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son de 20 secondes par an. Ticho-Brahé avoit trouvé la même diminution annuelle par des observations immédiates, voyez ses Progymn. liv. I. p. 362. Cette variation de la distance entre l’étoile polaire & le pole du monde, est parfaitement conforme aux observations du mouvement des autres étoiles fixes. Les observations de Tycho prouvent qu’elle a été de même depuis 155 ans. Car si on compare la distance de l’étoile polaire au pole observée par Tycho l’an 1577, qui étoit de 2° 58′ 50″ à la distance observée en 1732 de 2° 7′ 9″ la différence qui est de 57′ 41″ étant divisée par 155, donne précisément 20″. pour le mouvement annuel de l’étoile polaire vers le pole du monde pendant ce tems. Ce mouvement ne sera pas toujours de la même quantité, il diminuera à mesure que l’étoile polaire approchera du commencement du cancer, où ce mouvement sera imperceptible pendant plusieurs années. Suivant les hypothèses du mouvement des étoiles fixes, la distance de l’étoile polaire au pole diminuera encore pendant 362 années, après lesquelles elle sera le plus proche du pole qu’elle puisse être. Si elle n’étoit pas plus éloignée du pole de l’écliptique que l’est le pole du monde, elle auroit été se placer au pole-même du monde, ainsi que quelques astronomes anciens l’ont cru devoir arriver ; mais comme elle est éloignée du pole de l’écliptique de 26′ plus que ne l’est le pole du monde, elle ne peut s’approcher plus près de ce pole que de 26′ , pourvu que la distance entre ces deux poles & la latitude de l’étoile ne changent point. Si Scaliger avoit été exercé dans ces sortes d’observations, il n’auroit pas nié si hardiment ce mouvement de l’étoile polaire & des autres étoiles fixes vers le pole du monde, ni insulté à tous les astronomes qui le soutiennent. Il est tombé dans cette erreur, parce qu’il étoit persuadé que cette étoile, qui est à l’extrémité de la queue de la petite ourse, qui est présentement la polaire, comme la plus proche du monde, avoit toujours été la plus boréale de cette constellation. Le P. Petau qui a refuté très-savamment l’erreur de Scaliger, a fait voir que la derniere étoile de la queue de la petite ourse, qui est présentement la polaire, étoit du tems d’Eudoxus, la plus éloignée du pole, & que la plus proche étoit une de l’épaule, qu’il appelle superior præcedentium in laterculo. Voyez Précession. Article de M. Formey.

POLAQUE, ou POLACRE, s. f. (Marine.) vaisseau levantin, dont on se sert sur la Méditerranée ; sa voile d’avant est latine, mais la maistre & le hunier sont quarrés. Il porte couverte, & va à voiles & à rames. Il est armé de cinq ou six canons, & de pierriers, & monté de vingt-cinq à trente matelots. Il est employé à faire des découvertes quand il est au service des grands navires.

POLARD, s. m. (Monnoie.) nom donné par quelques historiens à une petite monnoie courante de cuivre mêlé d’un peu d’argent, & qu’on nommoit plus communément croquart. Cette petite monnoie de France passa en Irlande sous le regne d’Edouard I. On la nommoit aussi rosaire, mitre lionine, suivant ses marques ; mais comme elle ressembloit aux sous du pays où il y avoit beaucoup plus d’argent, elle servit à contrefaire la monnoie courante du royaume. Pour y porter remede, le prince ordonna que dans chaque livre d’argent pesant 12 onces, il entreroit 11 onces & plus d’argent, & proscrivit tout argent au moindre titre. La monnoie d’Irlande fut réglée de la même maniere, elle se trouva la même que celle d’Angleterre ; & l’an 1300 les croquarts, polards & autres monnoies de bas aloi, furent décriées, avec peine de mort & confiscation de biens pour quiconque en transporteroit dans le royaume. Tel fut le commencement du bon argent qu’on vit en Irlande, & l’an 1304. l’Angleterre y envoya tous les

outils nécessaires pour y frapper monnoie. Les sous & les demi-sous avoient pour marque la tête du roi mise en triangle ; le sou pesoit 22 grains, & les demi-sous 10 grains & demi : mais les farthings de ce tems-là sont si rares, qu’il n’est presque plus possible d’en trouver dans les cabinets des personnes les plus curieuses en ce genre. (D. J.)

