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creux en-dedans, qu’on nomme retirure : si les gouttes ou trous sont grands, on apporte avec le fer autant de gouttes qu’il en faut pour les boucher en reverchant d’abord les extrémités des trous, & enfin le milieu qu’il faut toujours avoir soin d’abreuver ; & lorsque les trous sont à différens endroits, on change la forme du sable, suivant la place où ils se trouvent.

Observez que les gouttes se reverchent toujours par le dessus des pieces en poterie, & par le dessous en vaisselle, & le drapeau à sable se met en-dedans.

REVERDIE, s. f. (Marine.) on appelle ainsi sur certaines côtes de Bretagne les grandes marées. Voyez Marée.

REVERDIR, v. neut. (Jardinage.) c’est redevenir verd ; on fait reverdir des pallissades vifs, en jettant à leur pié du jus du fumier de pourceau. Un jeune plant par les arrosemens & les labours reverdit aussitôt.

RÉVÉRENCE, s. f. (Gram.) terme qui exprime le respect qu’on porte aux choses sacrées, aux prêtres, aux temples, aux images, aux sacremens. N’oubliez jamais la révérence des lieux saints. Portez aux magistrats la révérence qu’on doit à ceux qui sont chargés du dépôt des lois & du soin de rendre la justice. Il est rare de parler des devoirs que la révérence du mariage exige d’une femme sans y manquer.

RÉVÉREND, adj. (Gram.) titre que l’on donne par respect aux ecclésiastiques. Voyez Titre & Qualité.

On appelle les religieux révérends peres, les abbêsses, prieures, &c. révérendes meres. Voyez Abbé, Religieux, &c.

Les évêques, archevêques, abbés, &c. ont tous en France le titre de révérendissime. Voyez Évêque.

RÉVERENTIELLE, crainte, (Jurisprudence.) voyez le mot Crainte.

RÉVÉRER, v. act. (Gram.) honorer, respecter, vénérer. Voyez l’article Révérence.

RÊVERIE, s. f. (Gram.) voyez les articles Rêve & Rêver.

REVERNIR, v. act. (Gram.) c’est revenir de-rechef. Voyez les articles Vernis & Vernir.

REVERS, s. m. (Gram.) c’est le côté qu’on ne voit qu’en retournant la chose ; on dit revers d’un feuillet ; le revers d’une image ; le revers de la main ; frapper de revers, c’est frapper de gauche à droite avec un bâton, un sabre qu’on tient de la droite.

Revers se prend aussi pour vicissitude fâcheuse ; la fortune d’un commerçant est sujette à d’étranges revers ; la vie est pleine de revers. La vertu la plus essentielle a un être condamné à vivre, est donc la fermeté qui nous apprend à les soutenir. Le revers d’une manche en est le dessous. Voyez les articles suivans.

Revers, (Art numismatiq.) c’est la face de la médaille qui est opposée à la tête ; mais comme c’est le côté de la médaille qu’il importe le plus de considérer, je me propose de le faire avec quelque étendue d’après les instructions du P. Jobert, embellies des notes de M. le baron de la Bastie.

Il est bon avant toutes choses de se rappeller que les médailles, ou plutôt les monnoies romaines, ont été assez long-tems non-seulement sans revers, mais encore sans aucune espece de marque. Le roi Servius Tullius fut le premier qui frappa de la monnoie de bronze, sur laquelle il fit graver la figure d’un bœuf, d’un bélier ou d’un porc ; & pour-lors on nomma cette monnoie pecunia, à pecude. Quand les Romains furent devenus maîtres de l’Italie, ils battirent de la monnoie d’argent sous le consulat de C. Fabius Pictor & de Q. Ogulnius Gallus, cinq ans devant la premiere punique ; la monnoie d’or ne se battit que 62 ans après.

La république étant florissante dans ces heureux

tems, on se mit à décorer les médailles & à les perfectionner.

