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ressemblent à des piquures de mouche ; mais ils sont plus épais, plus rouges, & plus enflammés que ceux de la petite vérole ; ils disparoissent quatre à cinq jours après ; dans leur plus haut point ils ne sont pas plus gros que des têtes d’épingle.

La rougeole est plus fâcheuse que dangereuse ; néanmoins elle tend souvent à la consomption, par le moyen de la toux qu’elle laisse après elle.

Rougeole, (Médec.) Il arrive quelquefois que la rougeole devient épidémique dans un pays, & même y cause de très-grands ravages. Cette maladie fit périr à Paris, en 1712, dans moins d’un mois, plus de cinq cent personnes. Elle emporta entr’autres M. le duc de Bourgogne, sa femme & son fils. Cette rougeole maligne parcourut toute la France, vint en Lorraine, & coucha dans le tombeau les aînés du duc de Lorraine, François, destiné à être un jour empereur, & à relever la maison d’Autriche. (D. J.)

ROUGE QUEUE de Bengale, s. m. (Hist. nat. Ornithol.) lanius bengalis fuscus ; oiseau qui a le dessus & le derriere de la tête noirs ; la face supérieure du cou, le dos, le croupion, les plumes du dessus de la queue, celles de la face supérieure des aîles & les plumes des épaules sont brunes ; il y a de chaque côté de la tête, au-dessous des yeux, une tache d’un beau rouge vif, terminée par du blanc en-dessous ; il y a aussi de chaque côté du cou quatre taches noires en arcs de cercle, qui sont plus petites à mesure qu’elles se trouvent plus près du corps ; la gorge, la face inférieure du cou, la poitrine, la partie antérieure du ventre, les côtés du corps, & les jambes, ont une couleur blanche ; les plumes du bas-ventre & celles du dessous de la queue sont rouges ; c’est ce qui a fait donner le nom de rouge-queue à cet oiseau ; les plumes des aîles sont brunes, la queue est composée de douze plumes d’un brun plus clair que les plumes des aîles ; le bec est d’une couleur cendrée foncée ; il y a vers les coins de la bouche, & au-dessus des narines, de longs poils noirs, dirigés en avant, & roides comme des soies. On trouve cet oiseau dans le royaume de Bengale ; on lui a aussi donné le nom de Pie-griesche de Bengale. Ornit. de M. Brisson, tom. II. Voyez Oiseau.

Rouge-queue de la Chine, oiseau de la grosseur de la linote rouge ; il a le bec épais, court & brun, & l’iris des yeux blanc ; la tête & le derriere du cou sont d’un beau pourpre bleuâtre ; le dos est verd ; les plumes des épaules & les petites des aîles ont une couleur jaune verdâtre ; les grandes plumes extérieures des aîles, sont d’un rouge sombre & pourpré, les autres ont une couleur rouge mêlée de verd ; la gorge, la poitrine, le ventre & les cuisses sont d’un très-beau rouge, couleur d’écarlate ; la queue est composée de douze plumes, toutes d’un rouge sombre ; les piés sont jaunes. On trouve cet oiseau à la Chine. Hist. nat. des oiseaux, par Derham, tom. III. Voyez Oiseau.

Grande Rouge-queue, oiseau de la grandeur de l’étourneau ; il a neuf pouces & demi de longueur, depuis la pointe du bec jusqu’au bout des ongles, & un pié deux pouces d’envergure ; le bec est noir, il ressemble à celui de l’étourneau, & il a plus d’un pouce de longueur ; la piece du dessus est un peu crochue, plus longue & plus pointue que la piece du dessous ; le dedans de la bouche a une couleur jaune, & la langue est un peu fendue à son extrémité ; les piés ont une couleur cendrée, & les ongles sont noirs ; la plante des piés est jaune ; les couleurs de cet oiseau sont du gris, du noir & du jaune disposés par taches ; la queue est courte & n’a guere plus de trois pouces de longueur ; elle est composée de douze plumes, toutes également longues, & d’un beau jaune éclatant, excepté les deux du milieu & le bord extérieur des autres dont le jaune est obscur. Hist. nat.

des oiseaux, par Derham, tom. III. Voyez Oiseau.

