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avoient formé ; & tout concourut à relever la puissance abbatue du saint siege jusqu’au tems de la révolution qui lui a fait perdre les plus beaux fleurons de sa couronne. (Le chevalier de Jaucourt.) »

Rome, déesse, (Mythol. Littér. Inscript. Médaill.) les anciens non-contens de personnifier plusieurs de leurs villes, & de les peindre sous une figure humaine, leur attribuerent encore des honneurs divins ; mais entre les villes qu’on a ainsi vénérées, il n’y en a point dont le culte ait été si grand & si étendu que celui de la déesse Rome.

On la peignoit ordinairement ressemblante à Pallas, assise sur un roc, ayant des trophées d’armes à ses piés, la tête couverte d’un casque, & une pique à la main. On lui donnoit un air jeune, pour marquer que Rome étoit toujours dans la vigueur de la jeunesse ; on la représentoit avec un habit long, pour montrer qu’elle étoit également prête à la paix & à la guerre ; quelquefois au-lieu d’une pique, elle tient une victoire, symbole convenable à celle qui avoit vaincu tous les peuples de la terre connus.

Les figures de la déesse Rome sont assez souvent accompagnées d’autres types qui la représentoient ; telle étoit l’histoire de Rhéa-Sylvia, la naissance de Remus & de Romulus, leur exposition sur le bord du Tibre, le berger Faustulus qui les nourrit, la louve qui les alaite, le lupercal ou la grotte dans laquelle la louve en prit soin.

On bâtit des temples à la déesse Rome, on lui éleva des autels non-seulement dans la capitale, mais dans la plûpart des villes de l’empire. Abenda, ville de Carie, montra la premiere l’exemple, selon Tite-Live, liv. XLIII. ch. vj. & cet exemple fut imité à Smyrne, à Nicée, à Ephese, à Melasse, à Pola, ville de l’Istrie, & ailleurs, où le culte de cette déesse étoit aussi célebre que celui d’aucune autre divinité. On n’entreprenoit point de long voyage sans brûler de l’encens à sa gloire, & sans lui adresser des vaux ; enfin, les moindres titres de la flatterie, dont on cajolla cette prétendue déesse, étoit Roma victrix, Rome victorieuse ; Roma invicta, Rome invincible ; Roma sacra, Rome sacrée ; Roma æterna, Rome éternelle.

Auguste vit avec plaisir qu’on consacra des temples à lui Auguste ; il étoit trop vain pour n’être pas touché de cet honneur ; mais en politique adroit, il voulut qu’on le joignît dans la consécration des temples à la déesse Rome. On dit qu’on voit encore en France, à l’entrée de la ville de Saintes, au milieu du pont sur la Charente, un monument qui entr’autres inscriptions en a conservé une dans laquelle il est dit que celui qui le dédioit étoit un prêtre attaché au service de la déesse Rome & d’Auguste.

On trouve souvent la tête de la déesse Rome représentée comme Pallas dans les médailles consulaires, & dans quelques médailles grecques. On la trouve aussi jointe avec celle du sénat, représenté en vieillard, parce qu’il étoit composé de gens d’un âge mûr. Les titres qui accompagnent les têtes de Rome & du sénat, dans les médailles grecques, sont θεὰ Ῥώμη, la déesse de Rome, & θεὸς συγκλήτου, le dieu du sénat, ou ἱερὰ σύγκλητος, le sacré sénat.

Les médailles de Maxence représentent Rome éternelle assise sur des enseignes militaires, armée d’un casque, tenant d’une main son sceptre, & de l’autre un globe qu’elle présente à l’empereur couronné de laurier, pour lui dire qu’il étoit le maitre & le conservateur de tout le monde, avec cette inscription, conservatori urbis æternæ.

Les médailles de Vespasien nous font voir Rome ayant le casque en tête, & couchée sur sept montagnes, tenant son sceptre, & ayant à ses piés le Tibre, sous la figure d’un vieillard.

