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la divise en deux loges ; cette silique renferme des semences qui sont le plus souvent arrondies. Ajoutez aux caracteres de ce genre la saveur qui lui est particuliere. Tournefort, I. R. H. Voyez Plante.

Entre les huit especes de ce genre de plante établies par Tournefort, nous parlerons de la commune cultivée, & de la sauvage ; la cultivée, eruca latifolia, alba, sativa, I. R. H. 227. se nomme en anglois, the broad-laucd, flower’d-garden-rockett.

Sa racine est blanche, ligneuse, menue, vivace, d’une saveur âcre. Ses tiges sont hautes d’une coudée, ou d’une coudée & demie, un peu velues. Ses feuilles sont semblables à celles de la moutarde, blanches, longues, étroites, découpées profondement des deux côtés, tendres, lisses, de même saveur que la racine. Ses fleurs naissent au sommet des tiges ; elles sont en croix, composées de quatre pétales, d’un jaune tirant sur le blanc, marquées de raies noirâtres, renfermées dans un calice velu, d’où sort un pistil qui se change en une silique semblable à celle de la moutarde ; mais plus longue, portée sur un pédicule court, & partagée en deux loges par une cloison mitoyenne, à laquelle sont attachés des panneaux des deux côtés, remplies de plusieurs graines jaunes, plus grosses que celle de la moutarde, & moins rondes. L’odeur de cette plante est forte désagréable, aussi-bien que sa saveur.

La roquette sauvage, eruca sylvestris, tenuifolia, perennis, flore luteo, I. R. H. 227. a la racine blanche, épaisse, assez longue. Ses tiges sont nombreuses, creusées, cannelées, un peu velues, divisées en plusieurs rameaux. Ses feuilles sont découpées plus encore que celles de la dent de-lion, d’un verd foncé, lisses, d’une saveur brûlante ; ses fleurs sont semblables à celles de la roquette cultivée de couleur jaune & odorante. Il leur succede des siliques longues, anguleuses, remplies de graines semblables à celles de la roquette cultivée, âcres & un peu ameres. Toute cette plante a une odeur fétide. Elle abonde en Syrie & à Tripoli, où l’on brûle ses cendres qui servent à faire du savon & du verre, comme celles du kali. (D. J.)

Roquette, (Diet. & Mat. méd.) roquette des jardins, & roquette sauvage ; l’odeur & la saveur de la roquette des jardins est plus douce, & sa vertu est plus foible ; c’est pourquoi on la mêle souvent dans les alimens, & principalement dans ce qu’on appelle à Paris la fourniture des salades de laitue.

Les anciens regardoient la nature de ces deux plantes comme directement opposée ; c’est pourquoi ils avoient coutume de les manger mêlées ensemble pour tempérer la froideur de l’une par la chaleur de l’autre. La roquette sauvage vaut mieux pour faire des remedes. Ce ne sont que les feuilles qui sont en usage.

La roquette porte à l’amour. Cette propriété lui a été dès-long-tems attribuée par les médecins, & reconnue par tout le monde. Les anciens poëtes qui ne rapportent guere en ce genre que les notions les plus vulgaires, ont chanté cette propriété de la roquette. Ovide appelle les roquettes salaces. Martial a dit : Venerem revocans eruca morantem ; & Columele : Excitat ad Venerem tardos eruca maritos.

La roquette est de la classe des plantes cruciferes de Tournefort, qui contiennent toutes plus ou moins d’alkali volatil spontané ou libre, & qui sont appellées anti-scorbutiques par excellence. La roquette remplit un des genres de cette classe, qu’on peut regarder comme moyens ou tempérés relativement à la quantité de ce principe volatil. Elle vient après le cochlearia, la moutarde, le raifort sauvage, la passe-rage & les cressons. Elle est beaucoup plus vive que l’herbe de rave, de navet, &c. Voyez tous ces articles. Ce que nous avons observé des propriétés & des

usages du cochlearia & du cresson, qui sont les plus usuels des plantes cruciferes, & le rapport de ces plantes avec la roquette, quant à leur degré respectif d’activité, que nous venons de noter ; ces choses, dis-je, doivent suffire pour déterminer les usages & les propriétés de la roquette.

