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Page:Diderot - Encyclopedie 1ere edition tome 13.djvu/887

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qu’ils n’ont pu mouvoir de leur place, ils s’en éloignent en retournant en arriere par leur force élastique. Voyez Élastique.

C’est sur ce principe que quelques auteurs assurent qu’il peut y avoir & qu’il y a effectivement un moment de repos entre l’incidence & la réflexion ; puisque le mouvement réfléchi n’est point une continuation du premier, mais un nouveau mouvement qui naît d’une nouvelle cause ou principe, savoir de la force d’élasticité. Cependant l’opinion de ces auteurs prise en un certain sens, n’est point une suite nécessaire de la nature de l’élasticité. Un corps à ressort qui vient frapper un plan se bande & s’applatit peu-à-peu en changeant de figure, & consume petit-à-petit tout le mouvement qu’il avoit & qu’il emploie à bander son ressort. Quand une fois le ressort est totalement bandé, & que le corps a perdu tout son mouvement, le ressort se débande aussi-tôt sans qu’il y ait d’intervalle entre le commencement du débandement & la fin du débandement.

En effet quelle seroit la cause qui feroit que le ressort resteroit bandé lorsque le mouvement du corps est entierement cessé, & que rien ne s’oppose au débandement du ressort ? Il se débandera donc aussi-tôt, & rendra par degrés au corps tout le mouvement qu’il avoit perdu, précisément comme un pendule qui retombe après avoir monté. Il n’y aura donc point d’intervalle entre la fin du bandement, qu’on peut regarder comme le terme de l’incidence, & le commencement du débandement qu’on peut regarder comme le premier moment de la réflexion. Car quand le corps commence à se débander, toutes ses parties, hors celle du point de contact, commencent à s’éloigner du plan ; & tant que le corps bande son ressort, toutes ses parties s’approchent du même plan. Mais si on veut prendre pour le moment d’incidence celui où le corps vient à toucher le plan, & pour le moment de réflexion celui où le corps quitte entierement le plan, il est évident qu’il y aura un intertervalle de tems fini, quoique très-court, entre l’incidence & la réflexion, savoir le tems que le ressort met à se bander & à se débander. Voyez Élasticité.

C’est une des grandes lois de la réflexion que l’angle qu’un corps réfléchi fait avec le plan de l’obstacle réfléchissant, est égal à celui sous lequel il frappe cet obstacle. Cette loi se démontre de la maniere suivante : imaginons qu’un corps ou point élastique A, fig. 26, Opt. vienne frapper le plan immobile DE suivant la direction AB, le mouvement de ce corps suivant AB peut être regardé comme composé d’un mouvement suivant AP perpendiculaire au plan DE, & d’un mouvement suivant FB parallelement au plan DE. Voyez Composition. Or comme de ces deux mouvemens il n’y a que le mouvement suivant AF auquel le plan résiste, le ressort se comprimera & se débandera suivant AF, ou ce qui revient au même suivant BH, ainsi le corps A ou B recevra en arriere suivant BH un mouvement égal & parallele à AF ; mais ce même corps garde outre cela le mouvement suivant BF, qui n’est ni détruit, ni alteré par le plan ; son mouvement, après le choc, est donc composé d’un mouvement BG égal à BF, & d’un mouvement BH égal à AF, il décrira donc la diagonale BC, laquelle fera évidemment l’angle CBG de réflexion égal à l’angle ABF d’incidence. Voyez Angle & Incidence. Pour les différentes lois de mouvement que l’on a observées dans les réflexions des corps, voyez Percussion.

Réflexon des rayons de lumiere (Optique.) est un mouvement des rayons, par lequel, après avoir tombé sur les parties solides des corps, ou, pour mieux dire, après s’en être approchés le plus près qu’il est possible, ils s’en éloignent de nouveau. Voyez Réflexibilité.

C’est par la réflexion des rayons de lumiere qui tombent sur les surfaces des corps éclairés, que ces mêmes corps deviennent visibles. Voyez Vision & Rayon.

Et c’est la disposition qu’ont les corps à réfléchir tel ou tel rayon en plus grande abondance, qui est la cause des différentes couleurs qu’on y remarque. Voyez Couleur.

La réflexion de la lumiere de dessus les surfaces des miroirs fait l’objet de la catoptrique. Voyez Catoptrique.

La réflexion de la lumiere, ainsi que M. Newton l’a fait voir, ne se fait point par les rayons qui frappent toutes les parties d’un corps, mais par quelque propriété de ce même corps également répandue sur toute sa surface, au moyen de laquelle il agit sur le rayon, l’attirant ou le repoussant sans aucun contact immédiat. Voyez Rayon.

Il prétend que c’est ce même pouvoir qui fait que les rayons se rompent dans d’autres circonstances, & qu’ils émanent du corps lumineux. Voyez Lumiere.

Les raisons dont il se sert pour prouver son sentiment, sont 1° que les surfaces des miroirs qui paroissent les plus unies à l’œil, sont cependant raboteuses & inégales ; puisque polir une glace n’est autre chose qu’enlever ses parties les plus éminentes par le moyen du sable ou du tripoli. Si donc les rayons de lumiere étoient réfléchis en frappant les parties solides du verre, les réflexions ne seroient jamais aussi exactes qu’elles le sont, & le verre le plus uni écarteroit autant les rayons que le plus raboteux. Il reste donc à savoir comment un verre poli peut réfléchir les rayons aussi régulierement qu’il fait, & on ne peut résoudre ce probleme qu’en disant que la réflexion d’un rayon se fait non d’un seul point de corps réfléchissant, mais par quelque faculté de ce corps également répandue sur toute sa surface, par laquelle il agit sur un rayon sans aucun contact immédiat ; car on a déja fait voir au mot Diffraction, que les parties des corps agissent sur la lumiere à une certaine distance.

2°. Si l’on fait ensorte que les couleurs que l’on a séparées par le moyen d’un prisme placé à l’endroit par où un rayon de lumiere entre dans une chambre obscure tombent successivement sur un second prisme, placé à une très-grande distance du premier avec une même obliquité ; le second prisme peut être tellement incliné aux rayons incidens, qu’il réfléchisse tous ceux qui sont de couleur bleue, & qu’il donne passage à ceux qui sont rouges. Or si la réflexion étoit causée par les parties de l’air ou du verre, on pourroit demander d’où vient qu’à la même obliquité d’incidence les rayons bleus frappent ces parties de maniere qu’ils se réfléchissent, & que les rouges trouvent assez de pores pour passer à-travers le prisme en grande quantité.

3°. Il n’y a point de réflexion sensible au point où deux verres se touchent, & cependant on ne voit point d’où vient que les rayons ne heurtent point les parties du verre, lorsqu’il est contigu à un autre verre avec autant de force que lorsqu’il l’est à l’air.

4°. Si les rayons rouges & bleus qui ont été séparés par le prisme, tombent successivement sur une lame plate de telle matiere transparente que ce soit, dont l’épaisseur augmente en proportion arithmétique continue, telle qu’une lame d’air entre deux verres, dont l’un soit plan & l’autre un peu convexe, la même lame réfléchira dans la même partie tous les rayons d’une même couleur, & donnera passage à tous ceux d’une couleur différente, mais elle réfléchira dans ses différentes parties les rayons d’une seule & même couleur à une épaisseur, & leur donnera passage à une autre, & ainsi alternativement & à l’infini. Or, on n’imaginera jamais que dans un en-