouies garnie ou dépourvue d’opercules & de nageoires ; ceux dont l’ouverture des ouies est dépourvue d’opercules ou de nageoires sont appellés branchiostegi.

Parmi les poissons dans lesquels ces opercules & ces nageoires se trouvent à l’ouverture des ouies, les uns n’ont point de nageoires ventrales, l’auteur les désigne par le nom d’apodes ; d’autres ont les nageoires ventrales situées au-devant des nageoires pectorales, ils sont appellés jugulaires ; d’autres ont les nageoires ventrales situées au-dessous des pectorales, ils sont nommés thoracici ; d’autres enfin ont les nageoires ventrales situées derriere les pectorales, ils sont appellés abdominales.

Poisson armé, Porc-épic de mer, orbis echinatus, muricatus. Ce poisson se pêche dans l’Océan septentrional ; on lui a donné le nom de poisson armé, parce qu’il a le corps couvert de piquans longs & durs, semblables à des pointes de fer. Il n’a point d’autres nageoires que celle de la queue. Le corps est plus rond & plus grand que celui du suetolt. Rondelet, hist. nat. des poissons, prem. part. l. XV. c. iij. Voyez Poisson.

Poisson d’Avril, voyez Maquereau.

Poisson-bœuf, (Ichthiol.) je dessinai d’après nature à S. Paul d’Omagnas, dit M. de la Condamine, le plus grand des poissons connus d’eau douce, à qui les Espagnols & les Portugais ont donné le nom de pexe, poisson-bœuf, qu’il ne faut pas confondre avec le phoca ou veau-marin. Celui dont il est question, paît l’herbe des bords de la riviere ; sa chair & sa graisse ont assez de rapport à celles du veau. La femelle a des mamelles qui lui servent à alaiter ses petits.

Le P. d’Acunna rend la ressemblance avec le bœuf encore plus complette, en attribuant à ce poisson des cornes dont la nature ne l’a pas pourvu. Il n’est pas amphibie, à proprement parler, puisqu’il ne sort jamais de l’eau entierement & n’en peut sortir, n’ayant que deux nageoires assez près de la tête, plates & rondes, en forme de rame, de 15 à 16 pouces de long, lesquelles lui tiennent lieu de bras & de piés, sans en avoir la figure, comme Laet le suppose faussement, en citant Clusius. Il ne fait qu’avancer sa tête hors de l’eau pour atteindre l’herbe sur le rivage.

Celui que vit M. de la Condamine étoit femelle ; sa longueur étoit de sept piés & demi de roi, & sa plus grande largeur de deux piés. Il y en a de plus grands. Les yeux de cet animal n’ont aucune pro-

portion avec la grandeur de son corps, ils sont ronds,

& n’ont que trois lignes de diametre ; l’ouverture de ses oreilles est encore plus petite, & ne paroît qu’un trou d’épingle.

Quelques-uns ont cru ce poisson particulier à la riviere des Amazones, mais il n’est pas moins commun dans l’Orinoque. Il se trouve aussi, quoique moins fréquemment dans l’Oyapor, & dans plusieurs autres rivieres des environs de Cayenne, de la côte de la Guyane & des Antilles. C’est le même qu’on nommoit autrefois manati, & qu’on nomme aujourd’hui lamentin dans les îles Françoises d’Amérique, l’espece de la riviere des Amazones est peut-être un peu différente. Il ne se rencontre pas en haute-mer ; il est même rare d’en voir près des embouchures des fleuves, mais on le trouve à plus de mille lieues de la mer, dans le Guallaga, le Pastuca, &c. Il n’est arrêté dans l’Amazone que par le Pongo, au-dessus duquel on n’en trouve plus. Mém. de l’acad. an. 1743. (D. J.)

Poisson juif, voyez Maquereau.

Poisson rond, flascopsaro, orbis (Pl. XIII. fig. 8.) ce poisson se pêche dans la haute-mer, on en trouve aussi aux bouches du Nil ; il a le corps rond comme une boule ; la peau n’est pas couverte d’écailles ; elle est dure & hérissée de petits tubercules pointus. Ce poisson n’a que quatre dents ; elles sont larges ; l’ouverture de la bouche est petite ; il y a deux nageoires près des ouies, & deux autres près de l’extrémité de la queue, l’une sur la face supérieure, & l’autre en-dessous. On ne mange pas ce poisson. Rondelet, hist. nat. des poissons, prem. part. l. XV. ch. j. Voyez Poisson.

Poisson volant, Hirondelle, Arondelle, Ratepenade, Rondole, hirundo, poisson de mer dont la tête est dure & presqu’entierement osseuse ; elle a par-derriere deux aiguillons dirigés du côté de la queue. Les yeux sont grands, ronds & rougeâtres. Tout le corps est couvert d’écailles roides & dures comme des os. La tête & la queue sont quarrés, & le corps est rond. Le ventre a une couleur blanche, le dos est d’un noir mêlé de rougeâtre. La couleur de ces poissons varie ; on trouve des individus de cette espece qui sont presqu’entierement rouges ; cependant, pour l’ordinaire, ils ont beaucoup plus de noir que de rouge. Les nageoires des ouies sont très-longues & fort larges ; elles s’étendent presque jusqu’à la queue ; elles ont une couleur noirâtre parsemée de taches en forme d’étoiles de différentes couleurs. Les deux nageoires du dos ont aussi de pareilles taches. Il y a près des ouies deux barbillons cartilagineux, le dedans de la bouche est rouge. On distingue plusieurs sortes de poissons volans ; celui-ci a les plus grandes aîles, aussi il vole le plus long-tems ; il ne s’éleve pas beaucoup au-dessus de l’eau, & il se soutient en l’air jusqu’à ce que ses aîles soient desséchées. Sa chair est dure, seche & nourrissante, mais difficile à digerer. Rondelet, hist. nat. des poissons, prem. part. l. X. c.j. Voyez Poisson.

Poissons, écailles des, (Science microscop.) les écailles ou couvertures extérieures des poissons sont d’une beauté & d’une régularité surprenante, & elles présentent dans les différentes especes de poissons une variété infinie de figures & d’arrangement. Quelques-unes sont un peu longues, quelques-unes rondes, d’autres triangulaires, d’autres quarrées, & d’autres de toutes les figures que l’on peut imaginer ; quelques-unes encore sont armées de pointes acérées comme celles de la perche, de la sole, &c. d’autres ont le tranchant fort uni, comme celles du merlus, de la carpe, de la tanche, &c.

Il y a également une grande variété dans un même poisson ; car les écailles tirées du ventre, du dos, des côtés, de la tête & des autres parties du corps sont