La tête de Rome & des divinités succéda à celle de Janus, & les premiers revers furent tantôt Castor & Pollux à cheval, tantôt une Victoire poussant un char à deux ou à quatre chevaux, ce qui fit appeller les deniers romains, victoriati, bigati, quadrigati, selon leurs différens revers.

Bientôt après les maîtres de la monnoie commencerent à la marquer de leurs noms, à y mettre leurs qualités, & à y faire graver les monumens de leurs familles ; de sorte qu’on vit les médailles porter les marques des magistratures, des sacerdoces, des triomphes des grands, & même de quelques-unes de leurs actions les plus glorieuses. Telle est dans la famille Æmilia, M. Lepidus Pont. Max. Tutor Regis. Lépidus en habit de consul met la couronne sur la tête au jeune Ptolomée, que le roi son pere avoit laissé sous la tutelle du peuple romain ; & de l’autre côté, on voir la tête couronnée de tours de la ville d’Alexandrie, capitale du royaume, où se fit la cerémonie, Alexandrea. Telle, dans la même famille, est la médaille où le jeune Lépidus est représenté à cheval, portant un trophée avec cette in cription : M. Lepidus annorum XV. prætextatus, hostem occidit, civem servavit. Telle dans la famille Julia, celle de Jules-César, qui n’étant encore que particulier & n’osant faire graver la tête, se contenta de mettre d’un côté un éléphant avec le mot Cæsar : mot équivoque, qui marquoit également & le nom de cet animal en langue punique, & le surnom que Jules portoit sur le revers ; en qualité d’augure & de pontife, il fit graver les symboles de ces dignités ; savoir le sympule, le goupillon, la hache des victimes & le bonnet pontifical : ainsi sur celle où l’on voit la tête de Cérès, il y a le bâton augural & le vase. Telle enfin dans la famille Aquilia, la médaille, où par les soins d’un III. Vir monnétaire de ses descendans, M. Aquilius qui défit en Sicile les esclaves révoltés, est représenté revêtu de ses armes, le bouclier au bras, foulant aux piés un esclave, avec ce mot Sicilia.

Voilà comme les médailles devinrent non-seulement considérables pour leur valeur en qualité de monnoies, mais curieuses pour les monumens dont elles étoient les dépositaires, jusqu’à ce que Jules César s’étant rendu maître absolu de la république sous le nom de dictateur perpétuel, on lui donna toutes les marques de grandeur & de pouvoir, & entre autres le privilege de marquer la monnoie de sa tête & de son nom, & de tel revers que bon lui sembleroit. Ainsi les médailles furent dans la suite chargées de tout ce que l’ambition d’une part & la flatterie de l’autre furent capables d’inventer, pour immortaliser les princes bons & méchans. C’est ce qui les rend aujourd’hui précieuses, parce que l’on y trouve mille évenemens dont l’histoire souvent n’a point conservé la mémoire, & qu’elle est obligée d’emprunter de ces témoins, auxquels elle rend témoignage à son tour sur les faits que l’on ne peut démêler que par les lumieres qu’elle fournit. Ainsi nous n’aurions jamais su que le fils qu’Antonin avoit eu de Faustine eût été nommé Marcus Annius Galerius Antoninus, si nous n’avions une médaille greque de cette princesse Θεα Φαυστεινα, & au revers la tête d’un enfant de dix à douze ans. Μ. ΑΝΝΙΟϹ ΓΑΛΕΡΙΟϹ ΑΝΤΟΝΙΝΟϹ ΑΥΤΟΚΡΑΤΩΡΟϹ ΑΝΤΩΝΙΝΟΥ ΥΙΟϹ. Qui sauroit qu’il y a eu un tyran nommé Pacatianus, sans la belle médaille d’argent du cabinet du P. Chamillard, qui est peut-être le seul Pacatianus ? Qui sauroit que Barbia a été femme d’Alexandre Sévere, & Etruscille femme de Décius, & non pas de Volusien, & cent autres choses semblables, dont on est redevable à la curiosité des antiquaires ?

Pour faire connoître aux curieux qui commen-