POLARITÉ, s. f. (Physiq.) c’est la propriété qu’a l’aimant ou une aiguille aimantée de se diriger vers les poles du monde.

POLASTRE, s. m. terme de Plombier, c’est une espece de poële de cuivre fort mince, longue de deux à trois piés, large & haute de quatre à cinq pouces, quarrée par son ouverture & arrondie par le bas, & garnie d’un long manche de bois. Cet instrument sert aux plombiers pour chauffer en-dedans les grands tuyaux de plomb qu’ils veulent souder. Voyez Tuyau de plomb. Voyez les fig. Pl. du Plombier.

POLATI, ou PULATI, (Géog. mod.) peuples des états du Turc en Europe dans la haute Albanie. Ils habitent à l’orient du lac de Scutari, & au nord du Drin-noir. Ils ne possedent que cinq méchans bourgs & villages ou se trouvent des chrétiens, mais tous sous la puissance des Turcs.

POLDRACK, (Commerce.) petite monnoie de Pologne : Cinq poldracks font un gros d’Allemagne ; 60 poldracks font un écu d’Allemagne, c’est-à-dire, environ 3 livres 5 sous argent de France ; ainsi le poldrack vaut environ cinq liards de notre monnoie.

POLE, s. m. en terme d’Astronomie, se dit de chacune des extrémités de l’axe sur lequel la sphere du monde est censée faire sa révolution. Voyez Sphere. Ce mot vient du grec πολεῖν, vertere, tourner.

Ces deux points éloignés de l’équateur de 90 degrés chacun, sont aussi appellés les poles du monde. Tels sont les points P & Q, Pl. astronom. fig. 21. celui des deux qui nous est visible, comme P, c’est-à-dire, qui est élevé sur notre horison, s’appelle le pole arctique ou septentrional, & celui qui lui est opposé, tel que Q, est appellé antarctique ou méridional. Voyez Arctique & Antarctique.

Pole, en terme de Géographie, est l’extrémité de l’axe de la terre, ou l’un des points sur la surface de notre globe par lesquels passe l’axe.

Tels sont les points P, Q, Pl. géograph. fig. i. celui des deux qui est élevé sur notre horison, est appellé le pole arctique ou septentrional ; & son opposé Q s’appelle pole antarctique ou méridional. Voyez Globe.

M. Halley prétend que le jour du solstice, sous le pole, est aussi chaud que sous la ligne, quand le soleil est au zénith. A toutes les heures de ce jour, sous le pole, les rayons du soleil sont inclinés à l’horison, avec lequel ils font un angle de 23 degrés & demi ; au lieu que sous la ligne, quoiqu’il soit vertical, il n’éclaire pas plus de 12 heures, & il est absent autant ; outre que pendant 3 heures 8 minutes de ces 12 heures qu’il est sur l’horison de la ligne, il n’est pas autant élevé que sous le pole. Voyez Chaleur.

La hauteur ou l’élévation du pole est un arc du méridien intercepté entre le pole & l’horison. Voyez Hauteur, Elévation.

La maniere de trouver cette élévation est un problème très-commun dans l’Astronomie, la Géographie & la Navigation, la hauteur du pole & la latitude d’un lieu étant la même chose, c’est-à-dire, l’un donnant l’autre. Voyez Latitude.

Pour observer la hauteur du pole, on se sert d’un quart de cercle, avec lequel on observe la plus grande & la plus petite hauteur méridienne de l’étoile polaire. Voyez Méridien.

On ôte ensuite la plus petite hauteur de la plus grande, & on divise cette différence par 2 ; le quotient est la distance de l’étoile au pole ; cette distance