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dité du colosse, placées & élevées dans l’intérieur, à mesure qu’il se formoit, ont suivi les parties quand elles ont été renversées ; d’ailleurs ce plomb dont parle Plutarque dans l’endroit cité plus haut, ne peut être que la soudure nécessaire à la réunion des parties.

Pour suivre la destinée du colosse, depuis ce que Pline nous en a conservé, on convient à-peu-près du tems où les Arabes en enleverent les débris après avoir pris Rhodes. Ce fut Mabias (Moavias) leur général qui fit cette expédition, l’année du califat d’Othman, quatrieme calife, & la seconde de l’empereur Constans, l’an de J. C. 672. ce qui fait près de neuf cens ans, depuis que le tremblement de terre l’avoit renversé ; ceux qui comptent mil trois cens & tant, se trompent grossierement. Tous les auteurs conviennent qu’il fallut neuf cens chameaux pour transporter ces débris. Scaliger estime la charge d’un chameau à huit cens livres ; le poids du tout se montoit à sept cens vingt mille livres.

On vient de prouver que le colosse n’étoit point placé sur le port, les jambes écartées, & que cette erreur ne peut être imputée qu’aux modernes ; mais d’autres anciens en assez grand nombre, sont tombés dans une autre. Ils ont cru que les Rhodiens depuis l’érection du colosse, avoient été appellés colossiens ; c’est ce que disent Cédrenus, Glycas, Maléla, Eustate, Suidas, suivis de quelques modernes, Marius Niger, Porcacci, Pinedo, Daper même, qui nous a donné une assez bonne description de Rhodes, où, entr’autres choses, il remarque que le colosse avoit été placé dans l’ancienne ville de Rhodes, de même que les autres colosses dont Pline fait mention, & non pas dans le port de la nouvelle ville, qui a été bâtie longtems après. Au reste, Erasme est le premier qui ait réfute les Colossiens de Rhodes ; il fait voir qu’on les a ridiculement confondus (ce qu’avoit fait Pline) avec les Colossiens à qui saint Paul écrit.

Après avoir rapporté des erreurs sur le fait, il y en auroit bien d’autres à remarquer. Festus dit : Colossus à caleto à quo formatus est, dictus. Caletus est manifestement la corruption de Charès. Sur quoi l’on pourroit observer que le P. Hardouin, pour confirmer la leçon de Charès, rapporte ailleurs le nom du même Charès, quoique ce soit celui d’un général athenien. Un autre auteur appelle l’artiste Colossus, donnant à l’ouvrage le nom de l’artiste.

Cassiodore dit, que sous le septieme consulat de Vespasien, fut élevé le colosse de cent sept piés. Brodeau a copié cette erreur, & l’a même approuvée, en ajoutant le mot de Rhodus. Vespasiani principatu, dit-il, factus est Rhodi colossus habens altitudine pedes 107.

Cassidore & Brodeau ont confondu grossierement avec le colosse de Rhodes, le colosse de Néron, fait par Zénodore, sur lequel Vespasien substitua la tête du Soleil à celle de Néron ; ainsi que Commode substitua ensuite la sienne à celle du Soleil. (D. J.)

RHODIA, (Géog. mod.) petite ville d’Italie, au royaume de Naples, dans la Capitanate, sur la côte du golfe de Venise, à l’orient septentrional du lac de Varano. On croit que c’est la ville Hyrium ou Hyria des anciens. (D. J.)

RHODIEN, le droit, (Jurisprud. rom.) jus rhodium, c’est ainsi qu’on appelle le code de lois de l’île de Rhodes par rapport aux naufrages, & aux autres événemens fortuits de la navigation. Les lois des Rhodiens en ce genre, étant fondées sur l’équité naturelle, furent généralement observées dans la Méditerranée. Rome en reconnut l’autorité ; car on voit que du tems de Jules César & d’Auguste, les jurisconsultes Servius, Ofilius, Labeo & Sabinus, les adopterent dans les mêmes cas, surtout par rapport à l’article du jet des marchandises sur les côtes, de

