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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/196

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soit recevable ; le produit moyen de ces épreuves a été, savoir :

A trois onces de poudre.
toises. piés.
Poudre ordinaire de guerre prise dans le magasin d’Essonne, 76. 2.
N°. 20. fabriqué dans la même proportion des matieres que la poudre ci-dessus, 74. 4.
N°. 13 78. 4.
N°. 5. 79. 1.
A deux onces.
N°. 5. 35. 2.
N°. 20. 39. 1.
N°. 13. 41. 3.

Il résulte de ces épreuves que la poudre n°. 13. qui est celle que les essais mentionnés en la table de l’autre part ont indiquée pour être la meilleure proportion des matieres, est plus forte que celle n°. 20. dont on fait usage en France.

Et que la poudre sans soufre n°. 5. augmente de force à proportion qu’on en augmente la quantité, par comparaison à une pareille quantité d’autre poudre, puisqu’à trois onces elle a surpassé les poudres de comparaison auxquelles à deux onces & au-dessous elle étoit inférieure.

A juger de ces poudres par les épreuves ci-dessus, il paroît que celle n°. 13. qui a conservé dans les épreuves, en petit comme en grand, la supériorité sur le n°. 20. sera très-propre pour le fusil ; & que celle n°. 5. sans soufre qui gagne dans les épreuves en grand, conviendra mieux pour l’artillerie que la poudre ordinaire, puisqu’avec une plus grande force elle donne moins de fumée, & qu’elle ne cause point ou très-peu d’altération à la lumiere des canons, le soufre étant ce qui produit ces deux mauvais effets dans la poudre ordinaire ; celle-ci s’est bien conservée, & a même gagné en force depuis plus d’une année qu’elle est fabriquée. Il résulteroit aussi de l’usage qu’on en feroit une économie considérable sur la quantité que consomment la grosse artillerie & les mines par la propriété qu’elle a d’être plus forte en grand qu’en petit volume ; ses effets connus jusqu’à trois onces donnent tout lieu de le présumer. Les poudriers observeront qu’elle doit être battue deux heures de moins que la poudre ordinaire.

Poudre fine, (Artillerie.) c’est celle dont le grain est extrémement délié. Son usage est pour amorcer l’artillerie, & pour charger les petites armes, comme fusils, pistolets, carabines, mousquetons, &c. (D. J.)

Poudre fulminante, (Fortification.) c’est ainsi qu’on appelle une composition de trois parties de salpêtre, de deux parties de sel de tartre, & d’une partie de soufre, pilées & incorporées ensemble ; si on la met dans une cuillere de fer ou d’argent sur un petit feu pendant un quart d’heure, ou une petite demi-heure, elle s’enflamme, & fait une si grande détonation, qu’un gros de cette poudre fulmine, & fait presque autant de bruit qu’un canon, ce qui lui a donné le nom de poudre fulminante. Elle a deux effets particuliers, différens de ceux de la poudre à canon : l’un, qu’elle fait un si grand bruit sans être enfermée, qu’elle perce, pour ainsi dire, les oreilles ; l’autre, qu’au contraire de la poudre à canon, elle agit du haut en bas d’une telle force, qu’elle perce une cuillere de cuivre ; celle de fer résiste davantage.

Comme l’effet de cette poudre vient de l’étroite liaison des parties du tartre avec le salpêtre & le soufre ; il résulte que si l’on fait chauffer ces matieres à un grand feu, elle produit beaucoup moins d’effet

dans sa détonation, parce qu’elles ont été trop agitées pour pouvoir se lier intimement.

On fait aussi pareille chose avec de l’or, ce qu’on appelle de l’or fulminant. Voyez Or fulminant, traité des feux d’artifices, par M. Frezier. (Q)

Poudre-grenée, (Artillerie.) c’est une poudre dont le grain est trop gros : elle sert à charger les pieces d’artillerie, & même les mousquets, soit les plus légers qu’on porte en campagne, soit les plus pesans qu’on emploie à la défense des places. (D. J.)

Poudre muette, (Fortification.) c’est une erreur de croire qu’il y ait de la poudre vraiment muette, c’est-à-dire, qui ne fasse aucune détonation, lorsqu’elle prend feu dans un lieu renfermé, comme dans un canon ou ailleurs, de sorte qu’elle s’ouvre un passage, & chasse, par exemple, un boulet sans faire aucun bruit ; car tout le monde sait que le bruit n’est autre chose qu’une agitation de l’air dans un mouvement subit & violent ; il ne peut cesser ou diminuer qu’à mesure que le mouvement se ralentira : sur ce principe on voit clairement qu’en ôtant l’activité de la poudre, on lui ôteroit la force de faire jour au-travers des obstacles qu’on lui oppose dans un canon, puisqu’en ôtant ces obstacles, comme dans un fusil chargé de poudre, sans bourre ni boulet, il se fait encore une détonation. On peut étendre plus au long ce raisonnement ; mais sans s’y arrêter davantage, il suffit de dire que c’est l’invention des arquebuses à vent qui a donné lieu à ce faux bruit répandu par le peuple, qu’il y a de la poudre muette, c’est-à-dire, qui ne fait point de bruit dans le canon. Voyez Arquebuse à vent. Frezier, traité des feux d’artifices. (Q)

Poudre se dit dans l’Ecriture, de la sciure de chêne, de buis, ou de la limaille métallique qu’on jette sur le papier pour prendre sur le champ l’humidité dont l’air n’a pas eu le tems de se charger.

Poudre ou Poussiere, (Maréch.) battre la poudre ou la poussiere, en terme de manege ; c’est lorsque le cheval ne fait pas à chaque tems ou à chaque mouvement assez de chemin avec ses jambes de devant, & qu’il pose ses piés de devant près de l’endroit d’où ils les a levés.

Un cheval bat la poudre au terre-à-terre, lorsqu’il n’embrasse pas assez de terrein avec les épaules, & qu’il fait tous ses tems trop courts, comme s’il les faisoit dans la même place. Voyez Terre-a-terre.

Il bat la poudre aux courbettes, lorsqu’il les hâte trop, & qu’il les fait trop basses. Voyez Courbette.

Il bat la poudre au pas, lorsqu’il va un pas court, ou qu’il avance peu, soit qu’il aille au pas par le droit ou sur un rond, ou qu’il passege. Voyez Pas, Passeger.

Poudre a cheveux, en terme de Gantier-Parfumeur ; c’est un amidon bien passé & bien pulvérisé pour sécher les cheveux naturels & les perruques. Ce sont les Gantiers-Parfumeurs qui la fabriquent, & en font le commerce.

Poudre de senteur, (Parfumeur.) ce sont des poudres que les Gantiers tirent des fleurs ou des drogues aromatiques, comme la poudre de violette, la poudre de Chypres, & autres. Elles servent à donner de l’odeur aux poudres à cheveux.

Poudre, (Tannerie.) c’est le tan pilé dont se servent les Tanneurs pour tanner leurs cuirs. Les cuirs forts reçoivent jusqu’à cinq poudres, c’est-à-dire, qu’on y remet cinq fois de nouveau tan. (D. J.)

POUDRER, v. act. c’est répandre de la poudre sur quelque chose.

Poudrer, (Teinturier.) ce mot se dit d’une certaine poudre qui sort des étoffes après qu’elles ont été teintes en noir, & qui y reste des différentes drogues & ingrédiens qu’on a coutume d’employer à cette teinture.