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même nom dans tous ces endroits, il y est néanmoins bien différent par sa pesanteur ; par exemple, le rotolo de Sicile pese une livre & demie de Paris ; le rotolo portugais est égal à treize onces un gros de Paris ; au Caire cent dix rotoli sont cent huit livres de Marseille. Savary. (D. J.)

ROTONDE, s. f. (Architect.) bâtiment rond par dedans & par le dehors, soit une église, un sallon, un vestibule, &c. La plus fameuse rotonde de l’antiquité est le panthéon de Rome, dont Desgodets, dans ses édifices antiques, Palladio, Serlio, & Blondel, dans leur architecture, ont donné la description. Voyez Rotonde, Archit. rom.

La chapelle de l’Escurial, qui est la sépulture des rois d’Espagne, est appellée à l’imitation de ce bâtiment le panthéon, parce qu’elle est bâtie en rotonde ; la chapelle des Valois à saint Denis, étoit encore une rotonde, de même que l’église de l’Assomption à Paris. (D. J.)

Rotonde la, (Archit. rom.) nom moderne de l’ancien panthéon bâti sous Auguste, par Agrippa son gendre, à l’honneur de tous les dieux ; Boniface IV. en fit une église, qu’il consacra à la sainte Vierge, & à tous les martyrs.

C’est un bâtiment qui a autant de largeur que de profondeur : il porte 158 piés en tout sens ; il est sans fenêtres & sans piliers, & il ne reçoit de jour que par une ouverture pratiquée au milieu de la voûte ; cependant il est fort éclairé. On monte au toît par un escalier de 150 marches ; & de-là jusqu’au faîte, il y a encore 40 marches. Voici la description qu’en fait Palladio, & qu’il a accompagnée de plusieurs plans qu’on trouve dans son quatrieme livre.

De tous les temples qu’on voit à Rome, dit-il, il n’y en a point de plus célebre que le panthéon, communément nommé la rotonde, ni qui soit resté plus entier, puisqu’il est encore aujourd’hui, au-moins quant à la carcasse, presque au même état où il a toujours été ; mais on l’a dépouillé de la plûpart de ses ornemens, & par conséquent des excellentes statues dont il étoit rempli.

Sa rondeur est tellement compassée, que la hauteur depuis le pavé jusqu’à l’ouverture qui lui donné le jour, est égale à sa hauteur prise diamétralement d’un côté du mur à l’autre. Quoiqu’à présent on descende par quelques marches dans ce temple, cependant il est vraissemblable qu’on y montoit par quelques degrés.

Tout ce temple est d’ordre corinthien, tant par-dehors que par-dedans ; la base des colonnes est composée de l’attique & de l’ionique ; les chapiteaux sont de feuilles d’olive ; les architraves, frise, & corniches, ont de très-belles moulures, & peu chargées d’ornemens. Dans l’épaisseur du gros mur qui fait l’enceinte du temple, il y a de certains espaces vuides pratiqués exprès tant pour épargner la dépense, que pour diminuer le choc des tremblemens de terre.

Ce temple a en face un très-beau portique, dans la frise duquel on lit les mots suivans :

M. Agrippa L. F. Cos. Tertium fecit.

Au-dessus de l’architrave, on lit une autre inscription en plus petits caracteres, qui fait connoître que les empereurs Septime, Severe, & Marc-Aurele, réparerent les ruines de ce temple.

Le dedans du temple est divisé en sept chapelles avec des niches pratiquées dans l’épaisseur du mur, & qui, selon les apparences, contenoient autant de statues. Plusieurs croient que la chapelle du milieu, qui est vis-à-vis l’entrée du temple, n’est pas antique, parce que son fronton entrecoupe quelques colonnes du second ordre ; ils ajoutent pour appuyer leurs sentimens, que sous le pontificat de Boniface,

qui dédia ce temple au culte du vrai Dieu, il fut orné conformément à l’usage des Chrétiens, qui ont toujours un autel principal dans l’endroit le plus apparent de leurs églises. Néanmoins considérant la grande maniere de cet autel, l’harmonie que ses parties font avec le reste de l’édifice, l’excellent travail de tous les membres qui le composent, Palladio ne doute point qu’il ne soit aussi ancien que tout le reste. Cette chapelle a deux colonnes, une de chaque côté, qui sont hors d’œuvre, & ont une cannelure toute particuliere ; car l’espace qui sépare chaque cannelure, est enrichi de petits tondins fort proprement travaillés.

Les escaliers qui sont aux deux côtés de l’entrée, conduisent sur les chapelles par des petits corridors secrets, qui regnent tout au-tour du toît, & montent jusqu’au sommet de l’édifice. Palladio. (D. J.)

Rotonde, (Hist. des Modes.) c’étoit un collet empesé que les hommes portoient en France dans le dernier siecle, & qui étoit monté sur du carton pour le tenir en état. (D. J.)

ROTONDITÉ, s. f. en Physique ; il se dit quelquefois au lieu de sphéricité ou rondeur. Voyez Sphéricité.

ROTTA, (Géog. mod.) Roja, selon M. de Lisle, riviere d’Italie, dans le Piémont, au comté de Nice ; elle a sa source dans les montagnes du comté de Tende ; mouille la ville de ce nom, traverse la partie orientale du comté de Nice, & se jette dans la mer de Gènes, à Vintimiglia : cette riviere est la Rituba des anciens. (D. J.)

ROTTE, s. f. (Poids du Levant.) ce poids d’usage au Levant, est plus ou moins fort, suivant les lieux où l’on s’en sert. Les cent rottes de Constantinople & de Smyrne, font cent quatorze livres de Paris, d’Amsterdam, de Strasbourg, & de Besançon, les poids de ces quatre villes étant égaux. Savary. (D. J.)

ROTULE, s. f. en Anatomie, est un os qui couvre la partie antérieure de la jointure du genou.

La rotule est arrondie en-dehors, à-peu-près de la figure d’un écu, couverte d’un cartilage uni, & d’environ deux pouces de diametre ; les tendons des muscles qui servent à étendre la jambe, glissent dessus comme sur une poulie.

Mais son usage le plus immédiat est d’empêcher la jambe de ployer en-avant en s’étendant : & c’est un cas qui arriveroit nécessairement dans cette articulation, si cet os comme un appui ne tenoit la jambe en respect quand elle roule en-avant ; de même que l’olécrane empêche le coude de ployer en-arriere. Voyez Olécrane.

Dans la posture droite quand un pié est étendu en-avant, tout le poids du corps porte sur la rotule, qui dans cette situation, empêche le genou de se renverser en-arriere, & de trop tendre les muscles qui l’arrêtent derriere. C’est de là que le lutteur de Galien, qui avoit la rotule disloquée, avoit tant de peine à descendre la montagne.

Un célebre anatomiste considere la rotule par rapport au tibia, comme l’olécrane par rapport au cubitus ; il pense que ces deux éminences ont les mêmes usages à l’égard des muscles extenseurs de l’avant-bras, & de ceux de la jambe, c’est-à-dire, qu’elles en augmentent la force, & les garantissent de la compression à laquelle ils eussent été exposés, sans leurs secours : on doit ajoûter que l’olécrane sert encore à affermir l’articulation du cubitus avec l’humerus ; car personne n’ignore que ce ne soit cette éminence du cubitus qui empêche l’avant-bras de se plier en-arriere ; au lieu que la jambe n’est empêchée de se plier en-devant, que par la situation particuliere de ses ligamens latéraux ; c’est aussi pour ces usages différens que l’olécrane ne fait qu’une seule &