jactu mercium. On sait aussi que les empereurs Claude, Vespasien, Trajan, Hadrien & Antonin, confirmerent les mêmes lois des Rhodiens, & qu’ils ordonnerent qu’on décidat tous les cas du commerce maritime selon ces lois. Il nous reste un fragment grec, narrationes de legum Rhodiarum confirmatione, qui se trouve à la tête des leges nauticæ. Simon Schardius le fit imprimer in-8°. à Bâle, en 1561, & Marquard Freher le publia dans le second tome de son jus græco romanum, imprimé à Heidelberg, en 1599, in-fol. Voyez Jacques Godefroy, Dissert. de imperio maris ; & Grotius, in Floribus ad jus Justinianum. (D. J.)

RHODIOLA, s. f. (Botan.) nom donné par Linnæus au genre de plante que les autres botanistes appellent communément rhodia ; en voici les caracteres. Les fleurs sont les unes hermaphrodites, servant de fleurs mâles, & les autres simplement femelles. Dans la fleur mâle le calice est concave, droit, partagé en quatre segmens obtus, & subsiste après que les pétales sont tombés. Cette fleur est composée de quatre pétales oblongs, obtus, droits, ouverts, & deux fois aussi longs que les segmens du calice : ils tombent en s’épanouissant. Ils ont quatre nectaria pour couronne, lesquelles sont un peu plus courts que le calice. Les étamines sont à huit filets pointus plus longs que les pétales de la fleur ; leurs bossettes sont simples. Le pistil a quatre germes oblongs & pointus, les stiles & stigmates sont très-imparfaits ; le fruit qui leur succede est stérile.

Dans la fleur femelle, le calice est le même que dans la fleur mâle. Cette fleur est composée de quatre pétales rudes, droits, obtus, grands comme les segmens du calice, & ils subsistent. Les nectaria ou les parties de la couronne de la fleur femelle, ne different point de ceux de la fleur mâle. Le pistil a quatre germes oblongs & pointus qui forment autant de stiles couronnés par des stigmates obtus. Le fruit consiste en quatre capsules tournées, corniculaires, univalves, applaties intérieurement, & s’ouvrant dans cette partie. Ces capsules contiennent plusieurs semences de forme ronde. Limaei, gen. plant. p. 498. (D. J.)

RHODIORUM Colonia, (Géogr. anc.) ville de l’Asie mineure, dans la Lycie, selon Niger, qui dit qu’on la nomme présentement Machri. Ortelius croit que par Rhodiorum colonia, Niger entend la ville appellée Rhodia par Strabon, & par Ptolomée ; Rhodopolis par Pline ; & Rhodiorum castellum par Appien, l. IV. Civil. (D. J.)

RHODITES ou ROSOITES, s. f. (Hist. naturelle Litholog.) nom donné à une pierre à cause de sa forme, qui ressemble à celle de la rose. Il y a lieu de croire qu’on a voulu désigner par-là une astroïte, ou une empreinte d’astroïte.

RHODIUM numisma, (Art numis.) nom donné par quelques antiquaires à deux médailles d’argent, dont l’une se conserve dans le trésor de l’église Sainte Croix, à Rome, & l’autre dans celui de Saint Jean de Latran, à Paris. Cette monnoie porte pour inscription Rhodion, avec une rose d’un côté, & de l’autre la tête du Soleil ; mais ces deux médailles ne sont pas uniques, car Goltzius en a fait graver de semblables qu’il a eues entre les mains. (D. J.)

RHODIUS, (Géog. anc.) fleuve de la Troade. Il avoit sa source au mont Ida, selon Homere, Iliad. v. 20. Pline, l. V. ch. xxx. dit qu’on ne voyoit aucune trace de ce fleuve de son tems ; cependant Hesychius le connoît, & lui donne le nom de Dardanus.

RHODIX, RHADIX, plante. Voyez Orpin-rose.

RHODOMELON, s. m. (Mat. méd. anc.) ῥοδόμηλον, confection de roses, de coins & de miel, dont les anciens faisoient usage en plusieurs cas, comme d’un astringent, & détergent agréable. (D. J.)