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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/372

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de conférer le titre de prince du sénat, non comme autrefois à l’ancienneté, mais au mérite, Tite-Live s’étoit imposé la loi de marquer ceux qui l’avoient reçu depuis cette époque. En effet, la suite en devenoit alors beaucoup plus intéressante, parce qu’elle faisoit connoître à qui les Romains avoient de siecle en siecle adjugé le prix de la vertu.

Il est donc à présumer que nous en aurions une liste complette depuis Fabius Maximus jusqu’aux derniers tems de la république, si nous avions l’ouvrage de Tite-Live tout entier. Mais on ignore quel fut le successeur d’Emilius Lépidus mort en 601 ; c’est le dernier dont il soit fait mention dans Tite-Live, qui nous manque à la fin du sixieme siecle de Rome. Nous trouvons Cornélius Lentulus en 628, Métellus le macédonique en 632, Emilius Scaurus en 638, & celui-ci vivoit encore en 662 ; à Scaurus succéda peut-être l’orateur Antoine, que Marius fit égorger en 666. L. Valerius Flaccus fut nommé l’année suivante, Catulus en 683.

Les vuides qui se trouvent dans cette liste peuvent être attribués avec assez de vraissemblance à la disette d’historiens. Mais on doit, ce me semble, chercher une autre raison de celui qui se rencontre depuis la mort de Catulus, arrivée au plus tard en 693 jusqu’à César Octavien, choisi l’an de Rome 725. Je crois que dans cet intervalle le titre de prince du sénat demeura vacant. Pour ces tems-là, nous avons l’histoire de Dion Cassius. Il nous reste beaucoup d’auteurs contemporains & autres, dont les ouvrages nous apprennent dans un très-grand détail les évenemens des trente dernieres années de la république. Si Catulus eut des successeurs, comment aucun d’eux n’est il marqué nulle part, pas même dans Cicéron, dont les écrits, & sur-tout ses lettres, sont une source intarissable de ces sortes de particularités ?

On trouve, il est vrai, çà & là certaines expressions qui semblent insinuer que Crassus & Pompée furent princes du sénat. Par exemple, dans Velleius Paterculus, le premier est appellé romanorum omnium princeps ; le second princeps romani nominis, dans le même historien ; omnium sæculorum & gentium princeps, dans Ciceron, qui, par reconnoissance & par politique, a plus que personne encensé l’idole dont il connoissoit le néant. Toutefois ces expressions & d’autres semblables prouvent simplement la supériorité de puissance que Pompée & Crassus avoit acquise, & nous ne devons pas en conclure qu’ils ayent été princes du sénat. Pour le dernier, il falloit avoir exercé la censure, ou du-moins l’exercer actuellement ; or Pompée n’a jamais été censeur.

On convient que les usages & les lois même ne tenoient point devant l’énorme crédit de Pompée. On lui prodiguoit les dispenses ; mais les auteurs ont pris soin de remarquer celles qui lui furent accordées. Ils les rapportent tantôt comme les preuves du mérite qu’ils lui supposent, tantôt comme les effets de son bonheur, de ses intrigues, du fanatisme de la nation. Pourquoi la dispense dont il s’agit leur auroit-elle échappée ? Sommes-nous en droit de la supposer malgré leur silence ? Il est si profond & si unanime qu’il vaut presque une démonstration. Crassus avoit été censeur, mais aucun auteur ne dit qu’il ait été prince du sénat. Parmi les titres, soit anciens, soit nouveaux que l’on accumula sur la tête de César depuis qu’il eut opprimé sa patrie, nous ne lisons point celui de prince du sénat.

Il est très-vraissemblable que pendant les trente années qui s’écoulerent depuis la mort de Catulus jusqu’au sixieme consulat d’Octavien, la place de prince du sénat demeura vacante. Après la mort de Catulus, la place de prince du sénat ne put être remplie pendant les dix années suivantes. Appius Claudius & Lucius Pison furent élus en 703, & ce furent

les derniers qui du tems de la république ayent exercé la censure.