ROUGET, MORRUDE, MOURRE, GALLINE, RONDELLE, ORGANO, COCCHOU, s. m. (Hist nat. Ichthiol.) cuculus, poisson de mer qui ressemble beaucoup au poisson volant, mais qui en différe par les nageoires, par la bouche, & par les écailles ; le rouget a le ventre blanc & tout le reste du corps rouge ; la tête est grosse, & la partie antérieure se termine par deux aiguillons courts ; il y a aussi au-dessus des yeux deux petites pointes, & les couvertures des ouies ont plusieurs petits aiguillons. Ce poisson a de chaque côté du corps une bande longitudinale formée par des écailles, & sur le dos deux rangs d’écailles pointues qui laissent entr’eux une sorte de gouttiere où sont deux nageoires qui se dressent lorsque le poisson se dispose à nager. Le rouget a deux nageoires sur le dos, qui occupent toute sa longueur ; la premiere est la moins longue & la plus haute ; les premiers aiguillons de cette nageoire sont longs & pointus ; la seconde nageoire s’étend jusqu’à la queue, elle a des aiguillons plus petits que ceux de la premiere ; ce poisson a encore deux nageoires aux ouies, deux autres au ventre près de celles des ouies, & une derriere l’anus qui s’étend jusqu’à la queue ; il y a au devant des nageoires de la partie antérieure du ventre, des barbillons charnus qui sont pendans ; la chair de ce poisson est dure, seche & un peu gluante. Les Latins l’ont nommé cuculus, parce qu’il imite le chant du coucou Rondelet, hist. nat. des poissons, prem. part. liv. X. ch. ij. Voyez Poisson.

ROUGEUR, s. f. (Morale.) La rougeur, selon les physiologistes, est le passage prompt & libre du sang par les arteres, dans les vaisseaux cutanés du visage, où il s’arrête quelques momens avant que son retour se fasse par les veines. Les causes en sont différentes ; mais nous ne considérons ici la rougeur que comme affection & sentiment.

Pompée ne pouvoit s’empêcher de rougir toutes les fois qu’il paroissoit dans l’assemblée du peuple. Fabianus, celebre orateur, éprouvoit aussi la même chose quand le sénat l’appelloit dans une affaire en qualité de temoin ; ce n’étoit pas chez eux une foiblesse d’esprit, c’étoit un effet de surprise qu’ils ne pouvoient vaincre, car ce à quoi l’on n’est pas accoutumé, dit Séneque, frappe vivement les personnes qui ont de la disposition à rougir.

Quoique la rougeur soit en général un appanage de la décence & de la modestie, elle n’en est pas toujours une démonstration. Sempronia, cette femme d’une naissance illustre, qui entra dans la conjuration de Catilina, avoit une beauté incomparable, rehaussée par cette apparence de pudeur qui n’auroit jamais fait soupçonner le desordre de sa conduite, & les crimes dont elle étoit coupable.

Nous avons vû une célebre actrice à Londres, dont on ne soupçonnoit pas l’innocence, qui rougissoit quand elle vouloit, & qui avoit le même empire sur sa rougeur que sur ses larmes : mais la rougeur estimable est ce beau coloris produit par la pudeur, par l’innocence, & qu’un ancien nommoit spirituellement le vermillon de la vertu ; il la rend aussi toujours plus belle & plus piquante. Voyez comme Dryden en a fait la peinture, d’après une jeune dame dont il étoit amoureux.

A crimson blush her beauteous face o’crspread.
Varging her cheeks by turns with white aud red ;
The driving colours, never at a stay,
Run here and there, and flush and fare away ;
Delightful change ! thus indian iv’ry shows,
Wich with the bord’ring paint of purple glows,
Or lilly demask’d by the neighbouring rose.

Rougeur du visage, gutta rosacea, maladie cutanée. Cette rougeur accompagnée de boutons est