La semence de roquette entre dans l’eau anti-scorbutique de la pharmacopée de Paris, dans l’électuaire de satyrion de Charas, & dans les tablettes de magnanimité du même auteur. (b)

Roquette a avanceur, (Tireur d’or.) est une sorte de bobine sur laquelle l’avanceur dévide le fil qu’il a tiré.

ROQUEVAIRE, (Géog. mod.) en latin rupes-Varia, rocher de Varus ; petite ville de France, en Provence, sur la Veaune, à 3 lieues au nord-est de Marseille, & à 4 d’Aix.

ROQUILLE, s. f. (mesure des liquides.) petite mesure des liqueurs, à laquelle on donne aussi le nom de poisson ou posson. C’est la moitié d’un demi-setier, ou le quart d’une chopine de paris. Dict. de Comm.

Roquilles, en terme de Confiseur, c’est une sorte de confiture faite d’écorce d’oranges tournées, fort déliées, observant de leur donner le plus de longueur qu’il se peut. On appelle encore cette espece de confiture tournures. Voyez Tourner.

RORIFERE, canal, (Anat.) comme qui diroit canal d’où découle goutte-à-goutte de la rosée ; est un nom par lequel quelques auteurs désignent le canal thorachique ; parce que ce n’est en effet que goutte à-goutte & par une espece de distillation qu’il porte le chyle dans la masse du sang. Voyez Thorachique.

ROS, (Géog. mod.) riviere de Pologne, dans l’Ukranie. Elle a sa source au palatinat de Braclaw, arrose celui de Kiovie, & se jette dans le Borystene, près de Kaniow. (D. J.)

ROSACE, s. f. ou Roson, (Archit.) grande rose susceptible de différentes figures, & dont on orne & remplit les caisses des compartimens de voûtes, plafonds, &c.

ROSAIRE, s. m. (Théol.) chapelet en usage dans l’Eglise romaine, lequel contient quinze dixaines d’Ave maria, dont chacune commence par un Pater, & qu’on récite en l’honneur des différens mysteres de Jesus-Christ où la Sainte-Vierge a eu part.

Quelques auteurs attribuent l’origine du rosaire à saint Dominique. Mais dom Luc d’Achery prouve qu’il étoit en usage dès l’an 1100, & que saint Dominique ne fit que le mettre en honneur. D’autres l’attribuent à Paul, abbé du mont Phermé en Lybie, contemporain de saint Antoine ; d’autres à saint Benoît, quelques-uns au vénérable Bede ; & Polydore Virgile raconte que Pierre l’hermite voulant disposer les peuples à la croisade, sous Urbin II. en 1096, leur enseignoit le pseautier laïque composé de plusieurs Pater & de 150 ave, de même que le pseautier ecclésiastique est composé de cent cinquante pseaumes, & qu’il avoit appris cette pratique des solitaires de la Palestine. On a trouvé dans le tombeau de sainte Gertrude de Nivelle, décédée en 667, & dans celui de saint Norbert, décédé en 1134, des grains enfilés qui paroissent être des restes de chapelets.

Mais tous ces faits, pour la plûpart incertains, n’empêchent point de croire qu’on doit à saint Dominique cette maniere de prier, qui, selon les regles qu’il en a prescrites, applique l’esprit aux principaux mysteres de notre religion, & est extrèmement utile à ceux qui ne savent pas lire pour les diriger dans leur dévotion. On n’est pas d’accord sur l’année où saint Dominique institua le rosaire ; quelques-uns veulent que ç’ait été en 1208, pendant qu’il prêchoit contre les Albigeoîs ; d’autres prétendent qu’il l’institua dans le cours des missions qu’il fit en Espagne, avant que de passer en France.