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prenoit avec deux dés, il n’auroit qu’un hazard pour gagner, & 35 pour perdre, parce que deux dés peuvent se combiner en 36 façons différentes ; c’est-à-dire, que leurs faces qui sont au nombre de six, peuvent avoir 36 assietes différentes, comme vous le voyez dans cette table,

1, 1. 2, 1. 3, 1. 4, 1. 5, 1. 6, 1.
1, 2. 2, 2. 3, 2. 4, 2. 5, 2. 6, 2.
1, 3. 2, 3. 3, 3. 4, 3. 5, 3. 6, 3.
1, 4. 2, 4. 3, 4. 4, 4. 5, 4. 6, 4.
1, 5. 2, 5. 3, 5. 4, 5. 5, 5. 6, 5.
1, 6. 2, 6. 3, 6. 4, 6. 5, 6. 6, 6.


ce nombre 36 étant le quarré du nombre 6 des faces de deux dés. S’il y avoit 3 dés, au lieu de 36 quarrés de 6, on auroit le 216 pour le nombre des combinaisons entre 3 dés ; s’il y avoit 4 dés, on auroit le quarré 1296 du même nombre 6, pour le nombre des combinaisons entre 4 dés, & ainsi de suite.

Il suit de-là qu’on ne doit mettre que 1 contre 35, pour faire une rafle déterminée avec deux dés en un coup. On connoîtra par un semblable raisonnement, qu’on ne doit mettre que 3 contre 213, pour faire une rafle déterminée avec trois dés en un coup, & 6 contre 1290, ou 1 contre 215 avec quatre dés, & ainsi de suite, parce que des 216 hazards qui se trouvent en trois dés, il y en a 3 pour celui qui tient le dé, puisque 3 choses se peuvent combiner 2 à 2, en trois façons, & par conséquent 213 contraires à celui qui tient le dé : & que des 1296 hazards qui se trouvent entre quatre dés, il y en a 6 qui sont favorables à celui qui tient le dé, puisque quatre choses se combinent deux à deux en six façons, & par conséquent 1290 contraires à celui qui tient le dé.

Mais si vous voulez savoir le parti de celui qui entreprendroit de faire une rafle quelconque du premier coup avec deux ou plusieurs dés, il ne sera pas difficile de connoître qu’il doit mettre 6 contre 30, ou un contre 5 avec deux dés, parce que, si des 36 hazards qui se trouvent entre deux dés, on ôte six hazards qui peuvent produire une rafle, il reste 30. On connoîtra aussi très-aisément qu’avec trois dés, il peut mettre 18 contre 198, ou 1 contre 11, parce que si des 216 hazards qui se rencontrent entre trois dés, on ôte 18 hazards qui peuvent produire une rafle, il reste 198, &c. (D. J.)

Rafle, (Œcon. rustiq.) est le petit rameau tendre de la vigne où étoient attachés les grains de raisin ; on s’en sert à faire du vinaigre ; elle fait tourner le vin & le rend sur ; mais il faut pour cela la mettre en lieu où elle puisse devenir sure elle-même, avant que de la jetter dans le vinaigre, & pour cet effet, à présent, dès que la vendange est faite, on enferme les rafles dans des barils, de peur qu’elles n’ayent de l’air, parce que, si elles en avoient, elles s’échaufferoient & se gâteroient. On n’a pas jusqu’à présent trouvé d’autre moyen de les conserver que de remplir le vaisseau où on les a enfermées, de vin ou de vinaigre.

Rafle, s. f. (terme d’Oiselier & de Pêcheur.) sorte de filet triple ou contremaillé, pour prendre de petits oiseaux & des poissons.

RAFLEUX, en terme de Raffinerie, il se dit d’un sucre qui a été mouvé trop froid, & a contracté pour cette raison des inégalités qui se remarquent sur sa surface. Voyez Mouver.