Le jeune César ayant réuni dans sa personne toute la puissance des triumvirs, projetta de la déguiser sous des titres républicains. Lorsqu’il eut formé son plan, il jugea que le titre de prince du sénat, princeps, marquant le suprème degré du mérite, seroit le plus convenable pour servir de fondement aux autres ; il fut nommé prince du sénat, dit Dion, conformément à l’usage qui s’étoit observé, lorsque le gouvernement populaire subsistoit dans toute sa vigueur. Tous les pouvoirs qui lui furent alors confiés & ceux qu’il reçut dans la suite, il ne les accepta que comme prince du sénat, & pour les exercer au nom de la compagnie dont il étoit chef. Cuncta discordiis fessa, dit Tacite, nomine principis sub imperium accepit. A l’exemple de ceux qui avoient été princes du senat avant lui, il se tint plus honoré de ce titre que d’aucun autre. C’étoit un titre purement républicain, & qui ne portant par lui-même nulle idée de jurisdiction ni de puissance, couvroit ce que les autres pouvoient avoir d’odieux par leur réunion & par leur continuité. (Le Chevalier de Jaucourt.)

PRINCE-MÉTAL ou TOMBAC, (Métallurgie.) on l’appelle aussi métal du prince, parce que le prince palatin Robert l’apporta en Angleterre. C’est un alliage composé de six parties de laiton ou cuivre jaune, & d’une partie d’étain. Cette composition est d’un jaune qui imite assez l’or, mais elle noircit à l’air, & se couvre du verd-de-gris. Voyez Tombac.

PRINCESSE, s. f. (Grammaire.) fille née d’un prince.

PRINCIER, s. m. (Jurisprud.) que l’on écrivoit autrefois primcier du latin primicerius, est la même dignité qu’on appelle ailleurs primicier, & en d’autres endroits doyen ou prevôt ; c’est le premier dignitaire d’un chapitre. La dignité de princier subsiste encore à Metz ; on assûre qu’elle est aussi actuellement comptée parmi celles de Milan & de l’église de Venise, & que ce sont les trois seules églises où l’on voie aujourd’hui un princier ; car la princerie de Verdun fut supprimée en 1387. Voyez l’histoire de Verdun, p. 10 & 14, & ci-devant le mot Primicier.

PRINCIPAL, E, adj. (Gram.) on appelle en grammaire proposition principale, une proposition complexe comparée dans sa totalité avec une autre proposition qu’elle renferme comme partie complétive de son sujet ou de son attribut, & qui prend alors le nom de proposition incidente. Ainsi ces deux mots sont corrélatifs : la proposition totale n’est principale qu’à l’égard de l’incidente ; & la partielle n’est incidente qu’à l égard de la principale. Exemple : les preuves dont on appuie la vérité de la religion chrétienne sont invincibles ; cette proposition totale est principale, si on la compare à l’incidente qui est, dont on appuie la vérité de la religion chrétienne ; hors de la comparaison, elle n’est qu’une proposition complexe. Voyez Proposition & Incidente. (B. E. R. M.)

Principal, adj. (Géom.) l’axe principal d’un ellipse est son grand axe, ou celui qui la traverse dans sa plus grande longueur. Voyez Ellipse.

L’axe principale d’une hyperbole est la ligne D K, Pl. conic. fig. 17. laquelle ligne coupe la courbe dans ses deux sommets D & K. Voyez Hyperbole. (O)

Principal, pris substantivement, (Archit. & Com.) se dit d’une somme prêtée, sans avoir égard aux intérêts. Voyez Intérêt. Ainsi, soit a une somme prêtée, qui, dans un tems quelconque, comme dans un an, doive produire l’intérêt m ; par exemple , a est appellé le principal, & la somme a + m dûe à la fin de l’année, est composée du principal & de l’intérêt. Voyez Intérêt, Escompte, Arrérage.

Principal, adj. se dit de la plus considérable & la plus nécessaire partie de quelque chose.