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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/333

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à cause qu’il porte une croix pour symbole de sa religion.

Scaliger prétend que le nom de prêtre-jean vient des mots persans preste cham, qui signifient roi apostolique ou roi chrétien. D’autres le dérivent de prester, esclave, & du même mot cham, auquel cas prete-jean signifie roi des esclaves : enfin, quelques-uns veulent qu’il soit formé du persan preschteh gehan, qui signifie l’ange du monde, & remarquent que les empereurs du Mogol ont pris souvent le titre de schah gehan, c’est-à-dire le roi du monde ; mais il n’est pas étonnant qu’on ait formé tant d’opinions différentes sur le nom d’un monarque qui n’a jamais existé, du moins sous ce titre dans son propre pays, parce qu’on étoit alors fort peu dans le goût des voyages, & que les Chrétiens occidentaux n’osoient se risquer dans la haute Asie dans un tems où les Asiatiques maltraitoient tous les Européens, à cause de la différence des religions ; mais depuis que les voyageurs ont pénétré dans les contrées les plus reculées de l’Asie & de l’Afrique, il n’est rien resté du prete-jean qu’un nom sans réalité, & beaucoup de traditions fabuleuses qu’en avoient publiées les anciens auteurs, sur des relations qu’ils adoptoient avidement & sans examen. Les Portugais eux-mêmes qui ont parcouru toute l’Ethiopie, n’ayant rien découvert sur ce prince des Abyssins, sinon qu’il étoit chrétien jacobite, & nulle trace du nom de prêtre jean, si ce n’est que les Ethiopiens nommoient leur empereur belulgian, c’est-à-dire en leur langue précieux & puissant.

PRESTER, s. m. (Phys.) sorte de méteore, consistant dans une exhalaison qui sort d’une nue avec tant de violence, qu’elle s’enflamme par le choc. Voyez Méteore.

Ce mot vient du grec, πρηστηρ ; c’étoit le nom d’une espece de serpent appellé aussi dipsas, auquel on prétendoit que ce méteore avoit quelque ressemblance.

Le prester differe de la foudre, par la maniere dont il s’enflamme, & aussi parce qu’il brûle & baisse avec une grande violence tout ce qu’il rencontre. Voyez Foudre & Ouragan. Chambers.

Prester, (Géog. mod.) le vent appellé prester, est un vent violent qui s’éleve avec éclairs & flamme. Il arrive rarement, & ne va guere sans l’ecnephie. Séneque appelle prester, un tourbillon avec éclairs. (D. J.)

PRESTESSE, s. f. terme de Manege ; ce cheval manie, fait les pirouettes à deux pistes avec une grande prestesse, c’est-à-dire une extreme vîtesse.

PRESTIGE, s. m. (Gram.) illusion faite aux sens, par artifice.

Moïse en transformant sa verge en serpent, fit un miracle.

Les magiciens en transformant leurs baguettes en serpens, ne firent que des prestiges.

C’est que le serpent fait de la verge de Moïse étoit un vrai serpent.

Et que les serpens faits des verges des magiciens, n’en étoient que des apparences.

PRESTIMONIE, s. f. (Jurisprud.) sont des especes de prébendes que l’on donne à des ecclésiastiques, sous la condition de dire quelques messes ou prieres.

On distingue plusieurs sortes de prestimonies.

Dans leur véritable objet, ce sont des fondations faites pour entretenir des prêtres, pour aider & servir les paroisses.

Néanmoins on donne aussi abusivement le nom de prestimonie à certaines fondations de messes ou autres prieres que l’on fait acquitter par tel ecclésiastique que l’on juge à propos moyennant la rétribution qui y est attachée ; on appelle même aussi prestimonie, des fondations faites pour l’entretien de prê-

tres qui ne sont chargés que de deux ou trois messes

par an.

Il y a des prestimonies ou portions prestimoniales, qui sont données en titre perpétuel de bénéfices, & celles-ci sont en effet de véritables bénéfices, différens néanmoins des chapelles, en ce qu’ils n’ont aucun lieu qui leur soit propre & que ces prestimonies s’acquittent dans une église qui n’appartient pas au bénéfice de celui qui est chargé de les acquitter.

Il y a encore d’autres prestimonies ou portions prestimoniales qui ne sont données que pour un tems, & qui sont détachées des revenus d’un bénéfice, mais qui doivent y retourner ; ces sortes de prestimonies ne sont pas des bénéfices.

Les coadjutoreries ne sont pas non plus des bénéfices, mais de simples prestimonies. Voyez les définitions canoniques de Castel, & le recueil de Décisions de Drapier, tom. I. ch. xj. (A)

PRESTO, adv. vite. C’est ainsi qu’on indique, en musique, le plus prompt & le plus animé de tous les mouvemens. Quelquefois pourtant, on le marque encore plus rapide par le superlatif, prestissimo. (S)

PRESTON, (Géog. mod.) ville d’Angleterre, dans le Lancashire, sur la Ribble, à 206 milles au nord-ouest de Londres. Elle envoye deux députés au parlement. Le prétendant fut défait sous ses murailles en 1715. Long. 14. 46. lat. 53. 45. (D. J.)

PRESTROS, s. m. terme de Pêche, usité dans le ressort de l’amirauté de Brest ; ce sont les éperlans bâtards. Voyez Eperlans.

PRESUMER, v. act. (Gramm.) c’est avoir de la présomption, voyez Présomptueux. On présume trop de foi, ou des autres. Présumer, c’est encore craindre ou espérer, ou même d’après des probabilités.

PRÉSUPPOSER, v. act. PRÉSUPPOSITION, s. f. c’est supposer d’abord, & en conséquence de cette supposition, inférer une chose qui est ou n’est pas.

PRESURE, s. f. (Chimie.) les presures ordinaires, soit qu’on les tire des animaux ou des végétaux, sont des matieres acides.

La presure animale est un lait caillé & sensiblement aigri, qu’on retire de l’estomac des jeunes animaux qui se nourrissent encore du lait de leurs meres ; des veaux, des agneaux, des chevraux.

La presure végétale ordinaire ; savoir, les étamines du chardon d’Espagne ou chardonnet, ne paroissent aussi avoir la propriété de cailler le lait, que parce qu’elles contiennent un acide nud ou développé, qui n’est autre chose vraissemblablement que du miel aigri. Les fleurs du gallium, plante appellée en françois caille-lait, à cause de la propriété dont nous parlons, sont très-mielleuses ; cette observation confirme la conjecture précédente.

Il y a apparence que les plantes qui contiennent un esprit recteur acide, comme le marum ; voyez Marum, cailleroient aussi le lait ou produiroient l’effet de la presure. Voyez Coagulation & Lait. (b)

PRÊT de, PRÊT a, (Synonymes.) on dit l’un & l’autre ; je suis prêt de faire ou à faire ce que vous voudrez. Lorsque prêt signifie sur le point, prêt de est ordinairement le meilleur ; les dieux étoient prêts de le vanger ; vous êtes prêts de jouir du bonheur, &c. Mais il convient de remarquer que prêt de mourir, signifie la défaillance extrème du corps, qui fait connoître qu’on est sur le point de mourir, au lieu que prêt à mourir, marque la disposition de l’ame. Il faut toujours mettre prêt à, quand le verbe actif qui suit a une signification passive, comme prêt à marier, prêts à manger, &c. c’est-à-dire prêt à être marié, prêt à être mangé. (D. J.)

Prêt a intérêt, (Droit naturel, civil, & canon.)