RAFRAICHIR, v. act. (Gram.) ce verbe a quelques acceptions très-diverses. Rafraîchir, c’est communément rendre frais, diminuer la chaleur. L’orgeat rafraîchit. La pluie rafraîchit l’air. La glace rafraîchit le vin. Rafraîchir, c’est échanger, réparer, raccommoder, ravitailler ; on rafraîchit une place de

munitions & de soldats ; on se rafraîchit ou l’on reprend des forces, on rafraîchit un mur, un habit, un tableau ; on rafraîchit ses cheveux, en les faisant couper légerement par la pointe ; dans le même sens on rafraîchit des arbres, des bois, un chapeau, un manteau. On se rafraîchit la mémoire, l’imagination, &c.

Rafraichir, (Marine.) ce terme a plusieurs significations. On dit rafraîchir le canon, lorsqu’on met du vinaigre & de l’eau dans la volée, lorsqu’il a tiré environ sept coups ; rafraîchir la fourrure, quand on fait changer de place à la fourrure qu’on met tout-au-tour d’un cable ; & que le vent se rafraichit, lorsqu’il devient plus fort.

Rafraichir, (Métallurgie.) c’est ainsi qu’on nomme dans les fonderies une opération qui consiste à joindre du plomb, de la litharge ou quelqu’autre substance qui contienne du plomb, avec une mine ou un métal, afin que ce plomb se charge de l’argent qui y est contenu. Voyez l’article Liquation.

Rafraichir le grain, (Brasserie.) c’est lui donner de l’eau nouvelle, lorsqu’il est à moitié trempé.

Rafraichir, terme de Chapelier, on rafraîchit les chapeaux en en rognant les bords, & les lustrant avec de l’eau.

Rafraichir, v. act. terme de Jardinier, ce mot se dit des racines des arbres, & signifie couper un peu de l’extrémité d’une racine, pour ôter ce qui pouvoit s’être séché ou rompu. (D. J.)

Rafraichir, en terme de Raffineur de sucre, c’est mettre la seconde terre desséchée & une autre terre presque en eau, après que l’autre a été estriquée (Voyez Estriquer.), afin d’achever de faire tomber le sirop que les deux premieres esquives n’ont pu chasser.

RAFRAICHISSANT, (Thérapeutique.) remede rafraîchissant. On donne premierement ce nom à des médicamens destinés à l’usage intérieur, qu’on croit capables de remédier à un état contre nature, assez mal défini par une prétendue augmentation de chaleur naturelle : ce qui fait que cette qualité de rafraîchissant n’est souvent prise que dans un sens figuré ; car la plûpart des remedes intérieurs auxquels on donne ce titre, sont bien capables de calmer la plûpart des symptômes, de l’état appellé échauffement, & même de remédier entierement à cette incommodité (Voyez l’article Échauffant & Échauffement ; mais ils ne sont point capables de diminuer la chaleur naturelle, ou de ramener à l’état naturel la chaleur excessive contre nature, du moins par un effet direct & immédiat.

Les remedes rafraîchissans internes sont premierement les boissons actuellement froides, comme l’eau à la glace, & les liqueurs glacées ou les glaces. Voyez Glaces, Médecine.

2°. Les liqueurs aqueuses acidules, telles que sont les sucs acides des végétaux étendus de beaucoup d’eau, par exemple, la limonnade (voyez Limonnade), l’oxicrat (voyez Oxicrat & Vinaigre) & enfin les liqueurs aqueuses chargées jusqu’à agréable acidité de quelque acide minéral. Voyez Acide sous le mot Sel.

3°. Tous les remedes appellés délayans. Voyez Délayans.

4°. Enfin les esprits ardens fermentés très-affoiblis, en les noyant d’une grande quantité d’eau ; ainsi un filet d’eau-de-vie dans un grand verre d’eau fournit un mélange vraiment rafraîchissant. C’est à cette classe qu’il faut rapporter la petite bierre, qui prise en petite quantité est véritablement rafraîchissante.

Il y a aussi des rafraîchissans extérieurs : & ceux-ci le sont à la rigueur, ou à la lettre ; car ils diminuent