Enfin par les médailles d’Adrien, Rome tient un rameau de laurier de la main gauche, & de la droite la victoire sur un globe, comme étant victorieuse de tout l’univers. (D. J.)

Rome, au jeu du Romestecq, ce sont deux valets, deux dix, ou deux neufs, ou deux autres cartes d’une même espece ; elle ne vaut qu’un point à celui qui l’a.

Rome, double rome, au jeu du Romestecq, se dit lorsqu’on a deux as, ou deux rois en main, elle vaut deux points ; & lorsque les deux as ou les deux rois ne sont pas grugés, elle en vaut quatre.

ROMELLE, la, (Géog. mod.) petite riviere des Pays-Bas, qui court depuis Rumpst jusqu’à Rupelmonde, où elle tombe dans l’Escaut. (D. J.)

ROMES, s. m. pl. (basse Lisserie.) ce sont les deux principales pieces qui composent le métier où se fabrique la basse-lisse. Ces pieces sont des deux côtés du métier, & portent à leur extrémité les deux ensuples, sur l’une desquelles se roule la chaîne & sur l’autre l’ouvrage. C’est aussi aux romes que tient le camperche, ou barre de bois qui portent les sautereaux, où sont attachées à des mentonnieres les cordes qui servent à serrer le dessein contre la chaîne. Dict. de Comm. (D. J.)

ROMESTECQ, (jeu du) ce jeu qui ne laisse pas d’avoir ses difficultés, est ainsi nommé de rome & de stecq, deux termes usités dans le jeu. Voyez Rome & Stecq.

Les cartes avec lesquelles on joue ce jeu sont au nombre de trente-six, c’est-à-dire, depuis les trois jusqu’au six. On y peut jouer deux, quatre ou six personnes. On voit qui sera ensemble ; & si l’on est six, le joueur du milieu prend les cartes & les donne à couper à celui du milieu de l’autre côté pour voir à qui fera. Celui qui tire peut faire, ou ordonner à l’autre, selon qu’on est convenu. Il y en a qui prétendent que c’est un avantage de faire à six. Si l’on ne joue que quatre, celui qui coupe la plus belle carte donne. Il y a pour lors beaucoup d’avantage pour celui qui joue le premier ; ce qui arrive en ce cas, puisque celui qui est à la droite de celui qui mêle est son compagnon avec lequel il communique le jeu.

Et celui qui ne fait point marque ordinairement le jeu avec des jetons, une plume ou du crayon.

La partie est ordinairement de trente-six points lorsqu’on joue six ; & à deux ou quatre, elle est de vingt-un, quoique cela dépende proprement de la volonté de celui qui joue, comme de fixer la partie.

Celui qui doit mêler, après avoir fait couper à sa gauche, donne à chaque joueur cinq cartes, par deux fois deux, ou par tel autre nombre, pourvu qu’il observe de toujours donner de même dans tout le reste de la partie. Il n’y a point de triomphe à ce jeu, & le talon reste sur la table sans qu’on y touche.

Il faut observer que l’as est la meilleure carte du jeu, levant même le roi ; le reste des cartes vaut à l’ordinaire. Mais pour qu’une carte supérieure en leve une inférieure, il faut qu’elle soit de la même couleur ; car autrement l’inférieure jettée la premiere leve la supérieure en une autre couleur. Quant aux jeux différens, les voici selon leur plus grande valeur. Le vilique, le double ningre, le triche, le village, la double rome, la rome & le stecq.

Il faut remarquer que quelque carte qu’on joue, si elle fait parité d’un jeu quelconque, qui peut arriver au romestecq, elle doit être nommée par son nom propre, c’est-à-dire qu’en la jouant, il faut toujours dire double-ningre, ou piece de ningre ; en jouant une de la double-rome, piece de la double-rome, de triche, & de village : car autrement celui qui auroit effacé sans l’avoir nommée, perdroit la partie. Ainsi, en jettant les deux dames & les deux valets, qui font le village,